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Rebellion Touaregue : L’approche fructueuse du Mali

Publié le jeudi 11 septembre 2008 à 08h48min

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Les rébellions touarègues ne sont pas un phénomène nouveau au Mali. Dès son accession à l’indépendance, le pays de Modibo Keïta a dû faire face à des révoltes armées des tribus blanches (maures et touarègues) qui habitent le nord de son territoire. C’est au début des années soixante que les rébellions armées ont commencé à donner du fil à retordre aux différents gouvernements de la jeune république.

Les premières réponses ont été, comme il fallait s’y attendre, la répression. Le recours aux armes a atteint son point d’orgue en 1990, quand les jeunes Touaregs, qui s’étaient réfugiés en Libye où ils avaient reçu un entraînement militaire, sont revenus au Mali, sous la bannière de la légion islamique, pour faire valoir des revendications autonomistes et les appuyer par la force des armes. Dans la ligne définie pendant les années 62-64, le régime militaire du général Moussa Traoré choisit la solution de l’affrontement, de la réduction de la rébellion par la force. Cela eut pour effet d’exacerber les tensions ethniques au sein des populations qui avaient appris à vivre ensemble.

C’est lors de son premier passage au pouvoir que le président Amadou Toumani Touré a décidé de tenter de résoudre la crise par le dialogue. Bien entendu, le processus fut lent et complexe, alternant les succès et les échecs. D’accords conclus en accords rompus, le Mali s’efforça de gérer la crise en pariant sur la restauration de la confiance et la résolution des problèmes économiques et sociaux.

Dans ce cadre, le Mali associa les pays qui, à un titre ou à un autre, pouvaient contribuer à la recherche des voies et moyens pour le sortir pacifiquement de la crise. C’est ainsi que l’Algérie et la Libye, pays où les populations blanches maliennes se sont massivement réfugiées quand la crise était devenue aiguë, ont eu voix au chapitre dans les négociations entre le gouvernement et les différents groupes rebelles.

De même, la Mauritanie et la sous-région ouest-africaine dans son ensemble ont versé leur écot à la recherche laborieuse de la paix. C’est ce labeur diplomatique qui a abouti à la conclusion de l’accord d’Alger, le 4 juillet 2006, sous les auspices des autorités algériennes. Cet accord de cessez-le-feu est la base des négociations qui se poursuivent et qui ont abouti à la libération de tous les prisonniers, résultat de négociations menées avec l’assistance d’une médiation de la Libye. Ces développements heureux montrent que les fils de la confiance ont pu être renoués et que les différentes parties font preuve de bonne volonté pour parvenir à un accord solide susceptible de mettre un terme à une crise coûteuse en vies humaines et incompatible avec les conditions d’un développement au bénéfice des populations.

Et il n’y a pas de doute qu’il faut en finir avec ces rébellions armées qui compliquent la problématique de la sécurité, du vivre ensemble et du développement. Or l’expérience malienne a montré que la solution ne peut pas se trouver dans une optique outrancièrement militaire. Bien entendu, la voie de la négociation n’est pas un moyen magique qui peut résoudre du jour au lendemain une crise dont les racines plongent profondément dans un terreau de difficultés socio-économiques, dans des rancoeurs historiques. Quand dans une crise, ouverte depuis des décennies, les protagonistes sont séparés par du sang, des morts, des vexations, quand la confiance a été maintes fois mise à rude épreuve, on ne peut pas espérer que le dialogue ne soit pas d’abord piégé par des a priori, des suspicions de toutes sortes. C’est pourquoi, il est nécessaire de recourir souvent à des tiers qui sont susceptibles de se porter garants du sérieux de la parole et des engagements des différentes parties.

De ce point de vue, on peut faire un parallèle entre l’approche malienne et l’attitude des autorités nigériennes confrontées au même problème. Il est certain qu’il existe des spécificités qui distinguent la question telle qu’elle se pose au Niger de la problématique rebelle au Mali. Mais il apparaît que les autorités maliennes ont choisi la voie du dialogue sur laquelle elluffisamment olution pacifique, alors que les autorités de Niamey s’enferment dans la dénégation, se réduisant au seul moyen de l’affrontement militaire dont on sait qu’il est toujours coûteux en victimes collatérales. Une expression proverbiale courante en pays mossi conseille au malade de ne pas cacher son mal, pour augmenter ses chances de rencontrer quelqu’un qui puisse le soigner. On ne peut que regretter l’attitude du gouvernement nigérien qui consiste à nier la réalité du problème et à évoquer l’action de bandes de bandits à réduire par la force.

Il reste à espérer que les avancées de la négociation, au Mali, ne soient pas compromises par la coalition des intérêts qui se satisfont de la crise. On sait que dans toute crise, il y a des gens qui investissent dans le malheur des nations. On sait aussi que, de tous les côtés, il y a des gens dont le radicalisme s’oppose à la logique des concessions nécessaires pour obtenir un accord durable. Et c’est un fait, enfin, que les médiateurs peuvent avoir des arrière-pensées qui interfèrent dans la recherche de la paix. Dans ce sens, il faut souhaiter que la diversité des médiateurs ne conduise pas à une rivalité déplorable ; il est souhaitable que les médiateurs contribuent chacun, dans un esprit de complémentarité, à une recherche, de bonne volonté, d’une paix au bénéfice de la nation malienne.

Le Pays

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