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Zimbabwé : La république prise en otage

Publié le mardi 9 septembre 2008 à 02h07min

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L’opposant zimbabwéen Morgan Tsvangirai

Les efforts de médiation se multiplient au Zimbabwe, mais personne à ce jour ne voit le bout du tunnel. Bien au contraire, est-on tenté de dire, car le pays semble s’enliser chaque jour davantage dans cette crise dont il a déjà tant souffert.

Ainsi, le président sud-africain Thabo Mbeki est une fois de plus attendu à Harare dans le cadre de la médiation de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), pour tenter de débloquer, une nouvelle fois, la situation. Une mission incertaine, puisque déjà dimanche dernier, Morgan Tsvangirai annonçait qu’il comptait bien "résister aux pressions" du médiateur Mbeki. Alors, une tentative de plus dont l’échec est programmé d’avance ?

"Tant que je n’aurai pas suffisamment de pouvoir, je ne signerai pas", a dit le leader du MDC ; et de préciser sa pensée : mieux vaut ne pas avoir d’accords du tout que de signer un mauvais accord.

Et c’est cela qui inquiète. Car cette radicalisation à laquelle s’ajoute une inflexibilité à toute épreuve, en même temps qu’elle ne laisse rien présager de bon, peut conduire à s’interroger sur les intentions réelles de Morgan Tsvangirai. Pourquoi cette obstination à vouloir tout "bloquer" à tout prix ? On ne sort pas d’une crise aussi profonde que celle que vit le Zimbabwe en multipliant les "non". Tout comme on n’avance pas vers une sortie de crise si on ne lâche jamais du lest. A moins que l’option déjà prise consiste à couler le navire Zimbabwe.

On attendait de Morgan Tsvangirai un peu plus de souplesse politique, de conciliation bienveillante, toutes deux, signe de clairvoyance et de grandeur politique, c’est-à-dire "gérer" le peu qu’on a, et "négocier" le reste à venir.

Le leader du MDC aurait-il un quelconque intérêt dans la crispation d’une situation déjà fort critique ? Voudrait-il , pour des raisons que lui seul connaît, persister dans le dilatoire, dans le but de tout saborder ? Autant de questions qui sont permises lorsqu’on se rend compte qu’il réclame à présent de nouvelles élections sous l’égide de la communauté internationale. Dans les circonstances actuelles, cela parait franchement irréalisable. Cela semble même manquer de sérieux. Car on tourne en rond et nul ne sait vraiment quand prendra fin ce cercle vicieux.

Mais on se demande aussi quel rôle les Occidentaux jouent dans cette partie de l’Afrique australe. Ont-ils vraiment intérêt à voir la fin de la crise au Zimbabwe ? Ils ont bien usé de leur influence pour amener l’opposant kényan jusqu’à la table des négociations. Pourquoi ne peut-il en être de même pour Tsvangirai ? On peut fort justement penser qu’il existe comme une secrète intention de leur part de tout "bloquer" pour ensuite en attribuer le désastre à un Mugabe déjà peint comme le diable en personne.

Toujours est-il que le Zimbabwe est épuisé, vidé, exsangue. Logé entre le marteau de Mugabe qui veut tout avoir, et l’enclume de Tsvangirai qui veut tout retirer, le pays se morfond, pris en tenaille par une inflation sans merci, une économie qui se vide de plus en plus de sa substance.

Alors, à quand la fin de toutes ces guerres intestines qui minent et causent la mort réelle de tout un peuple ? On en verra peut-être le début, lorsque prendront fin certaines petites querelles de petites personnes, autour d’intérêts réels peut-être inavoués. Le Zimbabwe mérite mieux que ce spectacle horripilant.

Jean-Claude KONGO

Le Pays

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