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Nouveau gouvernement : L’accueil des politiques, des syndicats et des étudiants

Publié le vendredi 5 septembre 2008 à 06h50min

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Nos ministres sont de retour, après un mois de vacances. Mais la rentrée gouvernementale d’hier s’est effectuée sans certains d’entre eux dont les portefeuilles ont été confiés à d’heureux élus à l’issue d’un remaniement rendu public le mercredi 3 septembre dans la soirée. Mais que pensent les Burkinabè de ce gouvernement Tertius III ? Hommes politiques, responsables syndicaux, commerçants et étudiants s’expriment à travers ce micro-trottoir.

Etienne Traoré, enseignant de philosophie morale et politique à l’université de Ouagadougou :

« La familiarisation du pouvoir se renforce ». Je peux d’emblée dire qu’à la surprise générale, ce fut plutôt un léger remaniement. Beaucoup de gens s’attendaient à un remaniement plus lourd, du genre “gouvernement de large ouverture...”.

Cela, pour faire face plus consensuellement et donc plus efficacement aux graves problèmes de survie au quotidien que vivent nos concitoyens aujourd’hui. Ces problèmes, non solutionnés malgré les longs discours, s’aggravent pourtant dangereusement au détriment de la paix sociale !

Je remarque que les ministres dits proches de M. Salif Diallo ont été maintenus au gouvernement. Je remarque aussi que l’entrée au gouvernement de nouvelles personnalités renforce la tendance à ce que j’ai appelé la “familiarisation du pouvoir”, même si M. François Compaoré n’y est pas directement présent. Au regard de ces premiers constats, je tire au moins deux leçons essentielles et une crainte :

1. Pour M. le président du Faso et son Premier ministre, notre pays est bien gouverné. Il n’y existe aucune crise contrairement aux dires des “Refondateurs” et même des associations de la société civile pourtant plongées dans les dures réalités de la vie quotidienne caractérisée par la vie chère, la précarité des emplois, le chômage endémique, la paupérisation, la dégradation des conditions de vie, de travail et d’études. Telle conviction au sommet de l’Etat pousse tout naturellement à ne pas vouloir changer une équipe gouvernementale qu’il croit gagner.

2. Désormais, nos concitoyens doivent savoir que ni la cote d’impopularité, ni l’incompétence, ni la mauvaise gestion des hommes ou des biens ne suffisent pour changer un ministre ou un haut fonctionnaire !

De mes propres observations, il suffit maintenant de remplir au moins une des deux (sinon les deux) conditions suivantes pour accéder à ces hauts postes et s’y maintenir contre vents et marées : une allégeance à l’entourage familial du président du Faso et/ou une bonne couverture par certaines sectes.

3. Je crains finalement que cette vieille et “nouvelle” équipe ne continue à minimiser les problèmes réels de nos concitoyens, à méconnaître les causes réelles de la montée des mécontentements et donc à recourir plus facilement à la violence face aux légitimes contestations populaires. Telles sont très brièvement mes premières observations à la suite de la publication de la liste des membres du “nouveau” gouvernement.

Mamadou Nama, ex-SG de l’Union syndicale des travailleurs du Burkina (USTB) :

« Pourvu que le climat social s’améliore ». Ce remaniement n’est pas le premier et ne sera pas le dernier. Je souhaite qu’il entraîne un peu plus d’effort, de courage, mais aussi qu’il puisse favoriser le développement en assainissant le climat social, surtout du côté du monde du travail, de la paysannerie et de l’éducation.

Je souhaite que l’équipe trouve une certaine dynamique, car on a senti, à un moment donné, qu’elle était essoufflée. Nous souhaitons qu’elle soit irréprochable en matière de détournement, de corruption, qu’elle soit une table ronde de personnes crédibles.

Cette nouvelle équipe apportera-t-elle un changement ? Dans tous les cas, elle exécute un programme et agit selon des règles définies par le Président du Faso et le Premier ministre.

Joseph Tiendrébéogo, SG des Forces ouvrières/Union nationale des syndicats libres, président du mois des Centrales syndicales :

« Cette équipe n’apportera pas de changement ». On s’attendait à ce qu’il y ait moins de ministres parce que les ministres sont assez coûteux. Le Premier ministre a reconduit presque les mêmes.

On devait faire en sorte qu’ils soient au nombre de 25 ou de 27 ministres. Je trouve que c’est le partage du gâteau. Chacun veut rester pour être servi. Un pays comme le nôtre doit avoir un gouvernement assez réduit afin de faire face aux problèmes des travailleurs, de la population en général. Nous connaissons le budget mensuel d’un ministre.

Je ne pense pas que cette nouvelle équipe puisse apporter un changement comme on le souhaite. A moins que le Premier ministre prenne son courage à deux mains pour plus de rigueur afin que chacun puisse effectivement faire son travail.

Christophe Ouédraogo, commerçant :

« On verra de quoi ils sont capables » Il faut du temps pour les juger. Je ne connais pas ceux qui sont entrés au gouvernement ni ceux qui en sont sortis. Mais pour les juger, il faut leur laisser le temps de faire, de montrer de quoi ils sont capables ».

Ousmane Tapsoba, président de l’Organisation nationale des commerçants du Burkina (ONACOMB) :

« On les jugera selon les résultats ». On les jugera dans quelques mois. Le remaniement nous intéresse tous parce que nous sommes tous Burkinabè. Nous souhaitons que ce changement puisse conduire le peuple à une amélioration de leurs conditions de vie. Dans trois mois, on pourra juger chacun d’entre eux en fonction des résultats ».

Emile René Kaboré, chargé de communication des « refondateurs » du CDP : « Le président a surpris tout le monde ».

Le président du Faso a surpris tout le monde ». Nous pouvons faire un constat en 3 points. D’abord, le président et le Premier ministre ont, seuls, la responsabilité du gouvernement. C’est un fait constitutionnel. A ce titre, ils remanient comme ils veulent.

Ensuite, l’on ne remanie pas pour faire plaisir à qui que ce soit. On le fait pour disposer d’un gouvernement qui gagne en efficacité dans la conduite des affaires de tout le pays.

Enfin, le gouvernement est collectivement et solidairement responsable devant le peuple. Ainsi, à l’observation nous pouvons établir les éléments suivants :

• Contrairement à ce que beaucoup disaient ou écrivaient, il n’y a pas eu de chamboulement.

• Aucune personnalité visible du CDP n’a fait son entrée au nouveau gouvernement, pas plus que les refondateurs du CDP ou ceux nationaux. Par contre, une personnalité connue pour être un des leaders de la mouvance a fait son entrée. Il s’agit de Toussaint Abel Coulibaly.

• Il y a 6 nouveaux entrants, dont un militaire, et 3 changements de poste. Ce qui pourrait traduire une certaine recherche d’efficacité. Tout cela a pu surprendre, parce que le propre de l’homme est de spéculer et celui d’un président, c’est de savoir surprendre. Encore une fois, le président du Faso a surpris tout le monde.

Le jugement sur les individus ne peut pas être objectif parce que l’équipe gouvernementale est un tout. Dans la recherche de l’efficacité, on fait entrer X ou Y en fonction d’un certain nombre de choses. Le président et le Premier ministre sont les seuls à savoir ce qu’ils veulent. Ce que nous, nous pouvons faire c’est d’attendre de voir le gouvernement à l’œuvre.

S’il a gagné en efficacité, ce que d’ailleurs on recherche, nous le saurons très rapidement. Pour l’instant, il ne faut pas porter un jugement de valeur sur un gouvernement qui est fait avec des éléments que nous nous ignorons. Les tractations que le président ou le Premier ministre peuvent faire pour former le gouvernement dépendent de l’objectif qu’ils visent, lequel objectif est à leur seule définition.

Le peuple attend les résultats de l’action du gouvernement qui s’inscrit dans un cadre collectif et solidaire. Nous les « Refondateurs », nous avons posé des problèmes à l’intérieur du parti et non pour chercher des postes. D’ailleurs, la voie la plus facile pour accéder à des postes au gouvernement n’est pas celle que nous avons choisie.

Maître Bénéwendé Stanislas Sankara, président de l’UNIR/MS :

« Je suis resté sur ma faim ». On s’attendait, dès l’arrivée de Tertius Zongo comme Premier ministre, à une équipe choc qui va rester en adéquation avec le discours tonitruant qui a été annoncé dès sa nomination. Dans ce gouvernement, on s’attendait véritablement à plus de nouvelles têtes.

Mais le remaniement a été très très léger comme on le constate, et je me pose la question de savoir si le Premier ministre Tertius Zongo avait vraiment les coudées franches pour faire des propositions d’hommes et de femmes qui pourraient changer fondamentalement l’action gouvernementale. Cela fait que je suis resté, en tant qu’acteur politique, sur ma faim.

Mais j’avoue que je ne suis pas étonné parce que nous avons beaucoup plus affaire à un régime, tout se décide au niveau du chef de l’Etat. Quelle que soit la bonne volonté du Premier ministre, sa foi inébranlable au changement, il reste lui-même au service du système du régime de Blaise Compaoré. C’est une preuve que ce remaniement ministériel vient illustrer que demain n’est pas la veille.

• Koughinbiga Sibiri Brahima :

Je me réjouis du départ de certains, comme Jean-Baptiste Compaoré et Hyppolite Lingani, du fait de leur longévité au gouvernement.

• Mahamadi Ouédraogo, 4e année d’Histoire :

On ne s’attendait pas à ce gouvernement. Il n’y a pas eu de grands changements, et on espère que prochainement les dinosaures vont partir et laisser la place à d’autres.

• Lassané Savadogo, Groupe parlementaire (CDP) :

« Il n’y a pas eu de balayage ». C’est un gouvernement qui n’est pas différent de ce qu’on a connu de par le passé. On constate que les mêmes sont là. Contrairement à ce que certains annonçaient, il n’y a pas eu un balayage total, parce qu’il y a une volonté d’assurer une continuité de l’action politique.

Il me semble que cela est tout à fait normal étant entendu que la continuité de l’action gouvernementale est un paramètre très important pour la mise en œuvre du programme quinquennal du président du Faso. Indépendamment des changements qui peuvent intervenir à la tête du gouvernement, cela ne peut pas avoir pour effet de mettre en cause de manière fondamentale le principe de continuité de l’action gouvernementale.

• Député Saran Sérémé/Séré Groupe parlementaire (CDP) :

Mes impressions sur ce nouveau gouvernement sont positives. Parce que je pense qu’il faut faire confiance au premier élu à qui le peuple a donné sa confiance et au chef du gouvernement qu’il a choisi pour diriger et mettre en œuvre son programme. Je suppose que quand il met en place une équipe, il fait confiance aux hommes qu’il choisit.

Il les met à la place qu’il faut pour atteindre l’objectif qu’il s’est assigné. Cet objectif global reste à amener le Burkina à atteindre le développement continue, à maintenir une situation de paix et de cohésion sociale. Je fais entièrement confiance à cette nouvelle équipe.

Ouédraogo Adama Damiss
Paténéma Oumar Ouédraogo & Jean-Marie Toé (stagiaires)

L’Oservateur Paalga

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