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Nouveau Gouvernement Mauritanien : Un pas vers la normalisation

Publié le mardi 2 septembre 2008 à 02h29min

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Le général Mohamed Ould Abdel Aziz

L’actualité internationale très agitée a quelque peu détourné l’attention de la Mauritanie. Occupés à gérer les crises au Caucase, en Afghanistan et l’ouragan Gustav, les pays développés et leurs médias ont depuis lors changé de priorité. Mais la vie continue en Mauritanie.

Le général Mohamed Ould Abdel Aziz, arrivé au pouvoir à la suite d’un coup d’Etat le 6 août dernier, applique, par petites touches, sa feuille de route. La nomination du gouvernement, de ce fait, marque un jalon dans le processus devant mener au rétablissement de l’ordre constitutionnel. Résistant à ses contempteurs qui la pressent de fixer un calendrier précis pour l’organisation de nouvelles élections, la junte va à son rythme.

Est-ce pour mieux faire que le général Ely Ould Vall qui, malgré le service immense rendu au pays, semble être parti sans avoir jeté les bases d’une démocratie solide en Mauritanie ? Dès l’avènement du premier président démocratiquement élu depuis l’indépendance du pays, les institutions se sont mises en effet à vaciller, ce qui a favorisé le putsch.

Si les nouveaux maîtres, tirant leçon de cette expérience ratée, veulent prendre le temps de bien faire en asseyant des institutions solides, on ne peut leur reprocher de traîner le pas. Il vaut mieux créer, à partir des échecs précédents, les conditions pour que la Mauritanie s’installe enfin dans un processus démocratique irréversible.

En tout cas, la sobriété du nouveau gouvernement et la qualité des ministres sont révélatrices de la volonté de la junte de se mettre résolument au travail. Elle aurait pu jouer dans la complaisance avec un exécutif pléthorique, afin de satisfaire le trop plein de soutiens dont elle bénéficie. Certes, la nouvelle équipe gouvernementale a pour mission de remettre le train de l’Etat sur les rails, de mener un lobbying pour restaurer l’image du pays. Mais elle doit surtout s’atteler à une normalisation complète de la situation à travers l’organisation d’élections libres et crédibles.

Avec un premier ministre précédemment ambassadeur à Bruxelles et un chef de la diplomatie professeur de sciences politiques à Harvard, le régime a mis la barre haut en matière de compétences. Reste la volonté politique, pour mettre en branle la transition vers la sortie de crise. En cela, l’avenir du pays réside entre les mains de la junte, qui ébauchera le type de régime constitutionnel adapté au contexte mauritanien. Mais quel que soit le président qui viendra à être élu, il lui apparaîtra obligatoire de tenir compte de l’armée.

La nouvelle démocratie mauritanienne doit s’accommoder de cette prépondérance de l’institution militaire si elle veut vivre et grandir. D’autres pays comme l’Algérie, Israël ou la Turquie vivent des systèmes démocratiques où l’armée est prépondérante. La sociologie politique mauritanienne semble aussi s’y prêter.

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays

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