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Esclavage en Afrique : Un anachronisme à la peau dure

Publié le vendredi 29 août 2008 à 09h59min

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L’esclavage n’est pas une marque déposée de la Mauritanie seulement. La pratique est bel et bien une réalité au Mali aussi, en particulier dans sa partie septentrionale, dans la région de Gao notamment. Les cas sont légion, où des personnes tenues en esclavage ou ayant vécu dans des conditions proches de la pratique, parviennent à se libérer des chaînes de l’esclavage et à tout déballer.

Mais que dire de ces milliers de gens qui n’auront pas la chance d’être libres ? Officiellement, la pratique n’a plus cours au pays de Soundiata Kéïta. Elle est considérée comme abolie, le Mali ayant au demeurant ratifié des conventions internationales la condamnant. C’est notamment le cas de la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui stipule que les hommes naissent tous libres et égaux. Mais la réalité est tout autre et le Mali n’a pas adopté de loi contre l’esclavage. Comment alors pouvoir obtenir réparation auprès de la Justice ? Comme la Mauritanie, le Mali se devrait de se doter d’une loi criminalisant l’exploitation des personnes. De sorte que la Justice soit amenée à prendre ses responsabilités face à des cas avérés d’esclavage.

En tout état de cause, le silence de l’Etat malien ne peut plus durer. En ce 21e siècle, ce genre de violations des droits de l’homme qui ont manifestement la peau dure, sonnent comme un anachronisme. Elles sont d’autant plus anachroniques que le Mali s’est résolument engagé sur la voie de la démocratie. Cette pratique s’accommode mal de la démocratie si elle n’en constitue pas un sérieux frein. Car, il n’y aurait rien d’étonnant qu’un maître en vienne à donner des consignes de vote à ses sujets qui s’exécuteraient parce qu’ainsi en a décidé le maître.

Cependant, même si les autorités maliennes décidaient de mener une lutte engagée contre cette pratique, encore faudrait-il que les esclaves eux-mêmes acceptent de se battre pour leur propre émancipation en allant jusqu’à saisir les tribunaux. Or, rien n’est moins sûr. Certains esclaves ont tellement intégré la culture de leur maître qu’ils ne souhaiteraient, pour rien au monde, s’en séparer.

Aussi ont-ils acquis la conviction que loin du maître ils ne seront jamais rien. Aux côtés du maître, certains y trouvent protection et assistance. Qu’est-ce qu’une loi pourrait alors changer dans ce cas ? C’est sans aucun doute, une question de mentalité, voire de culture.

Dans tous les cas, les pratiques esclavagistes doivent être sanctionnées. Elles sont condamnables et c’est pourquoi il appartient à l’Etat malien, par des actions diverses dont la sensibilisation, d’expliquer aux groupes vulnérables qu’ils ont le droit d’être libres.

Et puis, un esclave peut-il produire au maximum de ses capacités physiques s’il travaille contre son gré, ou, pire, s’il est l’objet de brimades et de sévices corporels ? C’est là toute l’ambiguïté de l’esclave puisque, dans le même temps, il tient à rester assujetti au maître. Un comportement qui confine au masochisme.

Cheick Beldh’or SIGUE
Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 1er septembre 2008 à 09:34, par diabalompo En réponse à : Esclavage en Afrique : Un anachronisme à la peau dure

    Un article d’une rare qualité.
    Abordant avec brio un sujet qui doit être repris par l’unité effective africaine.
    L’esclavage visant principalement les nègres (à prendre au sens positif du terme) doit cesser sous n’importe quelle forme. Peu importe des pseudo-traditions culturelles, les bénéficiaires et les complices de ce massacre et génocide culturel négro-africain doivent écoper des peines les plus dures.
    D’une part, pour le concept.
    Pour la partie pragmatique d’autre part, la société civile relayée par les associations et les consciences jeunes peuvent dans une mission salvatrice, dénoncer et même faire du "tapage" organisé sur la situation.
    La réalité est cependant là : quelles personnes dans ce contexte de vie chère et à quels intérêts (vu que la plupart de nos concitoyens manquent d’accès à la satisfaction des besoins culturels et surtout physiologiques)se prononçeraient
    sur la situation des frères enchaînés, et physiquement et mentalement ?
    Même l’intelligentsia risquerait d’avoir peur de l’amalgame avec la traite négrière ocidentale qui n’en a pas que les durs reflets.
    chers journalistes et réels politiques, engagez vous, dénoncez et surtout agissons ensemble pour détruire toute mentalité d’assistanat et surtout tout instinct grégaire qui nous pousserait en tant qu’être humain à enlever ce carctère fondamental à l’autre

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