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Xe anniversaire du RIARC : Luc Adolphe Tiao décoré à Abidjan

Publié le vendredi 29 août 2008 à 10h06min

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Luc Adolphe Tiao

Abidjan et Yamoussoukro, les deux capitales ivoiriennes, ont servi de théâtre aux festivités marquant le dixième anniversaire du Réseau des instances africaines de régulation de la communication (RIARC), du 18 au 23 août 2008. Plus de 340 participants dont 150 régulateurs venus d’une quarantaine de pays africains, asiatiques et occidentaux ont pris part à cette manifestation, tenue sous le patronage du président ivoirien Laurent Gbagbo, et le parrainage du Premier ministre Guillaume Soro.

Des excursions touristiques, un dîner gala, un colloque international, sont entre autres activités qui ont rythmé la manifestation. Au cours de cette manifestation, le Burkina Faso a été honoré à travers son ambassadeur à Paris, Luc Adolphe Tiao, qui a été élevé au rang d’Officier de l’Ordre du mérite ivoirien.

Créé le 15 juin 1998 à Libreville au Gabon, le RIARC (Réseau des instances africaines de la régulation de la communication) a soufflé ses 10 bougies cette année. Et c’est au bord de la lagune Ebrié que les régulateurs, avec des hommes de médias, d’Afrique, d’Asie, d’Europe et d’Amérique, ont célébration le dixième anniversaire du RIARC, cadre formel d’établissement, de développement et d’approfondissement des relations de concertation et d’échanges entre les instances (africaines) de régulation de la communication.

Environ 340 participants, dont 150 venus d’ailleurs, y ont pris part. La manifestation, placée sous le thème "Régulation, démocratie et bonne gouvernance", a été patronnée par le chef de l’Etat ivoirien, Laurent Gbagbo, et parrainée par le Premier ministre, Guillaume Soro. Plusieurs distractions, avec des excursions pour découvrir les richesses touristiques de la Côte d’Ivoire, après la longue période de crise qu’a traversée le pays, un dîner gala, des représentations théâtrales, étaient au menu de la rencontre.

Pour joindre l’utile à l’agréable, il était aussi prévu un grand colloque qui s’est tenu les 20 et 21 août 2008 dans la ville natale de feu le président Félix Houphouët Boigny. Ce colloque qui s’est déroulé à la Fondation Félix Houphouët Boigny, a eu lieu autour du thème même de l’anniversaire. Les exposés ont porté sur des sous-thèmes aussi importants les uns que les autres, à savoir, entre autres, "la régulation dans la société", "régulation et autorégulation des médias", "la régulation électorale au Canada", "la régulation en Afrique", "la régulation électorale dans le Maghreb", "la régulation dans un contexte de déréglementation sociale", etc.

Le sujet sur l’influence des NTIC sur les médias n’a pas été non plus occulté, car, tel que l’a fait remarquer le vice-président du Conseil supérieur de la communication du Burkina, Urbain Traoré, représentant la nouvelle présidente du RIARC, Béatrice Damiba, les défis auxquels est confronté le RIARC aujourd’hui, ce sont ceux liés à la convergence numérique. Et selon lui, l’enjeu, c’est de répondre à la question "quel type de régulation mettre en place face au numérique". Comme animateurs de ce grand colloque, de grands experts et conférenciers internationaux, à l’image de Francis Wodié, professeur titulaire de Droit constitutionnel, doyen honoraire de la faculté de Droit et de sciences politiques de l’université de Cocody, Annie Le Noble-Bart, directrice du Centre d’études sur les médias de l’information de l’université de Bordeaux III, Marie-Soleil Frère, spécialiste en médias, Ibrahim Sy Savané, le ministre de la Communication de la Côte d’Ivoire, n’en demandait pas mieux.

Celui-ci a salué la diversité et la richesse des thèmes, ainsi que la qualité des animateurs du colloque. Riche, c’est le moindre qualificatif qu’on puisse attribuer au colloque. Et les phrases fortes, il y en a eu. C’est ainsi qu’embouchant la même trompette que Laurent Gbagbo, le président ivoirien, qui a dit à l’ouverture du Xe anniversaire que "la régulation ne se limite pas aux rapports entre la presse et les pouvoirs politiques, mais à la vie entière, à la société", Urbain Traoré, vice-président du CSC, dira : "Saluer devient suspect lorsque la régulation sociale est en panne." "La régulation des médias audiovisuels est liée au jeu politique", affirme Ahmed Ghazali, président du CSC du Maroc. "L’autorégulation a des problèmes... La corégulation est utile et nécessaire", a dit Marie-Soleil Frère.

Luc Adolphe Tiao décoré

La célébration du dixième anniversaire du RIARC a aussi servi de cadre à la décoration de certaines personnalités, en guise de reconnaissance de leur contribution au développement des médias ainsi que de la démocratie en Afrique. Et l’ex-président du Conseil supérieur de la communication, Luc Adolphe Tiao, actuel ambassadeur du Burkina à Paris, est une figure emblématique au sein du RIARC dont du reste il assure la présidence depuis juillet 2007, en attendant la prise de fonction effective de la nouvelle présidente du CSC, Béatrice Damiba. Son charisme, mais surtout son efficacité à la tête de la CIRCAF (la conférence des présidents des différentes institutions au sein du RIARC) ont valu à Luc Adolphe Tiao une décoration à Abidjan le 18 août 2008. C’est le président Laurent Gbagbo lui-même qui, de ses propres mains, a offert à Luc Adolphe Tiao, la médaille d’Officier de l’Ordre du mérite ivoirien.

Heureux de recevoir cette distinction, voici ce que Luc Adolphe Tiao nous a confié : " J’exprime toute ma gratitude au président de la République et à tout le peuple de Côte d’Ivoire pour cette distinction qui m’a été faite. Au-delà de la reconnaissance personnelle, cette décoration honore l’ensemble du réseau des régulateurs de la communication en Afrique. Cela me va tout droit au coeur, et une fois de plus, je dis merci aux autorités ivoiriennes de m’avoir permis de porter cette médaille."


Laurent Gbagbo : "la star et la Rue princesse"

La présence effective du président ivoirien Laurent Gbagbo a donné de l’éclat à la cérémonie d’ouverture des manifestations marquant le Xe anniversaire du RIARC. D’ailleurs, parmi tous les intervenants à la cérémonie, il a été le seul dont le discours a vraiment collé avec le thème de la rencontre qui était "Régulation, démocratie et bonne gouvernance". Et ce fut une belle leçon démocratique que le président ivoirien a donné à l’occasion, à ses pairs politiciens, notamment ceux au pouvoir. Comme il a eu à le dire dès son accession au pouvoir, Gbagbo est revenu sur cette phrase : "Je n’enverrai jamais un journaliste en prison, ni même un opposant." Salve d’applaudissements dans la salle. Et le président de poursuivre : "J’ai moi-même fait la prison et je sais ce que ça vaut...

Je voudrais que les autres chefs d’Etat africains comprennent que quand vous envoyez un journaliste en prison, il en sort en héros. Il devient un héros contre vous-même, et moi je ne veux pas fabriquer un héros contre moi-même." Puis le chef de l’Etat ivoirien, poursuivant, a conseillé aux hommes politiques de ne pas toujours se focaliser sur les journalistes, car ainsi, ces derniers deviendraient "trop importants", au point même de tomber dans la médisance. Selon toujours lui, le journaliste, tout autant que l’homme politique, est comme une star, et chacun doit bien s’assumer : "Nous sommes tous dans un star system" et chacun, a-t-il ajouté, doit pouvoir se mettre à la hauteur de sa célébrité.

Le président ivoirien Laurent Gbagbo n’a rien à cirer avec les envolées lyriques. Cela, tout le monde le sait. Et selon bien de critiques politiques, cela est un avantage pour Gbagbo qui, dans son style propre à lui, arrive facilement à se faire comprendre par la masse. Parfois même, à travers un discours teinté d’humour, il se fait plaire à tout le monde, comme ce fut le cas le 18 août dernier au palais de la Culture de Treichville où les 340 participants aux festivités du RIARC l’ont applaudi lorsqu’en leur suggérant de partir à la découverte des valeurs touristiques de la Côte d’Ivoire, il a dit : " Allez partout dans les quartiers, à Treichville, à la Rue princesse... J’ai amené des hommes politiques français là-bas... A la Rue princesse, c’est chaud, chaud, chaud, chaud..."

Par LFS


DES BREVES DE LA MANIFESTATION

L’inoxydable Aïcha Koné, l’île Boulaye, Assinie et les autres îles Ehotilé...

Une fête, la célébration du Xe anniversaire du RIARC en était une. Pour le comité d’organisation piloté par le président du Conseil national de la communication audiovisuelle de Côte d’Ivoire, Diégou Bailly, il s’agissait de faire (ré)découvrir aux visiteurs étrangers la Côte d’Ivoire, après six années de crise : les valeurs, touristiques surtout, dont regorge la terre d’Eburnie. En tout cas, l’hôtellerie et le tourisme balnéaire, ainsi que les prestations d’artistes, ont fait leurs effets. Et il est juste de dire que même revenant de loin, le pays de Félix Houphouët Boigny n’a rien perdu de ses valeurs. D’abord, parlant de l’hôtellerie, les participants étrangers aux festivités du RIARC ont eu une semaine de rêve dans les plus grands hôtels du pays. Il s’agit notamment de : Hôtel Ivoire, Résidence Ohinéné sise aux 2 plateaux (rue des jardins), à Abidjan, de l’Hôtel des parlementaires et de l’Hôtel Président à Yamoussoukro. Afin de faire découvrir le meilleur du tourisme et de la culture ivoirienne, les Ivoiriens avaient fait une sélection des endroits les plus agréables et enchanteurs à visiter. Tenez ! Du village de Mélékoukro à Adiaké (extrême sud-est du pays), les participants ont pu visiter, le mardi 19 août, le Parc national des îles Ehotilé, au cours d’une ballade sur la lagune. Cette visite leur a permis de découvrir des îles de renom comme Assinie, Assouindé (déjeuner en bordure de mer). Toujours en ce qui concerne le tourisme balnéaire, il y a eu cette visite du samedi 23 août sur l’île Boulaye avec la Société de transport abidjanaise (SOTRA), la basilique de Yamoussoukro, sans oublier la Fondation Félix Houphouët Boigny où s’est tenu le colloque... Au niveau artistique, le show était également assuré. Au programme, des représentations théâtrales et des prestations musicales avec des artistes qu’on ne présente plus : "le président dans la république", Adama Dahico, Petit Yodé et l’Enfant Siro, la nouvelle coqueluche du rap nouchi, Billy Billy, Oren’tchy, Bahi Carlos, les Gos de Kotéba, Dothy Z, ainsi que la fleur montante Mathitia, sans oublier l’orchestre de la garde nationale, l’inoxydable diva Aïcha Koné et le couturier burkinabè, le maître des maîtres, comme on l’appelle à Abidjan, Pathé’O... ont tous donné, selon leur programmation respective, de leurs talents, pour la réussite de la manifestation.

"On nous prend pour des gaous !"

Bien sûr, une manifestation d’une si grande envergure ne peut être réussie à tous les niveaux à la fois, l’oeuvre humaine n’étant pas toujours parfaite. Cependant, le comité d’organisation des festivités du Xe anniversaire du RIARC a par moments fait preuve d’indélicatesse criarde. Si fait que nombreux sont les participants qui ont aujourd’hui les sentiments mitigés ; pour certains, ce fut même un chaos. Au niveau du transport par exemple, les délégations burkinabè, nigérienne, malienne et béninoise, toutes ont eu des difficultés avec la compagnie aérienne chargée de leur transport. Retard et report de vols. Prévue pour 10 h, c’est à 11h35, soit plus d’une heure et demie de retard, que la cérémonie d’ouverture a eu lieu, le 18 août 2008 au palais de la Culture de Treichville. Raison, le protocole d’Etat n’était même pas associé à l’organisation de la participation du chef de l’Etat à la manifestation. Les nombreuses pannes des véhicules qui transportaient les participants à l’intérieur du pays, le retard ainsi que la qualité des repas au niveau de la restauration ; une soixantaine d’interventions médicales... sont entre autres griefs faits au comité d’organisation. Et là, on a reconnu la maestria des Burkinabè en matière d’organisation de rencontres du genre, même avec de modestes moyens. Voici ce que dira entre-temps un Camerounais pour calmer le courroux de certains participants : "N’oubliez pas qu’on n’est pas du tout à Ouaga !" Comme quoi, la rencontre de la CIRCAF l’an passé à Ouagadougou sera particulièrement inscrite dans le livre d’or du RIARC. En témoignent du reste ces propos du président du comité d’organisation du Xe anniversaire, Diégou Bailly : "C’est vrai que le RIARC existe depuis dix ans, mais c’est véritablement à partir de 2007 que ses activités ont connu une vraie intensité."

Par ailleurs, c’est aussi à leurs dépens que des journalistes rwandais, invités à la manifestation, ont été éconduits dès leur arrivée à l’aéroport d’Abidjan, le 21 août.

Avait-on promis des perdiems aux participants ? Toujours est-il que nombreux étaient ceux qui, à la fin, étaient déçus du fait qu’ils n’ont pas reçu le moindre centime. Voici ce qu’un Congolais, tout désillusionné, a crié le samedi 23 matin sous le hall de l’Hôtel Ivoire : "On nous prend pour des gaous ou quoi ? Donc, ils nous ont fait venir uniquement pour qu’on vienne découvrir les grands hôtels ? Si ce n’est que cela, nous tous avons aussi de grands hôtels dans nos pays... Mais c’est pas sérieux de garder l’argent des gens ! Partout on donne des enveloppes, non ?" L’organisation aura failli à ce niveau si dans les coulisses, certains participants ont reçu leur "enveloppe".

Adama Dahico et la démocratie du... string

Saviez-vous qu’en plus de Laurent Gbagbo qui est le président de la République, la Côte d’Ivoire a un autre président ? Sachez donc que ce deuxième président n’est autre que le président du parti doromikan Adama Dahico, qui s’est autoproclamé "président dans la république". Partant pour l’élection présidentielle du 30 novembre prochain, l’humoriste, fin stratège, entend du reste fêter sa victoire dès le 15 novembre 2008, c’est-à-dire, 15 jours bien avant même la date officielle de l’élection. Car, dira-t-il, "avec les doyens-là (entendez par là les autres candidats de la même carrure que Laurent Gbagbo, Alassane Dramane Ouattara...), on n’en sait jamais". Par ailleurs, Adama Dahico qui a livré son premier discours de campagne le 18 août dernier, à l’occasion de l’ouverture de la célébration du Xe anniversaire du RIARC, au palais de la Culture de Treichville à Abidjan, a déclaré, prudent qu’il est, n’avoir l’intention d’élaborer aucun programme de gouvernement. En effet, a-t-il dit, "moi, je n’ai pas de programme de gouvernement. On prend l’exemple de mon collègue président. Voilà quelqu’un qui a fait un programme : assurance maladie universelle, école gratuite, les paysans iront en boîte de nuit... Il arrive au pouvoir, il commence le travail, deux ans après, on lui déclare autre chose. La guerre n’était pas prévue dans son programme de gouvernement ; mais aujourd’hui, il gère la guerre. Moi, j’arrive au pouvoir, en fonction des problèmes, je trouve des solutions". Pour finir, voici comment l’humoriste ivoirien Adama Dahico conçoit la démocratie. Comme un string. Pour le président du parti des ivrognes (doromikan en langue jula), le string, au-delà du fait qu’il s’agit d’une culotte féminine, est tout un symbole. Dahico : "La démocratie comme elle a été définie à Dakar, c’est comme le string. C’est un symbole. La démocratie parle de la droite et de la gauche. Le string, il sépare la droite et la gauche. Il tient bien la masse, arrondit les bords et attire le peuple." Interdit de sourire !

Victor Sanou a eu maille à partir avec les policiers ivoiriens

Le conseiller Victor Sanou a eu maille à partir avec la police abidjanaise dans la nuit du vendredi 22 août 2008. En effet, à l’issue des activités au programme de cette journée, le conseiller a rendu visite à une de ses vieilles connaissances à Abidjan. Il faisait nuit. Au moment de rejoindre l’Hôtel Ivoire où était logée une partie de la délégation burkinabè, le véhicule à bord duquel il était est tombé en panne. Le temps de résoudre cette panne et une patrouille de police arrive sur les lieux. Les policiers dans leur tentative d’intimidation, accusent les passagers du véhicule de voleurs et menacent de les embarquer. Alors, Victor Sanou leur présente son passeport. Les policiers le laissent tranquille pour s’en prendre au chauffeur. Finalement, le conseiller Sanou, comprenant qu’en fait ces policiers ne veulent que de l’argent, pour se débarrasser d’eux, puisqu’éprouvé par une journée d’intenses activités intellectuelles, se résoudra à leur offrir un billet de 10 mille F CFA.

Bouaké, un no man’s land

Dans le programme de la manifestation, il était prévu qu’après Yamoussoukro, les participants se rendent, le vendredi 22 août, au fief de l’ex-rebellion, Bouaké, étant donné que c’est du reste sous le parrainage du Premier ministre, secrétaire général des Forces nouvelles, Guillaume Soro, que la célébration du Xe anniversaire du RIARC était placée. Aussi le grand gala du samedi 23 août était-il placé sous le parrainage du même Soro.

A Bouaké, il était prévu un déjeuner avec les Forces nouvelles. Mais, vu les mouvements d’humeur qu’il y avait dans le camp ex-rebelle et qui ont même provoqué le saccage du bureau du SG des Forces nouvelles, la délégation a dû tout simplement faire demi-tour vers Abidjan, juste après la visite de la basilique Notre Dame de la paix de Yamoussoukro.

Le couturier burkinabè Pathé’ O a fait de bonnes affaires

Associé à la manifestation, principalement pour un défilé de mode à l’occasion du grand dîner gala qui a eu lieu à l’Espace Crystal de Marcory, le samedi 23 août, le styliste burkinabè, Pathé’ O, a aussi pu se faire des sous, tout au long des festivités. Les vêtements (chemises, culottes et autres habits dames) qu’il a confectionnés, pour l’occasion, avec le pagne du Xe anniversaire du RIARC, se sont vendus comme de petits pains.

Par Lassina Fabrice SANOU
Le Pays

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