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Politique nationale : Le calme avant la tempête

Publié le jeudi 28 août 2008 à 10h18min

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Avant les vacances gouvernementales, ils étaient beaucoup à présager un remaniement ministériel mais se sont vus tout faux. Le couvert est remis d’autant que bientôt reprendront activités les ministres et forts peut-être de ce que le Président du Faso avait dit : "attendez que nous revenions des vacances", les analystes et autres spéculateurs se présentant comme étant dans le secret des dieux se sont faits leur conviction. Toujours est-il que rien n’est anodin en politique.

Déjà pour le remaniement à venir, les maroquins ont été distribués dans les gargotes par les observateurs toutes qualités confondues. Comme en général même les politiques et autres grandes personnalités de l’Etat prennent souvent au sérieux ce qui est "professé" dans la rue, il va s’en dire que des carrières ministérielles sont rêvées pour les uns pendant que les autres déjà "dans la place" et pour lesquels l’on prédit la porte de sortie c’est "battement de cœur" comme dit le DJ. Nul doute que certains sont en train de négocier dur cette sortie pour ne pas échouer dans … la rue. Et bien sûr venir agrandir les rangs de ces spéculateurs qui ont peut-être "encouragé" ce décagnotage.

Ainsi, selon certaines sources, Kadré Désiré OUEDRAOGO, l’actuel ambassadeur du Burkina à Bruxelles et ancien Premier ministre, pressenti pour remplacer Djibrill Yipéné BASSOLE au ministère des Affaires étrangères et de la Coopération régionale serait déjà de retour au pays avec armes et bagages. Les éventuels partants sont annoncés avec des points de chutes probables. En somme, l’Exécutif burkinabè est refait avant même la décision officielle de qui de droit.

L’exercice, il faut le dire, n’est pas mauvais en soit mais le problème, c’est que toutes ces spéculations cachent mal des intentions qui ne sont pas forcément nobles. Les spéculateurs peuvent se regrouper selon leurs motivations. Il y a ceux qui souhaitent le remaniement parce qu’ils ne se sentent pas dans les petits papiers du ministre. D’autres le souhaitent pour voir enlever quelqu’un qu’ils n’aiment pas même s’ils ne se sont jamais dit bonjour. On a ceux qui sont dans l’antichambre du pouvoir et qui pensent que le moment est venu pour eux de sortir du bois. Enfin il y a ceux dont la prière est de voir le climat social se détériorer (sic) après le remaniement qui ne manquera pas de faire des mécontents notamment au sein du parti au pouvoir et de ses alliés. Dans ce dernier lot se recrutent sans doute certains opposants qui décrivent le Burkina comme un enfer même si eux, pour emprunter l’expression à cette pub, vivent dans leur "petit paradis protégé". Le dénominateur commun de leurs spéculations demeure François COMPAORE.

Pourquoi François COMPAORE est-il vu comme un faiseur de rois ?

Depuis le remaniement du 24 mars qui a vu le départ du ministre Salif DIALLO de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques, François COMPAORE est considéré à tort comme le faiseur de rois. Certains confrères de la presse en ont fait un sujet éditorial permanent où les analyses sont faites et refaites pour braquer l’opinion publique sur une action qu’entreprendrait l’intéressé : la recomposition de la classe politique autour de sa personne.

Depuis la décision des associations de soutien au chef de l’Etat de se regrouper dans la FEDAP-BC, d’aucuns tentent d’opposer cette dernière au CDP, parti au pouvoir. C’est François COMPAORE qui managerait la FEDAP-BC et n’aurait pas intérêt à ce que le CDP reste en pôle position. Bref, le frère cadet du chef de l’Etat est devenu la « nouvelle spéculation » qui marche au Burkina. Ce regain d’intérêt pour le conseiller à la Présidence du Faso apparaît comme stratégie d’en savoir plus sur le supposé à la succession du chef de l’Etat. Selon la Constitution, le Président COMPAORE pourrait briquer un second et dernier mandat de cinq ans en novembre 2010 d’où les mises en scène. En politique comme en histoire, on sait que le temps passe très vite. Et pour les aspirants à la magistrature suprême, sept ans c’est déjà demain.

François COMPAORE par sa personnalité et son engagement de plus en plus constant dans la vie publique ferait-il peur au point de faire l’objet d’interrogations dans certains milieux qui lui prêtent toutes les intentions ? Rien n’est moins sûr.

En tant que Burkinabè, François COMPAORE peut bien choisir de briguer la magistgrature suprême. La voie pour y accéder est clairement définie dans la Constitution ; l’accuser de vouloir utiliser la courte échelle, n’est que naïveté politique mais surtout volonté manifeste de certains de faire à l’intéressé un procès d’intention et ainsi le mettre sous les projectoires pour mieux l’abattre. Parlant de lui, « s’il essaye de s’accaparer de l’exécutif pour se positionner, il ne fera que du mal à son frère », dit un acteur de la scène politique qui ajoute que « si le gouvernement dont on lui prête l’intention de vouloir former venait à échouer, le président devra assumer cet échec pour les élections de 2010 éventuellement. Ce qui ne sera pas une bonne chose même si le président pourrait ne pas avoir grand-chose à craindre s’il décidait de briguer un nouveau mandat ». La politique a ses raisons que la raison ne connaît pas.

L’intérêt pour le débat politique

Dans une réflexion plus fluide, on peut penser que les rumeurs qui circulent de façon incessante sur une éventuelle recomposition de l’équipe gouvernementale pourraient avoir pour but d’animer le débat politique national. Si c’est le cas, ce ne serait pas mauvais parce que la politique par essence est du domaine de la contradiction. Mais il aurait fallu qu’on se focalise sur la nécessité réelle de changer le gouvernement avec une élucidation des forces et faiblesses de l’action de l’équipe actuelle. Aucune œuvre humaine n’est parfaite et l’Exécutif dans son action a eu des acquis comme des insuffisances. Si la balance penche du côté des insuffisances, il est donc nécessaire d’apporter des améliorations pour recadrer les choses dans le sens de l’application du programme de « Large rassemblement pour une société d’espérance » sur la base duquel le président Blaise COMPAORE a été élu en 2005.

Autrement, cette spéculation serait contre-productive. L’intérêt national commande d’assainir le débat. Il ne sert à rien de chercher « à cogner la tête des gens entre eux » dans un but destructif. A tout le moins l’opposition peut, parce qu’elle veut arriver aux affaires, souhaiter que les choses ne marchent pas bien mais ce serait une attitude regrettable. Même en politique, il y a des règles de jeu à respecter. Les hommes politiques le savent bien, eux qui disent à qui veut l’entendre que tout ce qu’ils font est dans l’intérêt du plus grand nombre. Et le peuple a besoin de paix et de sérénité pour œuvrer au développement du pays.

Par Ahmed NAZE

L’Opinion

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