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Présidentielles Ivoiriennes : Le doute s’installe à nouveau

Publié le jeudi 28 août 2008 à 09h38min

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Guillaume Soro et Laurent Gbagbo

Venant du quotidien gouvernemental ivoirien, l’information doit être prise au sérieux. Pour Fraternité Matin, le doute plane sur la tenue effective de l’élection présidentielle à la date du 30 novembre. Le journal a fait ses calculs, et, mathématiquement, l’élection, à moins d’être bâclée, ne peut avoir lieu à l’échéance indiquée. Il y a encore trop d’obstacles à surmonter, trop de détails techniques à régler.

En Afrique, les informations publiées par les médias d’Etat sont soupesées, si elles ne sont, dans certains pays, passées à la loupe de censeurs tapis dans l’ombre. FratMat ne peut donc pas se permettre d’écrire des choses sans être allé à la bonne source. Pour les doutes qu’il a émis dans la tenue régulière de l’élection, on peut se demander s’il s’agit soit d’un ballon d’essai visant à préparer les esprits à un éventuel report, soit d’un moyen de mieux faire pression sur les bailleurs pour qu’ils délient le cordon de la bourse, ou encore soit pour pousser les acteurs du processus électoral (CEI, SAGEM, Administration, etc) à hâter encore plus le pas.

On peut même pousser la réflexion plus loin : l’écrit de FratMat peut participer d’une stratégie de diversion de l’opposition, orchestrée par le pouvoir, afin qu’elle relâche sa mobilisation dans la course à la présidentielle. Rien, apparemment, n’est à exclure, dans le pavé jeté par le quotidien gouvernemental. Mais l’hypothèse la plus plausible est qu’incontestablement le processus électoral rencontre des difficultés. N’en déplaise au président ivoirien, Laurent Gbagbo, qui a toujours affiché un optimisme à toute épreuve, l’agenda électoral connait un grand retard préjudiciable à l’ensemble des opérations électorales.

A ce sujet, la conclusion de FratMat est très cinglante : "Il faut tout simplement se rendre à l’évidence, (à moins qu’on ne veuille un scrutin bâclé autant dans son organisation pratique que dans sa préparation technique), qu’il n’est pas possible de tenir le pari du 30 novembre prochain". Bâcler la présidentielle ou ne pas la tenir du tout au 30 novembre, telle semble être l’alternative qui se présente à la Côte d’Ivoire. La deuxième option, celle du report, pourrait être privilégiée si d’aventure rien n’est prêt le 30 novembre.

Même s’il semble manifester une impatience à affronter les urnes, afin de retrouver une nouvelle légitimité, tout report n’arrange en définitive que Laurent Gbagbo. Et, dans une certaine mesure, le premier ministre Guillaume Soro. Car, tant qu’il n’ y aura pas d’élection, Gbagbo sera toujours président et les autres dans l’opposition.

Bien que sa marge de manoeuvre soit relativement limitée, la position de Gbagbo est donc bien plus confortable que celle de ses concurrents à la présidentielle. On pourrait penser qu’il ne fait rien pour hâter les choses. Alors qu’il a proclamé la fin de la guerre depuis plus d’un an, il n’a pas su ou pu organiser l’élection qui sortira la Côte d’Ivoire de la crise. Il est allé de symboles en symboles, jusqu’à ce que la réalité le rattrape, brutale : ce probable report de la présidentielle du 30 novembre.

Par Mahorou KANAZOE
Le Pays

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