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Drame sur le site aurifère de Konkèra : 34 morts, 2 rescapés

Publié le mardi 12 août 2008 à 11h57min

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34 morts et 2 rescapés. C’est le lourd bilan du drame qui s’est produit dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 août 2008, sur le site aurifère artisanal de Konkèra, village situé à 15 km de Batié, chef-lieu de la province du Noumbiel. Les orpailleurs, fauchés par la mort, en opérant clandestinement, ont perdu la vie par suite de noyade dans les galeries de la mine d’or envahie par une rivière en crue des suites d’une forte pluie.

Vu l’ampleur de cette catastrophe minière, une délégation gouvernementale de quatre ministres s’est rendue sur place, le dimanche 10 août, pour exprimer la compassion du président du Faso et de l’exécutif aux populations attristées.
Les 34 orpailleurs morts que toute la population de Konkèra pleure depuis ce drame se sont introduits clandestinement dans la mine d’or fermée avec interdiction formelle d’exploitation de mi-juin à fin octobre, le temps de l’hivernage. En cette nuit du vendredi 8 au samedi 9 août où une forte pluie a commencé à s’abattre sur Konkèra après leur intrusion et à leur insu, ils n’ont pas trouvé cette fois-ci l’or qui leur rapporte gros mais plutôt… la mort. Mais que s’est-il passé réellement pour qu’on en arrive là ?

La réponse est partagée par les autorités locales et l’équipe des sapeurs-pompiers. “Ce sont l’aménagement du site aurifère et l’entêtement des orpailleurs à braver la mesure de la fermeture provisoire qui en sont les principales causes”, a par exemple expliqué le haut-commissaire de la province du Noumbiel, Mahamane Miampo. Il a expliqué que les orpailleurs ont dévié la rivière par un canal pour exploiter une partie de son lit à des fins aurifères. Et comme la pluie de la nuit du drame a été forte, la rivière a débordé et ses eaux ont fait céder le canal fragilisé par les activités minières pour reprendre leur cours normal. M. Miampo a précisé que c’est ce qui a occasionné l’envahissement du trou de la mine et noyé les orpailleurs surpris par le courant d’eau dans les galeries. “Nous avons d’ailleurs attiré l’attention des orpailleurs sur ce système de canalisation, mais ils se sont toujours montrés confiants”, a-t-il pourtant souligné. Et le premier adjoint au maire de la commune rurale de Boussoukoula dont Konkêra relève, Homité Hien, d’insister que “certains orpailleurs du site à l’image de ceux qui ont perdu la vie, indisciplinés, continuent d’opérer clandestinement sur le site même après sa fermeture provisoire”.

Dans le même sens, le préfet de Boussoukoula, Adama Zalla, fera remarquer qu’“ayant constaté ces activités minières illégales et dangereuses, nous avons plusieurs fois procédé à des sensibilisations sur les dangers qu’il y a à travailler sur une mine d’or en temps d’hivernage, mais rien n’y fit. Ce drame regrettable aurait pu être évité si ces orpailleurs ne s’étaient pas entêtés”. Si les autorités locales n’envisagent pas pour l’instant une fermeture définitive du site malgré cette situation, le haut-commissaire du Noumbiel, Mahamane Miampo prévient : “Si des orpailleurs continuent à opérer clandestinement, nous allons faire appel aux forces de l’ordre pour les réprimer”. Le mal étant fait, les autorités locales alertées par la police dont le gouverneur de la région du Sud-Ouest, Pascal Sawadogo, ont fait appel aux sapeurs-pompiers de Bobo-Dioulasso, le samedi 9 août dans la matinée. Ceux-ci ont relayé les orpailleurs. Les orpailleurs, organisés avant l’arrivée des soldats du feu, avaient en effet réussi, à l’aide d’une motopompe, à vider en partie l’eau de la mine pour en extraire même un corps.

Deux rescapés dont un introuvable

A l’exception des 34 morts identifiés, tous des jeunes de moins de 35 ans selon un orpailleur qui a requis l’anonymat, inhumés sur place sur instruction du procureur du Faso du Tribunal de grande instance de Gaoua, deux orpailleurs ont survécu au drame. Ces rescapés dont nous n’avons pas pu obtenir les identités seraient profondément troublés selon les témoignages. “Deux orpailleurs ont survécu, mais leur cas est inquiétant car ils sont très marqués par ce qui s’est passé. L’un s’est enfui et est introuvable depuis lors et l’autre a piqué une crise de folie et a été remis aux siens dans un village environnant”, a confié le représentant des exploitants du site découvert courant janvier-février 2008, Abdoulaye Torodo. Voilà donc Konkèra, cette bourgade de 10 000 âmes en deuil avec des orpailleurs choqués et des familles impuissantes, condamnées à regretter la perte des leurs. La plupart des orpailleurs (ils valent un millier et viennent d’autres sites aurifères de la région du Sud-Ouest) très touchés par ce drame, ont le moral en berne.

Kassouma Bayiri, orpailleur depuis des années, est “hors de lui et redoute déjà une fermeture définitive du site à cause de la situation. Ce qui les réduirait au chômage”. Pour Boubacary Dambina, acheteur d’or d’un âge avancé, si cette situation singulière est arrivée, “c’est parce que les victimes ont bravé leur interdit de toujours, travailler un vendredi”. Si les orpailleurs sont très affligés, les familles des victimes sont inconsolables. Comme l’adjudant-chef major à la retraite, Diagnoagoa Diabouga, qui a fait le déplacement depuis Ouagadougou pour rendre hommage à un de ses proches parmi les victimes. Il s’agit de son neveu Moussa Diabouga qui entrait dans sa 28e année. “C’est la consternation totale. J’ai perdu un être cher et c’est un coup dur”, a-t-il lâché. De l’avis du lieutenant-colonel Domadji Karambiri de la Brigade nationale des sapeurs-pompiers (BNSP), “trois personnes proches des victimes choquées, ont piqué des crises et ont été évacuées au Centre médical avec antenne chirurgicale (CMA) de Batié”. Le chef de cette structure sanitaire, le Dr Issa Compaoré, nous a rassuré que “ces personnes ont été soignées et sont saines et sauves. Elles ont même été libérées”.

4 ministres aux côtés des populations

Informé, le gouvernement a dépêché quatre ministres, le dimanche 10 août, pour soutenir moralement les populations de Konkèra. Accompagnés du gouverneur de la région du Sud-Ouest, Pascal Sawadogo et du commandant de la BNSP, Silas Keïta, ces ministres que sont Pascaline Tamini de l’Action sociale et de la Solidarité nationale, Hyppolite Lingani des Infrastructures et du Désenclavement, Filippe Savadogo de la Culture, du Tourisme et de la Communication et Soungalo Ouattara, ministre délégué chargé des Collectivités territoriales, se sont d’abord rendus sur le site aurifère de Konkèra. Plusieurs activités lucratives gravitent autour de cette activité et tout un village spontané s’y est installé. Accueillis par une foule d’orpailleurs attristés, ces émissaires de haut niveau ont été mis au parfum des circonstances du drame. Après quoi, ils se sont adressés aux populations à qui ils ont exprimé “la compassion et la solidarité du chef de l’Etat et du gouvernement”. Ils se sont également déportés au cimetière (non loin de la mine d’or) où les 34 corps ont été inhumés, pour rendre hommage aux disparus. Le chef de la délégation gouvernementale, la ministre Pascaline Tamini, a appelé les orpailleurs qui font un travail d’intérêt socioéconomique, à respecter les mesures prises pour éviter de tels drames à l’avenir. Elle a enfin souligné que “ce drame est l’une des plus grandes catastrophes minières que le Burkina ait connues après l’éboulement de la mine d’or de Poura”.

Kader Patrick KARANTAO (stkaderonline@yahoo.fr)


Mort de 34 orpailleurs à Konkèra : Le gouvernement explique ...

Suite au drame survenu dans la nuit du 8 au 9 août 2008 sur le site d’orpaillage de Konkèra dans la commune rurale de Boussoukoula province du Noumbiel, une équipe gouvernementale de quatre (4) ministres ont animé un point de presse, lundi 11 août 2008 à Ouagadougou, pour éclairer l’opinion publique sur cette catastrophe. Elle a appelé de tous ses vœux au respect des textes règlementant les activités minières, surtout en cette période de saison des pluies.

Filippe Savadogo de la Culture, du Tourisme, de la Communication et porte-parole du gouvernement, Pascaline Tamini de l’Action sociale et de la Solidarité nationale, Hippolyte Lingani des Infrastructures et du Désenclavement et Soungalo Ouattara des Collectivités locales ont rencontré, lundi 11 août 2008 à Ouagadougou, les médias burkinabè et étrangers pour faire la "lumière" sur le drame de Konkèra où trente quatre (34) orpailleurs ont péri dans la nuit du 8 au 9 août 2008. D’entrée, les membres du gouvernement ont tenu à préciser que ces pertes en vies humaines sont dues à une noyade et non à un éboulement. Selon le ministre délégué aux Collectivités locales, Soungalo Ouattara, le village de Konkèra situé à 500 kilomètres de Ouagadougou dans la province du Noumbiel (région du Sud-Ouest a enregistré le jour de l’accident une forte pluie d’environ 96 millimètres d’eau.

Et ce sont les flots qui ont surpris les orpailleurs qui se sont introduits clandestinement entre 24h et 2h du matin dans les puits. Les sapeurs-pompiers venus de Bobo-Dioulasso ont dû pomper l’eau avant d’extraire les corps.

"Sur les 36 personnes prises au piège des eaux, l’on dénombre 34 morts et 2 rescapés. L’un des survivants blessé a été conduit à l’hôpital de Gaoua et l’autre ayant perdu ses facultés mentales a pris la clé des champs", a précisé la ministre de l’Action sociale et de la Solidarité nationale, Pascaline Tamini. "Quelles sont les mesures prises par le gouvernement pour prévenir de tels drames sur les sites d’orpaillage ?", "pourquoi les pouvoirs publics n’ont pas appliqué à la lettre les dispositions de l’arrêté conjoint des ministres en charge des Mines et de l’Administration territoriale fermant les sites aurifères du 30 juin au 30 septembre ?", "quelle attitude faut-il adopter après le drame de Konkèra ?". Telles sont les principales préoccupations des hommes des médias.

Face à ces interrogations, le ministre Soungalo Ouattara a rassuré que des mesures normatives (l’existence du décret conjoint), préventives (présence des forces de sécurité sur les sites) et des actions de sensibilisation ont été initiées par le gouvernement pour prévenir les accidents sur les sites aurifères. "Le préfet et le maire de Boussoukoula ont rencontré les orpailleurs au mois de juin pour le respect des dispositions du décret conjoint. Après cette notification, le préfet est retourné sur les
lieux le 29 juillet pour un rappel. Et le jour du drame, il était encore sur les lieux pour la même question", a-t-il souligné. Et le porte-parole du gouvernement, Filippe Savadogo d’ajouter : "le Burkina Faso est un jeune pays dans le domaine minier. La quête permanente de l’application des lois est un souci majeur du gouvernement".

Pour la ministre Tamini, dès le drame, des dispositions ont été prises pour l’inhumation des corps dans des conditions humaines, porter la "mauvaise nouvelle" aux familles des victimes qui ne sont pas des autochtones de la localité, les accueillir pour les visites des tombes. Elle a avoué son grand étonnement face au développement démagraphique subit du village spontané. "Le site d’orpaillage qui a vu le jour en janvier 2008 compte déjà dix mille habitants. Ce regroupement nécessite des mesures conséquentes d’accompagnement", a reconnu Mme Tamini. Les quatre ministres ont loué la promptitude avec laquelle les forces de sécurité et de protection civile, les populations riveraines et les autorités locales ont réagi face au drame de Konkèra.

Ils ont annoncé que le gouvernement va poursuivre ses efforts de responsabilisation des populations à la base, pour assurer la sécurité à, tous les niveaux sur les sites d’orpaillage. Konkèra fait partie des 129 périmètres aurifères bénéficiant d’une autorisation d’exploitation dont jouit le concessionnaire privé Seydou Sawadogo. Pour l’animation du point de presse du lundi 11 août 2008, l’équipe gouvernementale a été assistée par le secrétaire général du ministère des Mines, le chef d’Etat-major des sapeurs-pompiers et le directeur général des Mines.

Jolivet Emmaüs (joliv_et@yahoo.fr)
Hermann GOUMBRI

Sidwaya

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