« C’est quoi, tout ce fatras de mots ? », vous demanderez-vous. Du cinéma, bien sûr ! Pure fiction donc pour ce qui précède, mais triste réalité constatée, la semaine dernière, au sommet de l’Etat guinéen. Film des événements.

Dimanche 3 août. Dans la journée. Les Guinéennes apprennent, par voix des ondes, le contenu d’un décret nommant Sam Mamady Soumah au poste de ministre d’Etat chargé des Activités présidentielles. Une fonction jusqu’alors inexistante. Le chef de l’Etat, Lansana Conté, et son Premier ministre, Ahmed Tidiane Souaré, apprennent le communiqué au même moment que leurs concitoyens, ni l’un ni l’autre n’étant signataire du fameux document. A l’origine de cette zizanie, le directeur du protocole d’Etat, Idrissa Thiam, protégé favori de la troisième épouse du président, Hadja Asmao Conté. Une décision prise par le clan de cette dernière pour laver l’affront précédemment fait a un de ses membres, le même Sam Mamady Soum, relégué, deux jours avant, de sa charge de Secrétaire général de la présidence au poste de DG de la Caisse nationale de sécurité sociale.

Lundi 3 août. Pan ! Un autre décret, commandité par un clan rival, organisé autour d’une autre des quatre premières dames guinéennes, renvoie « le DG de la CNNS », entendez par là Sam Mamady Soum, pour abandon de poste. Mercredi 5 août. Lansana Conté se débarrasse de son directeur du Protocole « pour faute grave ». Au sommet de l’Etat guinéen, ou du moins de ce qui est considéré comme tel, règne un bordel indescriptible, qui ne surprend personne. Depuis qu’il est perclus de maladies dans son village de Wawa, le général Conté, au pouvoir depuis vingt-quatre ans, règne sans avoir la réalité du pouvoir.

Il assiste, impuissant, à la guerre d’héritage et de positionnement, que se livrent ses épouses, par personnalités politiques interposées, dans la perspective d’une soudaine vacance du pouvoir. Une ambiance de fin de règne qui a transformé la Guinée en bateau ivre sans capitaine. Les matelots, quant à eux, sont plus préoccupés par le pillage des réserves de nourriture que par le sauvetage du navire.

L’Observateur