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Le SIG : un an

Publié le mercredi 6 août 2008 à 11h42min

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Kloutan Samaté, directeur du SIG

Hors des sentiers battus. Ce que le vent des réformes aura amené dans la série des réformes institutionnelles c’est sans doute l’érection d’un Service d’information du gouvernement (SIG) allant dans le sens d’un renforcement de la gouvernance. L’Autorité supérieure du contrôle d’Etat aura donné ce ton dans la maîtrise d’une plus grande capacité de suivi de l’appareil d’Etat et de ses ressources.

Sédimenter une stratégie

Sur le plan de la communication, le SIG jouera un rôle allant dans le sens de l’ossification de l’action gouvernementale. En vérité, l’argumentaire est tout évident. A l’expérience, dans un monde tout voué aux inférences de l’image, où tout est lié à la manière dont les projets de société sont présentés et expliqués, les politiques ne peuvent performer en se passant de la communication. Dans bien de cas, on a observé dans la mise en œuvre du développement des décennies qui ont succédé aux indépendances que beaucoup de projets ne sont pas parvenus à leurs objectifs non en raison de la justesse de leur orientation, mais parce que la communication aurait fait défaut, alors que c’est l’exigence de toute structure humaine de sécréter des créneaux, des circuits d’information à la taille de son dynamisme.

Dans le contexte qui est le nôtre, il convient de se demander comment favoriser un meilleur dialogue entre les administrés et les institutions républicaines. Comment travailler de manière à permettre un dialogue productif car, c’est vérifié, c’est l’absence du commerce des idées qui attise la rumeur, toute chose qui constitue un danger pour la démocratie.

Les ambitions du SIG

En dehors des missions traditionnelles assignées au département, on peut sans risque de se tromper insinuer que la tendance a souvent consisté à une gestion rituelle du quotidien et on fait fi de justifier un cadre administratif qui s’en tient au conventionnel. Or il en faut plus. La communication participe de la gestion d’Etat, et gouverner c’est prévoir.
Comment doter chaque département d’un réseau de communication de manière à créer une synergie ? Comment donner de la lisibilité aux programmes sectoriels et aux grandes orientations qui engagent la République ?

Pour répondre à toutes ces questions, c’est une organisation qui a été mise en place à travers le SIG avec pour mission de donner éclairage aux actions du gouvernement, de contribuer au rayonnement de notre pays par une meilleure connaissance de ces potentialités. C’est au SIG qu’il incombera désormais de manière spécifique de mettre le gouvernement en relation avec les médias, d’assurer un travail de veille de manière à jouer un rôle d’anticipation. La mise en œuvre de ses missions devra s’accompagner d’un souci d’évaluation de ses impacts par un recours aux jauges que sont entre autres les sondages et les investigations d’opinions. De même, on devrait pouvoir maximaliser les immenses ressources qu’offre à notre époque le support désormais incontournable des technologies de l’information en offrant des sites performants aux secteurs d’activités du gouvernement.

Une action discrète

Cela fera un an que le SIG a travaillé à asseoir ses structures de fonctionnement. En tirant les leçons de douze mois d’expérimentation, il va davantage accroître ses capacités de déploiement par une meilleure publication des décisions gouvernementales, par une augmentation des points de presse régulièrement organisés aux fins de clarifier les grandes décisions.

Le SIG va être une référence pour contenir l’essentiel des documents importants sur le pays. Il intégrera dans les bonnes mœurs administratives l’agenda du gouvernement qui situera dans le temps les repères de l’action gouvernementale. Ce sera ainsi une méthode rationnelle de programmation et une volonté d’impliquer les différents partenaires qui ont pour souci d’accompagner le Burkina dans son évolution.
Mais ces attributions ne doivent pas demeurer intangibles. L’éventail de son champ d’action reste ouvert et se prête à toute forme d’assistance en matière de communication.

La création du SIG est un besoin si on se réfère aux immenses chantiers dans lesquels son action s’avère utile.
L’exigence de la permanence afin de contribuer à un éclairage des publics, le SIG a perçu comme une exigence incontournable l’institution d’un club de la presse qui compte en son sein des communicateurs confirmés.

La mission dévolue à cette structure est d’asseoir un podium d’échanges sur les questions d’actualité qui préoccupent une large partie de l’opinion. La composition est représentative du paysage médiatique de notre landerneau dans la mesure où il associe les titres les plus expressifs du moment.

Le club de la presse devra œuvrer à favoriser une culture de l’excellence dans la pratique du métier de presse souvent victime d’intérêts divers et aquatiques.
D’ores et déjà, on peut se réjouir de ses nobles intentions dont les premières sorties donnent à espérer dont notamment lors du bilan des 365 jours du Premier ministre Tertius Zongo.

Poursuivre et résolument

Pourquoi innover ? Pourquoi réformer alors qu’on aurait pu se contenter des fonctions régaliennes de la communication et se donner bonne conscience de se satisfaire du quotidien ? Pourquoi prendre le risque d’initier le pari de l’incertain alors qu’on aurait pu, à l’instar des acteurs de La Case de l’oncle Tom, se contenter du factuel des cérémonies ouvertures-clôtures, comme ces générations de couleur de Virginie dans les cotonniers, timorées par le servage qui ne voyaient plus des raisons de changer ?
C’est au port que les bateaux sont en sécurité, mais ce n’est pas là qu’ils sont faits pour rester.

Il est nécessaire d’appuyer cette réaction qui demeure une des innovations majeures des dernières décennies en matière de communication. Il conviendrait d’en avoir une juste compréhension en se départissant de ces vieux réflexes tendant à rendre suspect tout ce qui vient des institutions. Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Epauler le SIG c’est contribuer à ancrer la communication dans les sillons de la démocratie à travers un dialogue social par le partage de la parole. La démocratie n’est rien d’autre que la capacité des hommes à exercer le maximum de contrôle sur leur environnement. Cet environnement peut être politique, économique. Il peut être social ou culturel...
Plus que jamais, la communication est interpellée pour raffermir des programmes de développement à travers une structure dont l’instauration est encore rarissime en Afrique.

En visionnaire, les grands commis de l’Etat burkinabè font le pari d’associer pleinement la communication au développement, convaincus que les problèmes de développement sont aussi des questions de communication. Or la culture et l’éducation sont au cœur de la communication. Agir sur la communication c’est actionner le développement parce que c’est de la qualité des hommes que naissent les richesses indispensables au bien-être et non le contraire.

Pour ainsi dire, c’est de l’impact de la communication qu’essoreront nos chances d’émancipation. Or, le programme actuel pour lequel s’est investi l’équipe gouvernementale entend par la communication promouvoir une économie compétitive, un capital humain, une autorité de l’Etat, une gouvernance et un rayonnement du Burkina qui se joueront sur la dynamique des échanges.

Jacques Prosper BAZIE

Sidwaya

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