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Crise universitaire : Il faut des solutions de fermeté pour sauver l’année universitaire

Publié le mardi 5 août 2008 à 12h37min

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Les conditions de vie et d’études étaient-elles si difficiles dans les universités de Ouagadougou au point que l’ANEB ait radicalisé sa lutte pour finir par perturber l’achèvement de l’année académique ? Il est vrai que lorsqu’on engage une lutte, il faut s’attendre à tout. Les délégués ANEB me diront que toute lutte nécessite renoncements et sacrifices. Encore faut-il y adhérer. Or, au regard de l’évolution de la crise, nombreux sont les étudiants qui n’y comprennent pas grande chose, mais sont obligés d’en subir les conséquences.

Dans la situation actuelle des choses (fermeture des universités Ouaga I et II), il n’est plus besoin de revenir sur les responsabilités fautives des différents protagonistes de la crise mais plutôt de participer à la recherche de solutions idoines afin de favoriser une reprise sereine des cours. Dans cette perspective d’une sortie de crise, après analyse, nous demandons à l’ANEB trois choses capitales : D’abord, elle doit civiliser ses méthodes de lutte et chercher à consolider les acquis. Ceci requiert qu’elle admette ne pas avoir le monopole de la pensée pour accepter les opinions contraires des autres.

La plus grave insulte qu’on puisse faire à un étudiant, c’est de l’empêcher d’exprimer son point de vue, fruit de son raisonnement. Ensuite elle doit être objective dans ses revendications, si son intention est de mener une lutte au bénéfice des étudiants. Il est certain que les conditions d’études et de vie ne sont pas roses sur le campus de Zogona. Mais cette réalité ne saurait en aucun cas expliquer cette situation de crise à quelques semaines de la fin de l’année académique. En effet, la plate-forme revendicative de l’ANEB se fonde sur les points relatifs aux dérogations, aux infrastructures, aux franchises universitaires, à l’augmentation de l’aide et de la bourse. Autant des points de cette plate-forme gagneraient à être résolus, comme le problème d’équipement des laboratoires, des bibliothèques, autant la satisfaction de certaines revendications demande de la patience du fait de leur complexité et l’ANEB en a très bien conscience.

Par exemple, la question des capacités d’accueil au regard des effectifs et des dérogations. Monsieur Moumouni DERRA, actuel Président de l’ANEB, convenez avec nous que, l’obtention de la dérogation (autorisation exceptionnelle à s’inscrire accordée à un étudiant qui a perdu ses droits à l’inscription conformément aux textes en vigueur) n’est pas un droit. De même, la relecture des conditions d’octroi des dérogations relève plus des prérogatives du corps enseignant. Vous êtes censés savoir également que les dérogations doivent également tenir compte de la capacité d’accueil. Permettez-nous de vous rappeler ou de vous informer que le problème des effectifs s’est posé avec acuité au lendemain de l’année invalidée (en 2000), savamment orchestrée et menée par vos aînés. Alors, il faut savoir raison garder dans vos revendications.

Enfin, l’ANEB doit arrêter de se laisser instrumentaliser par certaines organisations politiques surtout celles clandestines. Elle peut soutenir tout à fait le contraire et clamer son innocence partout mais il reste entendu que le soutien qu’elle reçoit de certaines formations politiques est assez expressif et ses liens suspects aussi connus des étudiants. Quand elle s’attaque au pouvoir de la 4e république, appelle les étudiants à participer aux marches meetings organisées à la bourse du travail… Cela en dit long sur les intentions inavouées de l’ANEB. C’est fort de ces observations, que les étudiants que nous sommes, devons savoir ce que nous voulons. Nous sommes nombreux, à ne pas partager l’allure et les méthodes de la lutte engagée par l’ANEB, mais nous nous laissons guider par une minorité spécialisée dans le terrorisme intellectuel. Nous serons seuls, comptables de notre malheur, si d’aventure, nous restons toujours dans ce mutisme.

Aux autorités universitaires, il est grand temps de vous assumer. L’université est le temple du savoir, pas la bande de Gaza. Nul ne doit entrer et sortir de l’université à sa guise. C’est pourquoi, nous aurons souhaité qu’à l’instar des autres universités de la sous-région, la nôtre soit clôturée. Il y va du respect de l’institution et de la sécurité des biens et des personnes sur cet espace. Voyons autour de nous comment les établissements secondaires et primaires sont construits avec des clôtures et pourquoi pas l’Université ?

De même, la police universitaire est une nécessité pour filtrer les entrées. Il n’est pas normal que l’université devienne un patrimoine privé de l’ANEB qui, au nom des étudiants imprime sa marque et se met au-dessus de la république pour régner sans partage avec des méthodes anti-démocratiques. L’accès à l’université doit être réglementé et surveillé car, ceux qui y sont doivent mériter l’attention et la protection de la part de nos autorités. L’espace universitaire ne doit pas être un raccourci pour les taximen ou à des usagers non identifiés. Combien de cyclomoteurs ont-ils été volés à l’Université ? En outre, la présidence de l’Université gagnerait à communiquer davantage sur ses actions. J’insiste pour dire que la communication à l’Université doit être soignée au vu même de sa nature (milieu intellectuel et contestataire). Il a fallu une crise pour que les chiffres sortent aussi bien sur le nombre des dérogations accordées que des réalisations au niveau des infrastructures. Dans ce contexte, il est difficile de se faire comprendre par l’opinion publique, même étant de bonne foi.

Pour l’heure, nous espérons que le gouvernement burkinabé saura apprécier à sa juste valeur la situation qui prévaut et trouver la thérapie adaptée afin de nous éviter ces crises récurrentes et surtout de créer les conditions meilleures pour une reprise sans délais des cours dans les universités de Ouagadougou.

Marcel KOURAOGO, Étudiant en 3ème cycle d’histoire africaine Université de Ouagadougou I

L’Hebdo

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