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Une semaine ivoiro-burkinabè intense

Publié le lundi 4 août 2008 à 10h24min

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La semaine écoulée a été marquée par la visite officielle du chef de l’Etat ivoirien M. Koudou Laurent Gbagbo dans notre pays. Du 27 au 29 juillet 2008, Laurent Gbagbo, qui est loin d’être à son premier séjour ou à sa première visite de travail au Burkina Faso a reçu un hommage exceptionnel, digne des hôtes de marque de la République.

Accueil sur le tarmac de l’aéroport par le président du Faso et le tout-Etat, tapis rouge, tir de 21 coups de canon, remise de bouquet de fleurs, exécution des hymnes nationaux, cortège présidentiel, dîner officiel et échange de toasts, décoration de la Grand-croix de l’Ordre national, adresse à l’Assemblée nationale, visite touristique du site de sculpture granitique de Laongo, accueil à la résidence privée du président du Faso à Ziniaré, signatures d’un Traité d’amitié et de coopération et d’un communiqué conjoint…Tous les ingrédients d’une visite d’Etat ont été réunis pour réserver au numéro un ivoirien un accueil de première classe.

C’est que le contexte a radicalement changé par rapport aux vicissitudes d’un certain passé pas très lointain. En effet, de septembre 2002, date du déclenchement de la guerre civile ivoirienne jusqu’à la signature le 4 mars 2007 à Ouagadougou de l’Accord politique global entre le pouvoir ivoirien et l’ex- rébellion des Forces nouvelles, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Les protagonistes de la crise qui, après des combats meurtriers, des déplacements massifs de populations et des charniers horribles, se regardaient en chiens de faïence, semblaient avoir épuisé tous les recours de paix possibles. Les multiples tentatives de médiation organisées aux quatre coins de l’Afrique et du monde paraissaient alors vaines, tant la tension, les accusations et les rancœurs étaient portées à leur paroxysme. Un doigt accusateur était pointé en direction de Ouagadougou, l’accablant de tous les péchés du monde, image du bouc émissaire parfait. Accra I, II et III ; Lomé, Linas Marcoussis ; Pretoria…, des rendez-vous de la paix manqués.

Avec l’Accord politique de Ouagadougou, conclu le 4 mars 2007, on revient vraiment de loin. Entre temps, la flamme de la paix, dont le premier anniversaire a été célébré le 30 juillet dernier à Bouaké en présence des deux chefs d’Etat, a été allumée pour consumer les armes des belligérants et pour symboliser le retour à la paix. Désormais, épées, lances et tout autre armement de guerre serviront à forger des socs de charrue pour labourer les champs et des faucilles pour récolter la moisson.

C’est pourquoi, le retour de l’ami de longue date qui marque le réchauffement des rapports entre le Burkina Faso et la Côte-d’Ivoire a de quoi émouvoir et réveiller des sentiments indestructibles et spéciaux auxquels on n’aurait jamais dû s’attaquer. Aussi, la bête immonde de l’ethnicisme, de la xénophobie et de l’exclusion devrait être traquée et anéantie, afin que plus jamais, elle ne sème la zizanie et la discorde entre les populations.

Les historiens ne disent-ils pas que « les peuples qui occupent aujourd’hui les territoires de la Côte-d’Ivoire et du Burkina Faso ont entretenu des relations privilégiées avant la pénétration coloniale » ? L’économie de traite a même accéléré le brassage des deux populations et les indépendances n’ont jamais ralenti leur dynamique d’intégration.
En rappelant devant les députés de l’Assemblée nationale burkinabè le 28 juillet dernier que Burkinabè et Ivoiriens sont unis par leur histoire, leur géographie et leur culture, et que les deux pays entretiennent des rapports qui échappent à la raison, l’historien et homme d’Etat Laurent Gbagbo a affirmé une évidence. Le président Blaise Compaoré, qui a très tôt compris cette donne a joué tout son va-tout pour la conclusion de l’Accord de Ouagadougou qui a ramené la paix entre les belligérants et qui permet d’envisager les élections présidentielles le 30 novembre prochain.

En déclarant du haut de la tribune de la représentation nationale burkinabè qu’ " il faut que l’axe Yamoussoukro-Ouagadougou devienne l’axe central de la construction de l’Afrique de l’Ouest", le président Gbagbo a annoncé en même temps un nouveau jour pour les rapports ivoiro-burkinabè. La conclusion du Traité d’amitié et de coopération entre le Burkina Faso et la République de Côte-d’Ivoire le 29 juillet dernier traduit cette nouvelle donne. Ce traité inédit, qui se veut un cadre de concertation permanent, vise à mettre en place un partenariat dynamique pour garantir la paix et la prospérité entre les deux pays et pour intensifier leur coopération dans divers domaines. Assurément, une semaine ivoiro-burkinabè intense et riche qui semble avoir tenu toutes ses promesses.

La tempête d’hier est passée, loin derrière nous, faisant désormais place au calme et à la sérénité des cœurs. Même si tout cela se déroule dans un contexte de crise mondiale dans le domaine énergétique et alimentaire qui a engendré le phénomène de la vie chère, difficile pour les populations. Mais n’est-ce pas en étant unis et solidaires qu’on devient plus fort pour affronter l’adversité ?

Si la semaine écoulée est à marquer d’une pierre blanche dans les relations entre les deux pays, cette semaine qui commence est également d’une portée hautement significative. Les 5 et 7 août, le Burkina Faso et la Côte-d’Ivoire célèbrent le 48ème anniversaire de leur indépendance respective, proclamée en 1960. Moment fort dans la vie des Nations, les fêtes commémoratives sont des temps propices à la réflexion, à l’introspection et au bilan. Bonne fête à tous les frères ivoiriens et burkinabè !

Par Jean-Paul KONSEIBO

Sidwaya

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