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Remaniement : De l’encre et de la salive pour un jeu d’échecs au sommet

Publié le lundi 4 août 2008 à 10h31min

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Jamais une rumeur de remaniement ministériel n’a autant couru dans les rues de Ouaga. Et il semble que ce n’est pas seulement dans la capitale que l’on se livre à ce jeu de pronostics de pari mutuel. Même en province des listes de membres du futur probable gouvernement circulent de bouche à oreille.

Cet intérêt soudain des citoyens lambda mérite bien une étude pour une thèse de doctorat. Les sociologues et les férus de sciences-po ont là de la matière pour éclairer la lanterne des citoyens sur les motivations de ces supputations aux allures de refoulement collectif. Que se passe-t-il pour que tous les Burkinabè, soudain, déversent encre et salive pour un jeu d’échecs qui, jusque-là, n’était qu’un simple exercice au sommet de l’État ? Du reste, il n’y a pas longtemps, les résultats des micros-trottoirs étaient invariablement les mêmes : qu’importe les hommes que l’on place, l’essentiel est qu’ils répondent aux aspirations des populations. En clair, tant qu’il peut manger à sa faim, boire à sa soif, se loger, se soigner, éduquer ses enfants et se distraire, le citoyen n’a que faire de la frimousse ou de la couleur de la pensée de ceux qui occupent les postes ministériels.

Le phénomène que l’on observe depuis quelques mois est-il dû à l’effet du quinquennat un peu court pour donner du répit aux compétitions électorales ou une réelle envie de changement ? Sans le vouloir, Testicus Zorro, dans ses envolées lyriques, a mis de l’eau à la bouche de bon nombre de ses concitoyens pour l’avènement d’une société d’espérance, tant et si bien que son premier attelage n’a pas semblé être celui qui devrait conduire vers la terre promise. La IVe République, dans sa propension à prendre les mêmes pour recommencer, a fini par lasser plus d’un. Ce besoin de changement, voire de rajeunissement, a même eu cours au sein du parti majoritaire où des jeunes loups ont montré des dents longues.

Autre raison de cette effervescence, le trop grand nombre de partis à l’opposition comme à la mouvance présidentielle. Quand on sait qu’un parti est créé pour la conquête du pouvoir d’État, le pays des Hommes intègres est donc un lac de plus d’une centaine de crocodiles. Les fauteuils ministériels deviennent alors des poulets de sacrifice en nombre insuffisant face à des appétits voraces. C’est sans doute de ce côté qu’il faut rechercher les bûches qui attisent les faux vrais besoins de changement qui visent moins le travail ou la recherche des résultats que la satisfaction d’ambitions personnelles.

En ajoutant à cela le très probable départ d’un membre de l’exécutif appelé à d’autres fonctions, tous les ingrédients sont réunis pour allumer la mèche du chamboulement. A l’état actuel des choses, l’exécutif burkinabè peut-il ne pas être remanié ? S’il ne le fait pas, Testicus va décevoir ceux qui croient en lui ; à moins qu’il ne fasse une de ces sorties médiatiques dont il a le secret pour convaincre les plus impatients que ce n’est ni l’heure ni le moment d’une retouche. Quelle que soit la fin du suspense actuel, si pour « ce » remaniement ministériel on devait faire appel à un corps électoral, la CENI n’aurait pas besoin de faire de la pub pour les inscriptions sur les listes et encore moins pour l’inviter aux urnes.

Journal du jeudi

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