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Jacob Zuma : A nouveau devant les juges

Publié le lundi 4 août 2008 à 10h00min

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Sauf report de dernière minute, Jacob Zuma devrait être présentement en train de s’expliquer devant ses juges .Et comme on le sait, le favori pour la présidentielle de 2009 en Afrique du Sud a perdu le jeudi 31 juillet dernier son dernier recours, avant son procès pour corruption, la Cour constitutionnelle ayant refusé d’invalider les documents à charge

Jacob Zuma , 63 ans, figure aussi controversée que populaire, est soupçonné d’avoir sollicité, via son conseiller financier, Schabir Shaik, des pots-de-vin d’un montant de 500 000 rands (environ 26 millions CFA) par an, auprès de la succursale sud-africaine de Thalès Thint, pour empêcher que l’entreprise soit inquiétée dans une enquête sur un contrat d’armement.

On se souvient aussi que ce tribun Zoulou, candidat à la succession de Thabo Mbéki, avait été jugé pour viol d’une jeune femme séropositive de 31 ans à son domicile de Johannesburg, en novembre 2007. Tout en reconnaissant avoir eu des rapports sexuels avec elle, Zuma avait néanmoins précisé que c’était des rapports consentants et, pour ce faire, il avait été purement et simplement relaxé, et ce, d’autant plus que les incohérences de la plaignante la rendaient peu crédible. Toutefois, le juge n’avait pas manqué l’idoine occasion de réprimander le probable successeur de Mbéki (l’amie Mugabe) pour avoir eu des rapports extraconjugaux avec cette jeune dame qui l’appelait de surcroît "tonton", sans avoir auparavant pris la peine de se prémunir d’un préservatif.

Mais si pour ce premier procès il s’en était tiré à si bon compte, la présente mise en accusation, elle, risque de laisser sur ce polygame et père d’au moins dix enfants de graves séquelles, même si, par bonheur, il était acquitté. En effet, avec cette nouvelle épée de Damoclès qui plane sur sa tête, Jacob Zuma devra jouer serré pour s’en sortir afin de prétendre à la succession de l’actuel N°1 sud africain. Et, pourtant, tout semblait réglé comme sur du papier à musique pour l’actuel patron de l’ANC. Et n’eussent été ses ennuis judiciaires, il aurait sans aucun doute été le troisième chef de chantier d’une nation arc-en-ciel qui se veut la locomotive du continent. C’est dire qu’il avait toutes les cartes en main pour emménager à l’Union Building de Pretoria car de bagout, il n’en manque aucunement.

Vice-président de l’Afrique du Sud depuis 1999, puis président de l’ANC, le parti au pouvoir, il est doté d’une belle légitimité historique et d’une popularité incontestable. Mais rarement, à un si haut niveau de responsabilité, un homme politique aura fait preuve d’autant de légèreté. Si Zuma a l’insigne baraka d’être innocenté une fois de plus, la voie qui mène à l’Union Building est grande ouverte pour lui. Par contre, s’il est condamné lourdement comme l’a été son ami et conseiller financier, Schabir, qui a écopé, lui, de quinze ans de prison, adieu le Palais de la présidence sud-africaine.

Reste que les grands déballages, qui ne manqueront sûrement pas à ce procès, risquent, même s’il n’est pas condamné, de porter sérieusement préjudice à ce solide gaillard à la voix puissante, aux lunettes cerclées de vieil instituteur. Cependant, à entendre ses partisans, Jacob Zuma devra être une fois de plus innocenté ; et ce, d’autant plus que, dans cette affaire de corruption, "il est aussi blanc que neige". Pour ceux qui ne jurent que par lui, il est victime d’une cabale montée de toutes pièces par Mbéki pour éloigner les Zoulou, l’une des plus importantes communautés, du pouvoir d’Etat. C’est vrai que pour plusieurs analystes de la politique sud-africaine, Mbéki ne serait pas tout à fait étranger des ennuis judiciaires de son probable successeur. Et il pourrait se permettre de se frotter les mains et esquisser un large sourire si Zuma venait à être condamné.

Mais comme on le voit, pour la première fois, la donne ethnique s’invite dans ce débat politico-judiciaire, car les Zoulou, dont est issu Zuma, pensent que, bien qu’étant l’ethnie majoritaire, ils ne disposent paradoxalement que de quelques strapontins au niveau de l’administration sud- africaine. Et pour leur enlever toute chance de tenir les manettes du pouvoir, on tenterait de verser du sable dans le couscous de leur champion, Jacob Zuma. Cependant, quoi qu’on dise, c’est un procès qui entend s’inscrire en lettres d’or dans les annales du pays de Nelson Mandela qui, au lendemain de la célébration avec faste de son 90e anniversaire est monté au créneau pour demander aux acteurs politiques d’observer un peu de retenue. Un appel qui serait tombé dans de bonnes oreilles, du moins à en entendre la relation.

Du côté du parti au pouvoir, on ne fait guère mystère de son soutien indéfectible à son leader, Jacob Zuma. D’ailleurs, ce grand parti de la nation arc-en-ciel compte mobiliser ses troupes pour l’ouverture ce matin de ce procès à Pietermaritzburg. Mieux, les avocats du patron de l’ANC ont prévu de déposer une requête dès l’ouverture de l’audience pour son report à une date ultérieure.

C’est dire donc que l’histoire de Zuma, dont l’épilogue est loin d’être écrit, est aussi celle de la jeune démocratie sud- africaine, où s’affrontent des courants politico-ethniques de l’élite noire post-apartheid. Mais, de cette lutte fratricide, de ce difficile partage de l’héritage, l’ANC ne sortira aucunement indemne. Et malin qui saura bien pronostiquer sur la situation socio- politique de ce pays qui reste la locomotive du continent.

La rédaction

L’Observateur

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