JO 2008 : Les chinoiseries de Pékin
Les Jeux olympiques de 2008, ce sera du sport et rien que du sport. Pour le reste, il faudra aller voir ailleurs et tant pis pour les journalistes qui auront envie de faire des reportages extra-sportifs. Si le sujet a surtout un lien avec les droits humains, mieux vaut s’abstenir. Tout est verrouillé et ce n’est pas le CIO (Comité international olympique) qui dira le contraire, lui qui a été piégé par Pékin de la part de qui il a pourtant eu toutes les assurances sur la liberté totale qui serait accordée à la presse.
Les dirigeants chinois n’avaient-ils pas promis lors de l’attribution des jeux et plus récemment en avril dernier que la censure sera levée au moment des jeux, pour les journalistes ? Naïvement, le CIO, qui, aujourd’hui, voit rouge alors que le pays organisateur rit jaune, avait cru aux engagements de la Chine qui était prête à tout pour avoir ses jeux. Côté internet, les journalistes seront donc très limités. Ils ne seront pas du reste les seuls dont la marge de manoeuvre sera très petite, sinon réduite à néant.
Toutes les mesures sont en effet prises par les organisateurs pour museler toutes les formes de liberté d’expression, tant au sein des stades qu’en dehors. Tout contrevenant à ces restrictions est exposé aux amendes et autres détentions en prison. Même loin des JO, Pékin veille au grain. C’est ainsi que "tous ceux qui voudraient mettre en exergue le caractère liberticide et foncièrement anti-droits humains de la Chine" ont été éloignés de la capitale, pendant que les arrestations des dissidents se poursuivent. Même le géant américain n’est pas à l’abri de la foudre made in China. George W. Bush qui a assuré des dissidents, qu’il a reçus, de faire passer leur "message de liberté" à Pékin, a vivement été pris à partie par les dirigeants chinois.
La communauté internationale et les décideurs qui pensaient que l’attribution des JO de 2008 à la Chine, la mettrait ainsi sous le feu des projecteurs et servirait à redresser un tant soit peu la mauvaise santé des droits de l’homme dans le pays du soleil levant, ont donc "tiré à terre", comme on le dit trivialement au Burkina. Faisant preuve d’une grande paranoïa et d’une frilosité sans borne, la Chine ne fait que confirmer qu’elle est un pays très fermé à toute ouverture démocratique. Et ce ne sont pas les JO très aseptisés et que chaque spectateur, selon la formule officielle, regardera "avec joie et en toute sécurité", qui feront une brèche dans la muraille chinoise.
Pourvu que les jeux se déroulent maintenant dans de bonnes conditions sportives et que des records soient battus pour le bonheur des sportifs qui l’animeront dans moins de dix jours. Pierre de Coubertin, le père des Jeux olympiques, l’a dit, "l’essentiel, c’est d’y participer".
Par Morin YAMONGBE
Le Pays