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Grève à l’ASECNA : Le trafic aérien bloqué à partir de demain

Publié le lundi 28 juillet 2008 à 10h26min

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Les contrôleurs aériens de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne (ASECNA) organisent un mouvement appelé « silence radio », du 29 au 31 juillet 2008. L’espace aérien sera fermé aux vols commerciaux pendant cette période. Ils exigent ainsi la satisfaction d’un certain nombre de revendications.

A compter de demain 13h, et cela jusqu’au jeudi 31 juillet à 12h 59 mn TU, les contrôleurs aériens des 17 pays membres de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne (ASECNA) observeront ce qu’ils appellent « un silence radio ». C’est un mouvement qui touche tous les pays membres et fait suite au dépôt d’un préavis de « silence radio » par la Fédération des associations professionnelles de contrôleurs aériens de l’ASECNA (FAPCAA), le 30 juin dernier, pour exiger la satisfaction de cinq points de revendication. Si le mouvement est maintenu, aucun avion ne pourra décoller ni atterrir sur les pistes des aéroports des pays membres. L’espace aérien sera considéré fermé, selon l’Association professionnelle des contrôleurs aériens du Burkina (APCAB), qui a d’ailleurs donné une conférence de presse à ce sujet le 27 juillet 2008.

Selon le responsable de l’APCAB, Gosso Djerma, « seuls les vols humanitaires, les évacuations sanitaires et les vols VIP avec chefs d’Etat à bord seront traités ».

Alain Zida du syndicat national des contrôleurs aériens du Burkina précise que les agents seront cependant à leur poste.

Le ministère des Transports, par l’intermédiaire du secrétaire général, a signé une réquisition de tous les agents pour une durée d’un mois en date du 24 juillet 2008 et, du côté de la justice, les organisateurs de ce mouvement sont assignés en référé ce matin devant le tribunal pour cause de grève illégale.

Les travailleurs jugent cette situation « ridicule ». Elle porte atteinte, selon eux, au droit de grève qui est reconnu ; et à partir du moment où les travailleurs ont décidé de traiter les vols de détresse, les évacuations, les vols humanitaires et présidentiels, il n’y avait pas lieu de réquisitionner. Les contrôleurs aériens jugent la durée de réquisition également hors norme.

D’après le responsable de l’APCAB, les travailleurs se sentent dans l’obligation d’agir ainsi pour obtenir une oreille attentive de la part de la direction générale qui depuis le dépôt du préavis, n’a pas réagi. Le "silence radio" des 29, 30 et 31 juillet est assorti d’une menace d’un autre mouvement « d’une durée illimitée jusqu’à la satisfaction de nos préoccupations », a déclaré le porte-parole des travailleurs.

Les préoccupations des travailleurs

Les contrôleurs aériens réclament le relèvement du niveau d’accès à la formation initiale au Diplôme d’études universitaires générales scientifiques. C’est une revendication qui a fait l’objet d’une résolution des ministres de tutelle en 2003 et qui n’est toujours pas mise en œuvre. Depuis 2007 où cette préoccupation a été inscrite dans un protocole d’accord, la FAPCAA a constaté que la résolution avait été violée par deux fois, dont récemment une en juillet avec le recrutement de nouveaux agents, niveau bac.

Le président de l’APCAB, Gosso Jerma, estime que le relèvement est une exigence de l’OACI. Le métier évolue très vite, selon lui, tout comme l’exigence d’un programme d’immersion en anglais des contrôleurs aériens. C’est le niveau 4 qui est requis dans le cadre de la mise en œuvre de la licence de contrôleurs aériens et selon les normes de l’OACI. Les derniers tests faits à l’ASECNA montrent, selon les travailleurs, que plus de la moitié n’a pas ce niveau, faute de formation adéquate. L’exigence de niveau 4 devait entrer en vigueur en mars 2008 et c’est l’ASECNA elle-même qui aurait demandé un moratoire de 3 ans. Dans le même temps, la direction générale de l’ASECNA a suspendu depuis un an, selon Djerma, le programme d’immersion des contrôleurs aériens.

Les trois autres préoccupations des travailleurs qui motivent ce mouvement ont le manque de protection juridique appropriée et le sous-effectif. En cas de pépin, le contrôleur aérien ne bénéficie d’aucune assistance juridique, selon Alain Zida du SYNACAB. Les travailleurs du contrôle aérien revendiquent également les 100% de indemnités liées à la licence, à compter de janvier 2008. La direction générale les auraient échelonnées, « contre toute attente, sur quatre ans ». Toute chose qu’ils réprouvent. La dernière préoccupation des contrôleurs aériens est le renforcement des effectifs et l’amélioration des conditions de travail. Après 50 ans d’existence de l’ASECNA, les contrôleurs aériens ne représentent que 8% des effectifs, toute chose qui leur impose "un rythme de travail en violation de toutes les règles internationales régissant le métier de contrôleur aérien".

En attendant les résultats du référé de ce lundi 28 juillet 2008, les usagers des transports aériens devraient revoir leurs calendriers de vols.

Interrogés sur le manque à gagner que risque de créer « ce « silence radio », les représentants des travailleurs l’estiment à des milliards de francs CFA, en référence à la dernière manifestation de 1996. Cependant, ils se disent désolés des désagréments que leur mouvement viendrait à causer aux usagers, tout en rejetant la faute à la l’ASECNA qu’ils accusent d’avoir fait preuve d’un manque de volonté dans ce dossier. Leur action s’inscrit dans la recherche d’une plus grande sécurité aérienne par l’amélioration des conditions de travail, a conclu Gosso Djerma, le président de l’APCAB

Par Abdoulaye TAO

Le Pays

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