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Les musiciens burkinabè et la scène internationale : Tout est une question de talents

Publié le vendredi 25 juillet 2008 à 11h05min

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Ils véhiculent la culture burkinabè, ils transcendent les frontières à travers leurs mélodies, ils font honneur à la présente génération d’artistes-musiciens burkinabè. "Ils", ce sont les artistes-musiciens burkinabè évoluant dans la musique moderne d’inspiration traditionnelle. Nous avons rencontré Bil Aka Kora et le groupe Faso Kombat ; ils nous parlent de leurs expériences sur la scène internationale.

La musique moderne d’inspiration traditionnelle burkinabè peut être définie comme l’ensemble des productions musicales s’inspirant des sonorités, des rythmes et des mélodies du terroir burkinabè, conçues selon les normes techniques en vigueur et adaptées aux goûts du moment. Avant les indépendances, l’univers musical burkinabè comptait quelques rares formations orchestrales qui interprétaient généralement la musique française, congolaise, latino- américaine. La naissance d’une musique à la couleur locale se situe dans la période 1960-1970 où les artistes-musiciens ont commencé à intégrer les langues nationales, les proverbes et les anecdotes du terroir dans leurs chansons.

A force de recherche, de travail et de discipline, certaines formations orchestrales comme l’Harmonie voltaïque ont atteint un niveau élevé grâce à l’originalité de leurs œuvres. Cet orchestre a fait des concerts au Niger, en Côte d’Ivoire, en Guinée, etc. L’engouement des mélomanes burkinabè était tel que de nouveaux orchestres vont se former. Par la suite toute une pépinière de jeunes compositeurs appelés communément vedettes de la chanson moderne vont se lancer à la conquête du public. Ils vont booster la musique burkinabè hors de nos frontières. De l’autre côté de l’hexagone, le "Gandaogo national", Georges Ouédraogo recueille un succès sans précédent et élève le niveau de la musique moderne d’inspiration traditionnelle au rang des grandes productions internationales.

Aujourd’hui, une nouvelle race de jeunes artistes-musiciens burkinabè arpentent la scène internationale et suscitent nos espoirs. Au nombre de ces artistes figurent Bil Aka Kora et le groupe Faso Kombat. Mus par l’amour de la musique, ils créent essentiellement des œuvres riches et variées à partir de nos réalités. Bil Aka Kora s’inspire des sonorités kasséna et Faso Kombat puise dans le terroir mossi. Malgré les exigences de la scène internationale, Bil Aka Kora et Faso Kombat arrivent à se frayer un chemin sur cette scène.

Les exigences de la scène internationale

Les tournées effectuées généralement par Bil Aka Kora et Faso Kombat rentrent dans le cadre d’une invitation ou d’une initiative du ministère de la Culture. Bien que ces tournées soient ponctuelles, elles contribuent à promouvoir nos artistes et à les rendre professionnels. En effet, la scène internationale a des exigences "hyper professionnelles", selon Bil Aka Kora. Pour chaque tournée, il y a un cahier de route où sont notées scrupuleusement les programmations à la minute près.

Il faut donc être ponctuel dans chacune des étapes. Pour des tournées dont les billets d’avion et le séjour sont pris en charge, les dates sont généralement très proches. "On a déjà fait 10 dates en 12 jours une fois, c’est dire qu’on jouait pratiquement tous les jours", a expliqué Bil Aka Kora. Le groupe Faso Kombat reconnaît que "les exigences de la scène internationale ne sont rien d’autre que la qualité". Quand l’artiste-musicien arrive à tirer son épingle du jeu lors de sa prestation, il est à même d’attirer l’attention des tourneurs, des producteurs, des distributeurs pour s’offrir d’autres possibilités. "La dernière fois qu’on a été en France, c’était pour le festival les Génériques, on a sillonné six (6) villes et grâce à ce festival on a été programmé pour un autre festival suite à notre prestation", a précisé le groupe Faso Kombat. Bil Aka Kora et Faso Kombat sont unanimes : la scène internationale est un cadre formateur. Toutefois, les débuts sur cette scène n’ont pas été faciles. Les difficultés étaient beaucoup liées à la culture de la ponctualité qu’on doit inculquer à tous les membres du groupe. Par ailleurs, Faso Kombat avait des inquiétudes parce que le groupe utilise la langue mooré dans leurs chansons. Au fil du temps, le groupe s’est rendu compte que la musique n’avait pas de frontière au regard de l’accueil du public européen, africain et brésilien.

Apport de la scène internationale

Le professionnalisme de la scène internationale fait qu’il est plus aisé de s’adapter, "contrairement au Burkina Faso où parfois l’inorganisation des concerts fait qu’on ne sait pas qui passe avant qui sur scène", a confié le groupe Faso Kombat. L’organisation de la scène internationale fait que chaque artiste sait à quoi s’en tenir. L’essentiel c’est de savoir honorer efficacement ses prestations. En définitive, ce sont des expériences enrichissantes qui amènent les artistes-musiciens à corriger leurs insuffisances. Bil Aka Kora en initiant les créations musicales dénommées Nuits djongo, arrive à s’en sortir au niveau de la gestion de la scène. "C’est à travers un travail bien fait qu’on arrive à se faire remarquer". L’engagement de Bil Aka Kora et de Faso Kombat au sens artistique profond du terme est la clé de leur succès. Ils ont refusé la facilité et produisent une musique de qualité dans la quelle le public burkinabè se reconnaît et qui est compétitive au plan international.

Céline OUEDRAOGO

Sidwaya

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