LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Affaire Hissen Habré : Lever l’obstacle financier

Publié le vendredi 25 juillet 2008 à 11h09min

PARTAGER :                          

Il y a du nouveau dans l’affaire Hissène Habré, du nom de l’ancien président tchadien réfugié au Sénégal après avoir été chassé du pouvoir dans son pays en 1990. Le pays qui l’accueille vient de modifier sa Constitution pour donner compétence à ses tribunaux de le juger pour les faits de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre qui lui sont reprochés.

Théoriquement, rien ne s’oppose plus au jugement de l’ancien président après la levée de ce verrou qui, pendant longtemps, a constitué un facteur de blocage juridique. Aujourd’hui, cela ne peut être évoqué ou opposé à tous ceux, victimes, ayants droit ou défenseurs des droits humains, qui se battent pour que Hissène Habré réponde de ses actes devant la justice.

A moins de faire preuve tout simplement de mauvaise volonté. Ce que l’on pourrait aujourd’hui difficilement reprocher aux autorités de Dakar. En effet, on aura du mal à penser un seul instant que le pays de la Téranga accepte le mandat que lui a donné l’Union africaine en 2006 pour juger le président déchu pour, après, se rebiffer d’une façon ou d’une autre. Sauf à vouloir d’une chose et son contraire, c’est-à-dire adhérer à l’idée que des Africains, anciens chefs d’Etat ou de guerre, accusés de crimes contre l’humanité ou de guerre, doivent être jugés sur le continent et non ailleurs et, dans le même temps, faire du dilatoire ou refuser tout simplement que le jugement ait lieu. Avec la modification de la loi fondamentale, on peut dire qu’un grand pas a été franchi.

Toutefois, il va falloir encore patienter pour voir Hissène Habré dans un prétoire. Certes, un obstacle a sauté mais un autre, non moins important, subsiste. Il s’agit du financement de la procédure allant de l’instruction du dossier jusqu’au jugement proprement dit. La polarisation sur la compétence à donner aux juridictions sénégalaises a relégué au second plan la question du financement du jugement. Si on n’a pas une idée définitive de ce qu’elle pourra coûter, on sait en revanche que les cordons de la bourse n’ont pas encore été déliés pour que le procès ait lieu. L’hebdomadaire panafricain "Jeune Afrique" fait état, dans sa livraison du 6 au 12 juillet 2008 (n°2478), concernant cette affaire, d’un budget prévisionnel de 18,7 milliards de F CFA. Passée l’euphorie de la modification constitutionnelle, il va falloir donc trouver la somme nécessaire à la tenue du procès. Au-delà du Sénégal, le continent tout entier est interpellé. L’Union africaine devrait mettre un point d’honneur à ce que ce procès soit une réalité, elle qui en avait fait la promesse.

Par Séni DABO

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique