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El-Béchir au Darfour : Mieux vaut tard que jamais

Publié le jeudi 24 juillet 2008 à 11h51min

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A quelque chose malheur est bon. Un peu plus d’une semaine après que le procureur de la CPI a réclamé un mandat d’arrêt contre lui pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Darfour, le président soudanais effectue une visite dans cette zone en guerre où il ne s’y était pas rendu depuis 2007.

Il devait y rencontrer les responsables locaux et par la même occasion, assister à des cérémonies populaires en son honneur. Un an d’absence sur le territoire darfouri, le temps paraît suffisamment long pour une région en proie à une situation sécuritaire extrêmement volatile. Et c’est en cela que la visite du président Omar el-Bechir est intéressante, voire cruciale. Intéressante en ce sens qu’elle pourrait faire bouger les lignes, même si d’aucuns ont vu au déplacement de l’homme fort de Khartoum une offensive pour contrer les accusations du procureur de la CPI. De fait, Omar el-Bechir voudrait bien faire croire au reste du monde qu’il a le soutien entier de cette province.

En tous les cas, on n’aurait pas parié un sou sur un second déplacement au Darfour, si le dirigeant soudanais n’avait pas eu au-dessus de sa tête dégarnie l’épée de Damoclès brandie depuis la CPI. Suite à la demande d’inculpation du procureur Luis Moreno-Ocampo, Omar El- Bechir adopte une posture nouvelle. Et c’est tant mieux si cette posture va permettre aux populations du Darfour, restées trop longtemps au fond du tunnel, d’entrevoir enfin la lumière du jour.

Une inculpation du n°1 soudanais ne présage rien de bon et l’on comprend du reste les réserves formulées par la Ligue arabe ainsi que l’Union africaine qui demande un sursis d’au moins un an, dans la procédure de la CPI visant le président soudanais. Ce dernier a, du reste, sorti une carte de sa botte secrète, pour éviter la CPI, en proposant de mettre en place des Tribunaux spéciaux chargés de juger les auteurs de crimes au Darfour.

Mais, quels que soient les arguments et positions des uns et des autres, des soutiens ou des détracteurs de l’homme fort de Khartoum, on peut croire qu’ils se rejoignent au moins sur un point : la guerre au Darfour n’a que trop duré et il est temps de mettre fin aux massacres. Quant aux soutiens locaux du président, ces grands pourfendeurs des procédures de la Justice internationale qui tente d’enserrer son étau sur leur idole, ils auraient tort de crier à tout va à la conspiration. Les bains de foule et les mobilisations de soutien accordés à leur héros ne sauraient faire oublier la dure réalité d’une crise restée jusque-là insoluble.

C’est maintenant ou jamais ! Le contexte actuel offre une nouvelle chance au dirigeant soudanais qui n’a pas le droit de décevoir tous ceux qui ne désespèrent toujours pas du Darfour, et qui croient encore en une solution négociée de la crise.

En tout état de cause, les clefs du problème darfouri sont surtout entre les mains de Khartoum et, en particulier, du président Omar El- Béchir. Sachant que la communauté internationale le tient encore plus à l’œil, prendra-t-il en considération toutes les critiques en rapport avec les violations des droits de l’homme et les crimes commis au Darfour, aux fins de corriger le tir ? La tragédie a, en tout cas, assez duré.

Cheick Beldh’or SIGUE

Le Pays

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