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Saisie des avoirs de Jean Pierre Bemba : Butin de guerre ou biens de papa ?

Publié le jeudi 24 juillet 2008 à 11h56min

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Fichtre ! Que les anciens chefs rebelles sont riches ! Pour s’en convaincre, il suffit de voir la flamboyante vie de ces seigneurs de guerre repentis. Et la récente saisie des biens au Portugal de l’ancien vice-président congolais, Jean-Pierre Bemba, à la demande de la Cour pénale internationale (CPI), qui le poursuit pour des atrocités commises par ses troupes en Centrafrique, nous conforte dans cette idée.

Selon la presse portugaise, la justice a, excusez du peu, saisi une villa, estimée à 2,5 millions d’euros, deux voitures haut de gamme, un yacht et un avion Boeing. Tous ses comptes bancaires au Portugal, dont l’un était crédité de 1,75 million d’euros, ont par ailleurs été gelés. Accusé de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre pour des atrocités commises par ses troupes en 2002 et 2003 en Centrafrique, il a comparu pour la première fois devant le tribunal de La Haye le 4 juillet dernier.

C’est vrai que ce colosse, il mesure 1m90, a une grande excuse pour justifier de ses richesses, puisqu’il est né avec une cuillère d’argent dans la bouche. En effet, il a de qui tenir, celui qui a battu campagne avec un budget de 20 millions de dollars, et est arrivé au premier tour à la deuxième place derrière Joseph Kabila, avec plus de 20% des suffrages exprimés : il est le fils de Jeannot Bemba Saolona, un homme d’affaires congolais, qui est à la tête d’un groupe d’entreprises congolaises basées dans la province de l’Équateur et également propriétaire de la compagnie Scibe Zaïre.
Le père de Bemba a été un proche de Mobutu Sese Seko et longtemps président de la confédération patronale zaïroise, titre qui lui a valu le surnom de patron des patrons. Pour la petite histoire d’ailleurs, une des sœurs de Jean Pierre Bemba est mariée à un rejeton de Mobutu. Pour donc expliquer l’origine de ses avoirs, il pourra aisément répliquer au tribunal que c’est son papa qui lui a tout donné.

Mais là où il s’emmêlera sûrement les pinceaux, c’est quand il s’agira de se dédouaner des cruautés (tueries, viols, actes de cannibalisme, etc.) commises par lui ou par ses sbires en Centrafrique. A ce sujet, il nous revient en mémoire cette histoire controversée de ses miliciens, qui ont été accusés d’avoir contraint, sous la menace d’armes, des femmes pygmées à cuisiner puis à manger les cadavres de leurs maris.
Même si, un an plus tard, d’autres pygmées, qui affirmeront être ceux qui étaient supposés avoir été mangés, se présenteront à la presse, créant un doute sur les patronymes. Cependant, le mal était déjà est fait. A sa première comparution, Jean Pierre Bemba s’est présenté dans la salle d’audience dans un beau costume de cou¬leur vert-émeraude.

Il portait une chemise rose saumon et une cravate bordeaux rayée. Il n’est pas évident que le côté flambeur de cet imposant monsieur perdurera, du fait des lourdes charges qui pèsent sur ses épaules. En effet, beaucoup lui en veulent pour les atrocités commises par ses soldats.

Le pathétique et récent témoignage sur RFI d’une dame, condamnée parce que contaminée par le virus du Sida par suite de viol collectif, en est une parfaite illustration.

Issa K. Barry

L’Observateur

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