LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Paramanga Ernest Yonli, ambassadeur du Burkina Faso aux Etats-Unis : “C’est la qualité du leadership qui détermine la grandeur d’un pays”

Publié le mercredi 23 juillet 2008 à 12h26min

PARTAGER :                          

Profitant de notre présence dans son “fief” washingtonien, nous avons donné la parole à l’ambassadeur P.E. Yonli pour recueillir son avis sur cette visite officielle mais aussi sur d’autres questions plus “domestiques”. Dans son style caractéristique, Yonli n’y est pas allé du dos de la cuillère.

Sidwaya (S.) : Quels sentiments vous animent à l’occasion de cette visite officielle du président du Faso aux USA ?

Paramanga Ernest Yonli (P.E.Y.) : Tout ambassadeur souhaite de tels événements à savoir la visite du premier magistrat de son pays dans sa juridiction.
Surtout que cette visite est la toute première visite officielle du président Blaise Compaoré aux Etats-Unis. C’est donc avec une légitime fierté que j’exprime ma satisfaction au nom de l’ensemble du peuple burkinabè car cette visite traduit la reconnaissance des efforts déployés au Burkina Faso pour l’atteinte du développement. C’est aussi la reconnaissance du leadership africain et international du président Blaise Compaoré. J’ai exprimé cette fierté lors de la rencontre avec la communauté burkinabè de Washington car c’est une belle occasion qui consacre de longues années de coopération avec les Etats-Unis.

S. : L’appartenance du Burkina Faso au Conseil de sécurité des Nations unies a-t-elle eu quelques influences dans l’organisation de cette visite ?

P. E. Y. : Les coïncidences heureuses sont toujours importantes. Elles permettent de marquer des événements, de donner un sceau à des efforts collectifs et individuels. C’est la consécration des efforts au niveau interne avec la signature du MCC dont les critères principaux sont la qualité de la gouvernance politique et économique, le degré de liberté économique et la qualité des performances dans les secteurs sociaux. Il a fallu que le Burkina remplisse ces trois conditions majeures pour être éligible. C’est le travail et le combat de plusieurs années de mobilisation des Burkinabè sous le leadership du président Compaoré.

S. : Cependant, est-ce qu’on ne demande pas trop à un petit pays comme le Burkina, notamment au niveau de la résolution des crises et conflits ?

P. E. Y. : Il n’y a plus de petits pays, car, c’est la qualité du leadership qui détermine la grandeur d’un pays. Lorsqu’il y a une faiblesse du leadership, même dans un grand pays, sa grandeur en terme d’ampleur ne veut plus rien dire. C’est une récompense de la vision du Burkina Faso à travers son président. Si on ajoute les résultats obtenus sur le chantier des conflits, on comprend pourquoi les USA reconnaissent au président Compaoré, sa capacité à apporter des solutions aux problèmes qui se posent dans l’ensemble des pays africains.

S. : Parlant de leadership et de qualité de la performance, comment le Burkina s’y prendra-t-il pour maintenir ses standards afin de ne pas perdre le bénéfice du MCC ?

P. E. Y. : Effectivement, les Américains insistent sur la qualité de la mise en œuvre de la convention. C’est au résultat que nous serons jugés et, le président du Faso s’est engagé en donnant la certitude que le Burkina s’engage à faire de la mise en œuvre du MCC, un succès. Il a affirmé qu’il travaillera à faire de cette mise en œuvre une “success story”. Nous avons les moyens de pouvoir organiser la mise en œuvre parce que nous avons été capables de créer les conditions pour remplir les critères d’éligibilité. Nous avons les hommes et les femmes pour le faire et le leadership pour impulser cette mise en œuvre.

S. : La diaspora burkinabè d’Amérique est-elle prête à contribuer à ces efforts de développement ?

P. E. Y. : Vous avez été témoins de la richesse de la diaspora burkinabè à travers l’échantillon de Washington. C’est une mosaïque à un niveau supérieur de la société burkinabè. Les migrants sont en effet dans des secteurs de pointe aussi bien au niveau des diplômés que des entrepreneurs. C’est une diaspora qui détient un certain savoir et qui est patriotique. Elle est donc prête à aller monnayer ce savoir au pays pour peu que les responsables sachent créer les conditions de stimulation, à ouvrir de l’attirance pour eux dans le pays. Nous avons déjà entrepris ce travail à travers l’organisation d’une assemblée générale de l’ensemble des Burkinabè le 19 avril dernier.
Nous y avons marqué notre disponibilité à les accompagner dans leurs efforts
d’investissement au Burkina Faso.

S. : Malgré la distance, pouvez-vous nous donner votre avis sur les soubresauts qu’a connus récemment votre parti le CDP ?

P. E. Y. : Je crois que vous parlez des refondateurs ou des réformateurs, car, jusqu’à présent, ils ne se sont pas eux-mêmes choisis une étiquette. Dans tous les cas, nous suivons cette actualité qui est dans la dynamique des sociétés démocratiques qui sont faites de plusieurs projets incarnés par les partis politiques. C’est normal qu’avec l’évolution, il y ait des visions différentes à l’intérieur de ces partis. C’est ce qui arrive au CDP. Nous avons la capacité, l’expertise et les ressources humaines, intellectuelles et politiques pour gérer ce qu’on peut qualifier d’un besoin d’introspection. Après dix ans d’existence, c’est bon que le CDP se regarde dans un miroir.

Je le dis en tant que membre du bureau exécutif et cela peut advenir dans le cadre d’une instance extraordinaire ou statutaire. Cela pour poser les vrais problèmes et en discuter. Le plus important ce n’est pas de dire qu’il y a des problèmes, mais d’en discuter dans les instances du parti. Il n’est donc pas permis de mon point de vue que dans un parti organisé, on utilise des canaux d’expression autres que ces instances. C’est de l’anti-parti et de l’indiscipline et nous sévirons en temps opportun.
Du reste, je suis fier que mon parti ait commencé à s’exécuter en les suspendant en attendant que les instances puissent statuer de façon définitive.

Propos recueillis à Washington par Boubakar SY

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique