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Soudan/CPI : Quel compromis pour une paix des braves ?

Publié le lundi 21 juillet 2008 à 12h32min

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Omar El Béchir

Le Soudan est en train de réussir à desserrer l’étau de la Cour pénale internationale. Après une brève période où le pouvoir semblait être groggy du fait des menaces d’inculpations de Omar El-Béchir brandies par le procureur de la CPI, le Soudan s’est vite ressaisi en rameutant ses alliés. Les soutiens de la Chine, de la Russie et de l’Union africaine étant acquises, Khartoum a demandé et obtenu une réunion d’urgence de la Ligue arabe. Bien sûr, Omar El-Béchir et ses frères arabes se sont retrouvés sur la même longueur d’ondes.

Pas de sanctions ni de poursuites judiciaires mais plutôt le dialogue et la négociation, telle est la principale décision prise par la Ligue arabe et qui convient parfaitement au Soudan. Face à cette union sacrée afro-arabe, russe et chinoise autour de la cause soudanaise, quelle attitude vont adopter la CPI et les pays occidentaux qui soutiennent sa démarche ?

Certainement que les juges n’afficheront pas la même assurance que le procureur Ocampo, au regard des conséquences politiques et diplomatiques qu’une éventuelle inculpation du président soudanais pourrait avoir. Mais c’est surtout du côté occidental qu’un compromis est déjà perceptible. Il s’agit en fait d’un marché qui consisterait pour le Soudan à livrer ses deux responsables déjà inculpés par la CPI, contre l’abandon de poursuites contre le maître de Khartoum. La France, notamment, est partisane de cette démarche qui permettrait à la fois à la CPI et à Omar El-Béchir de sauver la face, en fait de sceller une paix des braves. Cette formule a cependant peu de chance de passer au Soudan où l’on exclut toute compétence de la CPI sur le pays. Et puis, livrer les deux personnalités incriminées serait un aveu de culpabilité pour le régime soudanais dont le principe est d’éviter d’ouvrir une brèche pour la justice internationale.

Comme on le voit, les grandes tractations sont en cours depuis le pavé de la CPI. Les interventions multiples dans ce dossier ne rendent pas facile sa visibilité. La seule certitude que l’on a, c’est que les menaces du procureur de la CPI ont permis de remettre le Darfour au-devant de l’actualité. Et le seul compromis que pourrait faire El-Béchir, c’est de changer de politique au Darfour, en rappelant ses milices à l’ordre. Cette volonté d’apaisement se perçoit d’ailleurs avec l’intention de Khartoum de rétablir ses relations diplomatiques avec NDjaména. Une réconciliation avec son voisin tchadien constituerait une bouffée d’oxygène supplémentaire pour le Soudan. En somme, le Soudan est tranquille pour un moment, avec la solidarité de nombreux pays, les hésitations occidentales, les craintes de la force hybride UA/ONU et les appréhensions des humanitaires. La CPI en tiendra-t-elle compte ?

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays

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