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Wade et l’UPM : Du renfort pour Khadafi

Publié le lundi 21 juillet 2008 à 12h25min

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On peut tout reprocher à Abdoulaye Wade, sauf d’avoir sa langue dans la poche. Sur les grandes questions de portée mondiale ou ne concernant que l’Afrique, Me Wade manque rarement d’exprimer son point de vue et de la façon, nous le pensons, la plus sincère. Le chef de l’Etat sénégalais, malgré ses inconstances notamment en matière de politique intérieure, se présente comme l’une des voix les plus pertinentes des dirigeants africains.

Le Soudan et le Zimbabwé, dossiers brûlants entre autres, n’ont pas échappé à la loupe du chantre du Sopi. De même qu’il a épinglé l’Union pour la Méditerranée (UPM), le dernier bébé de Sarkozy. Pendant que le patron de l’Elysée pouponne encore ce nouveau-né qui a poussé ses premiers vagissements, rien que le dimanche 13 juillet 2008, Wade ne lui réserve pas le meilleur des accueils.

Moamar Khadafi avait désapprouvé le premier ce projet qui, selon lui, divisera encore plus le monde arabe. Il l’a d’ailleurs comparé en substance à un os qu’on jette à une meute de chiens affamés. A la suite du "Guide" lybien, Wade note le caractère à la longue préjudiciable de l’UPM tant à toute l’Afrique en tant que continent qu’à l’Union africaine. En effet, Wade dénonce la fracture que ne manquera pas de créer l’Union pour la Méditerranée, entre l’Afrique du Nord et l’Afrique au sud du Sahara. Juste vue des choses de la part de Abdoulaye Wade dans le sens où les pays africains au nord du Sahara ne sont réellement liés que par les frontières géographiques. Sans doute à cause de leur proximité géographique aussi avec l’Europe, ce sont des pays plus ouverts sur la France, l’Italie, l’Espagne, etc. Du reste, dans ces pays de l’Afrique du Nord, on appelle les ressortissants du Sud, les "Africains". C’est dire combien avec l’UPM, le mur entre ces deux entités géographiques de l’Afrique pourrait gagner en hauteur et devait très rapidement infranchissable. Ce serait pour le bonheur du père du concept de l’immigration choisie qui, d’ailleurs, a toujours cherché à renforcer les contrôles aux frontières entre les pays de l’Afrique du Nord et l’Europe, afin d’annihiler les velléités sans cesse croissantes des clandestins noirs. L’Afrique utile phagocytée et se sentant donc plus méditerranéenne, pour ne pas dire européenne, les autres pays africains, au sud du Sahara, pourraient être abandonnés à leur triste sort.

Faut-il en pleurer ou plutôt se servir de cette nouvelle tentative de division pour resserrer les rangs entre les Africains au sud du Sahara afin de se faire définitivement maîtres de leur destin ? En lieu et place des lamentations qui n’ont que trop duré et les ont maintenus sous le joug économique de l’Occident, il est temps pour les Africains, à défaut de constituer de nouveaux regroupements à l’image de l’UPM, de consolider ceux déjà existants, en particulier l’Union africaine, pour faire face au nouvel ordre politico-économique mondial. Il est temps pour l’Afrique, à travers des ensembles économiques forts, de se mettre au diapason des autres continents. A défaut, l’Occident continuera de la diviser au profit de ses intérêts. Malheureusement, quelques dirigeants, tirant personnellement profit de cet état des choses, n’ont jamais voulu que la situation change.

Morin YAMONGBE

Le Pays

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