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Des accusations de Transparency International : Pauvres de nous, bougres d’Afrique !

Publié le vendredi 18 juillet 2008 à 13h10min

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Omar Bongo

Tout privilège est-il injuste ? C’est un sujet de dissertation philosophique que je me souviens avoir traité en terminale au collège. Je m’en souviens d’autant plus que j’étais passé totalement à côté du sujet pour me retrouver avec un 7/20. Médiocre. La pire de mes notes en dissertation philosophique. Mais à quelque chose malheur est bon car j’en ai tiré une grande leçon. Celle qui consiste à se méfier des apparences, des idées reçues, des procès d’intention…

car, il faut que je vous le dise, ma terminale c’était en 1985 en pleine période révolutionnaire au Burkina. A cette époque, j’avais l’âge du sang bouillant, celui de Zorro, preux chevalier en croisade contre le monde pourri. Qui plus est, le Burkina était sur les braises de la Révolution démocratique et populaire. Il faisait bien de voir rouge, de penser rouge et d’adorer rouge… Vous avez compris. Le contexte dans lequel nous baignions était celui de la dénonciation des privilèges et des privilégiés : les bourgeois, bureaucrates ou compradores, féodaux ou capitalistes. C’est dire qu’apprentis révolutionnaires que nous étions, pour nous ce sujet de dissertation était simple comme bonjour. Tout privilège est injuste et sus à ceux qui en usent. C’est donc à plumes pétillantes que nous avons récité le B-A Ba du discours révolutionnaire sur nos copies.

Et nous n’avions pas oublié d’indiquer que militer pour l’abolition des privilèges était faire œuvre salutaire, historiquement incontournable et patati, patata. Ce faisant, nous avions oublié le B-A Ba de la méthodologie de la dissertation philosophique enseignée à l’époque pour l’examen du BAC à savoir que tout sujet pour être bien cerné appelle une thèse, une anti-thèse et une synthèse. Chers lecteurs, si je vous ai torturé avec ce souvenir scolaire, c’est pour en arriver à l’actualité africaine de cette semaine et à cette plainte des ONG Transparency International et Serpa contre cinq (5) présidents de l’Afrique subsaharienne dont le nôtre, Blaise Compaoré.

L’accusation n’est pas nouvelle. Elle est même répétitive. Cela en ajoute à son caractère pernicieux car il est ni plus ni moins question de « recel et détournement de biens publics » contre les premiers magistrats des pays cités. Les sommes en jeu sont faramineuses : 100 à 180 milliards, voire 1000 milliards de dollars US si, selon certaines presses, on inclut les sommes détournées par les proches de ces présidents brocardés dictateurs, prédateurs de leurs peuples. En ces temps de crises alimentaires où les populations africaines crient famine, une malgouvernance aussi grave de la part de dirigeants de pays parmi les plus pauvres de la planète a de quoi révolter les consciences, alimenter la défiance, voire la contestation ouverte contre ces notabilités épinglées en sangsues, repues de la misère de leurs peuples. Voilà pour la thèse de Transparency International et consorts.

L’anti-thèse ? N’attendez pas cela d’eux. Ils sont contre les privilèges surtout quand ils dérivent de dictateurs corrompus ? Surtout ne vous indignez pas de cette dénonciation ciblée contre des dirigeants d’Afrique subsaharienne. Ils méritent bien la chicotte de l’anathème, ces rois nègres ! Car enfin en dehors du Gabon, du Congo, de l’Angola, de la Guinée-Équatoriale, du Burkina, le monde des affaires est nickel dans une transparence de verre. Les autres présidents de par le monde sont propres et beaux.

La corruption et la dictature sont un monopole de l’Afrique noire d’aujourd’hui tout comme hier elle avait la malédiction de Cham qui en avait fait un réservoir de peuplades sauvages, sans intelligence, ni âme, incapables d’entrer suffisamment dans l’histoire par d’autres portes que celles de l’esclavage et de la brutale colonisation. L’anti-thèse ne la cherchez pas auprès de ces officines qui portent des œillères de condescendance pour voir que c’est en Afrique noire que les présidents et leurs familles vivent rien que de leurs salaires.

Ailleurs leur qualité leur ouvre des portes, ils créent des fondations, reçoivent des dons comme ceux d’un certain Bokassa à un certain Giscard d’Estaing. Ils président également pour rien la cérémonie de signature de contrats faramineux aux profits de holdings privés, décrètent pour zéro euro des monopoles aux profits de sociétés privées, Transparency n’y voit que de la bonne gouvernance de présidents intègres. Pauvres de nous, bougre d’Afrique ! Nous apprendrons à nos dépends, selon Cheick Amidou Kane que « l’Esprit court un grand risque quand la main est faible ».. Pour la synthèse, retenons que Transparency International devrait être, pour un besoin d’équilibre et de crédibilité, tout aussi regardant sur ce qui se passe dans les palais occidentaux.

Mieux, il devrait étayer davantage ses accusations, tout au moins en ce qui concerne, Blaise Compaoré car deux appartements au nom de son épouse à Paris, c’est si peu en 20 ans de présidence. Mais surtout Transparency International devrait arrêter d’insulter nos intelligences, car il est de notoriété publique qu’aucun président de par le monde ne vit que de son salaire. Du fait de leur fonction, ils ont des relations et des privilèges qui ne sont pas forcément injustes.

Djibril TOURE

Par : L’Hebdo

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