LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

CPI : Un instrument aux mains des puissants ?

Publié le mercredi 16 juillet 2008 à 11h43min

PARTAGER :                          

Luis Moreno OcampoLe président soudanais est-il un monstre sanguinaire ? Omar El-Béchir est-il ce tyran qui s’amuse à se repaître de sang et de carnage ? Si tel est le cas, il n’y aura pas de lieu mieux indiqué que le cachot, pour se prémunir au mieux contre de nouveaux drames. En tout cas, pour la Cour pénale internationale (CPI), l’homme est dangereux ; si mauvais que le procureur Luis Moreno Ocampo demande de l’inculper pour génocide, crimes contre l’humanité, crimes de guerre au Darfour (Ouest du Soudan).

Que la Justice internationale s’active à mettre la main sur un chef d’Etat aux mains dégoulinant du sang de milliers de macchabées darfouris, cela se comprend. Car, force ne doit pas rester à l’impunité. Moins compréhensible est cependant la forme de justice sélective qui fait en sorte que certains chefs d’Etat sont traînés devant la CPI, et que d’autres sont assurés de ne jamais connaître cette humiliation suprême. Ces derniers, eux, savent qu’ils couleront toujours des jours tranquilles après le pouvoir, quelles qu’aient été les atrocités commises. Ils auraient pourtant figuré dans le box des accusés de la CPI que pas grand monde n’aurait crié au scandale ni au complot. Il est difficile de croire que la CPI ne trouverait pas de grain à moudre si elle s’intéressait au mensonge d’Etat de l’Administration Bush.

Ce gros mensonge qui servit de cheval de Troie à l’annexion de l’Irak, et dont les conséquences méritent de figurer dans l’encyclopédie des pires "busheries" que le monde ait connues au cours de ce dernier siècle. Que dire des auteurs des massacres de Sabra et Chatila ? Que dire de ceux qui ont dirigé leur fer rougeoyant en plein dans le coeur de la Tchétchénie qui a le malheur de réclamer son indépendance ? Que dire du pouvoir éthiopien qui, avec la bénédiction de l’allié américain, a mis la Somalie à feu et à sang, sous le prétexte qu’il fallait "nettoyer" le pays de la vermine terroriste ? Certes, on dira que la lutte contre le terrorisme doit se passer des règles convenues. Dans tous les cas, une justice qui se contente toujours de s’appliquer toujours aux plus faibles n’a pas d’autre appellation qu’une justice sélective.

Bref, c’est dire donc combien la CPI doit se montrer plus juste. On dira que des crimes de cette gravité échappent à la compétence de la CPI dès lors qu’il s’agit d’un dirigeant américain. Mais si les Etats-Unis se sont dérobés à la compétence de ce cette Cour, le Soudan, non plus, ne s’est pas soumis à sa compétence. Une justice donc à la tête du client, qui amène finalement à se demander si la CPI n’est pas un instrument aux mains des puissants. Si elle passe pour une arme dirigée vers des cibles particulières, les plus faibles, c’est que ce sont les plus forts qui ont toujours orienté les actions du Conseil de sécurité de l’ONU. Ils ont toutes les cartes entre leurs mains. Eux peuvent être assurés de ne pas connaître le même sort que Charles Taylor, Jean Pierre Bemba ou Slobodan Milosevic.

Pour la première fois, la justice internationale pourrait émettre un mandat d’arrêt international contre un chef d’Etat en exercice. Un précédent dangereux dont on prévoit aisément les dérives. Du reste, le chef de l’Etat tanzanien Jakaya Kikwete, actuel président de l’UA, a prévenu contre le risque de "coups d’Etat militaires" s’il y avait vacance du pouvoir. Mais, il y a bien plus grave. La CPI vient de provoquer un séisme dont l’onde de choc risque de créer des dégâts bien plus importants qu’elle aurait pu imaginer.

Cheick Beldh’or SIGUE

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique