Un sentiment ambivalent qui n’est pas près de cesser :si les Américains cultivent leur jardin et tournent le dos au bouillonnement du monde, on les accuse d’indifférence coupable, car ils n’ont pas le droit de regarder la tempête depuis leur rivage ; s’ils interviennent, il s’en trouvera qui dénonceront l’arrogance, l’égotisme et l’impérialisme des Yankee.

Frappés donc de cécité à cause surtout du « second Vietnam »que constitue l’Irak, les Africains, du moins ceux qui en bénéficient, ne voient pas, par exemple, le « small new deal » qu’est le Millenium Challenge Corporation(MCC).
Or, il se trouve qu’il y a 6 ans de cela, au Mexique, Georges W. Bush lançait ce MCC, censé améliorer les fondamentaux économiques de pays africains, notamment par des investissements dans les secteurs de l’éducation des jeunes filles, les infrastructures routières et de l’agriculture.

C’est pour cette raison que le président burkinabè himself, Blaise Compaoré, a signé ce 14 juillet 2008 à Washington, avec le chef de la diplomatie américaine, Condeleezza Rice ,un accord de 204 milliards de francs CFA.

Honni soit qui mal y pense, car hasard de calendrier sans doute, le 14 juillet a lieu aussi la fête de l’indépendance de la France, premier bailleur de fonds du Burkina avec 60 milliards de Francs CFA par an ; et on ne peut pas empêcher certains d’y voir un pied de nez fait à l’Hexagone.

N’empêche, un tel jackpot mérite que le premier des Burkinabè fasse le déplacement dans la capitale des Etats-Unis, surtout qu’on parle d’une possible audience avec le président Georges Bush.

Ensuite, la politique n’étant jamais loin de l’économie, on ne peut s’interdire de faire un rapprochement entre cette cagnotte et une progressive embellie des relations américano/burkinabè.

Une amélioration qui s’est amorcée depuis le retrait de notre pays du bourbier libérien, Blaise accusé d’avoir été le "trublion dans cette guerre civile au Liberia, un ancien protectorat américain, même si on n’ignore pas qui a façonné Charles Taylor.
Ce dégel est aussi dû à un travail de fond effectué par l’ancien ambassadeur du Burkina aux USA, Tertius Zongo, actuel Premier ministre. A ce qu’on dit, l’ex-locataire du 2240 de l’Avenue Massachusetts a ferraillé, usant de certains réseaux politiques et religieux pour lever des suspicions et arrondir les angles, parvenant ainsi à ce résultat.

De ce fait, de nos jours, la quasi-totalité des contentieux sont apurés et rien vraisemblablement, ne s’oppose plus à une visite d’Etat de Blaise à Washington.
Le Burkina Faso, un des bénéficiaires de cette agence économique américaine, peut donc en être fier, car ne profite pas des sous de l’Oncle Sam qui veut, tant les conditionnalités sont souvent drastiques et ne souffrent d’aucune dérogation.

Reste que, si obtenir une telle manne est très difficile, sa dépense paraît plus facile. Cet argent est destiné à la construction de pistes, à des bitumages de routes et à des aménagements de sites agro-sylvo-pastoraux ou encore à une plus grande dynamisation de l’éducation, et il faudrait être très regardant sur son utilisation. Afin qu’il ne finisse pas dans des projets futiles, qui sont souvent de véritables tonneaux des Danaïdes.

Z. Dieudonné Zoungrana

L’Observateur