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Nouveau système d’évaluation des agents de la Fonction publique : Un poison pour les travailleurs ?

Publié le mardi 15 juillet 2008 à 17h00min

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Dans la recherche d’une gestion managériale des agents de la fonction publique, l’Etat burkinabè a adopté des lois de l’évaluation basée sur le rendement. Si cette démarche est à mon avis bien fondée, il reste cependant que les critères de notation et les stratégies de mise en œuvre du nouveau système d’évaluation suscitent beaucoup d’interrogations.

En effet, nombreux sont les agents qui n’ont pas été formés sur ce nouveau système. Est-ce une question de manque de moyens ou une volonté de l’Etat de laisser les travailleurs dans les ténèbres pour les faire signer aveuglement des fiches qui compromettent leurs carrières ? Conséquence, les agents ignorent le remplissage des fiches et ses objectifs réels. Partout c’est la panique, des contradictions et du désordre.

Un constat qui me paraît bizarre est que les fiches qui circulent sont celles de 2006 et 2007 alors que nous sommes en 2008. Comment un chef de service qui prend fonction en 2008 par exemple peut objectivement évaluer et noter ses agents qu’il ne connaissait pas et avec lesquels il n’a pas signé des attentes en 2006 et 2007 ? Doit-il torturer sa conscience, saper sa morale, mentir, inventer des attentes et des taux de réalisation, et enfin attribuer des notes subjectives à ses agents, établir un faux procès-verbal ? La loi burkinabé, autorise-t-elle maintenant le "faux et usage de faux" ? Si ce sont des formalités à remplir comme le soutiennent certains "magiciens" je dirai qu’elles sont contraires à la morale et à la loi. Si tel est le cas, cela est déplorable pour une administration sérieuse et responsable et j’ai beaucoup peur de l’avenir de la fonction publique burkinabè.

Quelques aspects de la mise en œuvre de ce système me paraissent moins convaincants quant au sérieux qu’on lui accorde. D’abord, il n’a jamais été appliqué depuis 2001, année butoir. En 2008, les agents remplissent les fiches d’indication des attentes de 2006 et 2007. On constate aussi que c’est surtout dans l’enseignement que les fiches circulent. En tout cas jusqu’à la date du 10 juillet 2008, les agents de santé du Bazèga ne connaissent pas la couleur de ces fiches. Qu’est-ce qui explique tout ce désordre et ces tâtonnements ? Peut-on avoir confiance à une administration pareille ?

En dehors du caractère extrêmement subjectif, injuste et disparate des critères d’évaluation dénoncé par les syndicats, on constate que le nouveau système est inique. En effet, le décret N°2005-679/PRES/PM/MFPRE/M FB/du 30 Décembre 2005 exempte d’office certaines catégories de travailleurs de la fonction

publique d’évaluation et pourtant les intéressés reçoivent annuellement une note excellente de 9/10. Les questions que je me pose sont les suivantes : est-il raisonnable de donner une note à un travailleur sans l’évaluer ? Puis-je en tant qu’enseignant attribuer des notes gratuites à mes meilleurs élèves sans évaluation pour la simple raison que je ne doute pas de leurs compétences et de leur moralité ? Sur quelle base apprécie-t-on la compétence et la moralité d’un travailleur sinon que par l’évaluation continue ? D’où vient alors cette note de 9/10 que les "gourou" se donnent le luxe de s’octroyer ? Est-ce parce qu’ils sont les "saints" et les "super hommes" de ce pays ? Si la réponse est affirmative, alors je proposerais qu’ils s’octroient 10/10. Personne ne s’y opposera. Si elle est négative et d’ailleurs le point qui manque au 9 pour faire d’eux des anges l’atteste ; il va falloir qu’ils se soumettent à la règle de l’évaluation comme les faibles pour une question de logique et de justice.

En conclusion, je ne suis pas contre l’évaluation des agents, mais ce nouveau système renferme trop de lacunes. La sauce est-elle vraiment bonne ? N’est-elle pas empoisonnée ? Sinon pourquoi ceux qui l’onT cuisinée refusent-ils d’en goûter ?

Raison pour laquelle les agents avertis ont observé massivement le mot d’ordre de rejet des fiches lancé par les syndicats (environ 70,53% dans la DPEBA du Bazèga selon les responsables du SYNATEB).

Il va falloir au nom de la démocratie et de la justice retourner à la table de relecture de ce nouveau système ambigu avec les syndicats.

Un Travailleur indigné de la Province du Bazèga.

Le Pays

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