LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Politique nationale : L’inconstance de certains leaders politiques

Publié le vendredi 11 juillet 2008 à 12h16min

PARTAGER :                          

Ils sont vraiment spéciaux les hommes politiques burkinabè ! Attendus sur le champ des propositions d’idées pour faire du pays des Hommes intègres, un Etat émergent, ils délaissent ce terrain pour s’adonner à des combats de basse échelle.

Ainsi, chaque jour qui passe montre à l’opinion, la difficulté qu’ont les leaders politiques burkinabè à parler le même langage. Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) a ses refondateurs tandis que le FFS rentre dans une guerre qui le met sur les traces du Parti africain de l’indépendance (PAI). Il ne serait pas étonnant que dans quelques semaines, la justice burkinabè soit saisie pour trancher dans cette affaire et dire qui de Norbert Tiendrébéogo ou de Nestor Bassière a la légitimité du parti. Alors, question : faut-il nécessairement procéder à la déchirure des partis politiques pour affirmer sa personnalité ? Si la logique voudrait qu’on réponde par la négative à cette question, ce n’est pas du tout l’avis des politiques burkinabè, du moins pour certains d’entre eux.

Le comportement à la limite de l’enfantillage de la classe politique amène les observateurs politiques à poser la question sur le bien-fondé du financement public accordé aux formations politiques burkinabè. A-t-on effectivement le droit de continuer à dilapider des fonds publics pour entretenir des partis politiques dont la grande majorité s’illustre négativement ? En mille mots comme en un, la réponse est non. Il semble que l’Assemblée nationale a engagé une réflexion pour que le financement public soit réservé aux seuls partis politiques qui ont engrangé des voix lors des scrutins électoraux. On a comme envie de dire que c’est bien mais ce n’est pas arrivé. Il faut en effet que les bénéficiaires des financements montrent patte blanche, en remplissant le contrat qui les lie à l’Etat et aux citoyens.

La Constitution burkinabè exige en effet des partis politiques qu’ils animent la vie politique et qu’ils forment leurs militants. Dans l’esprit du constituant, il s’agit certainement de donner les moyens aux partis pour qu’ils contribuent à implanter la culture démocratique dans notre pays. Or de nos jours, la majorité, sinon la quasi-totalité des partis se joue de la république et de ses institutions. On accuserait ces partis d’abus de biens sociaux qu’on n’aurait pas tort. De quel droit en effet, passeraient-ils régulièrement à la caisse sans pour pourtant assumer leurs missions constitutionnelles ? C’est exactement comme si un fonctionnaire était rémunéré alors qu’il n’accomplit pas le travail pour lequel il est payé. Du reste, le rapport de la Cour des comptes est assez éloquent à ce sujet.

Les fonds alloués aux partis politiques ne sont pas utilisés dans les règles de l’art. Ce sont des manquements déjà suffisamment graves pour que les hommes politiques en rajoutent par des querelles byzantines qui n’apportent rien à l’édification de notre démocratie. En quoi en effet, Marc Yao et sa bande de refondateurs élèvent-ils le niveau du débat politique ? Rien, sauf à faire croire à l’opinion que la politique est un jeu de cache-cache où on ne s’accroche qu’à ses seuls intérêts personnels. L’approfondissement remarquable de la démocratie burkinabè, à travers l’adhésion des populations au processus, interpelle fortement les hommes politiques du Faso.

Le peuple leur indique la voie à suivre et refuse qu’un malentendu conduise à des scissions à répétition au sein des partis politiques. L’amer constat que l’on fait de la situation actuelle trahit le manque de formation politique des militants. Il est un fait en effet que les partis politiques au pays des Hommes intègres négligent l’éveil de conscience des militants de ces partis. Les cadres des partis doivent donner l’exemple en acceptant de s’assumer et de mener le débat démocratique à l’intérieur de leur structure politique tant il est vrai que c’est de la confrontation que jaillit la lumière.

Talato BAMOGO

L’Hebdo

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique