Excellence Monsieur le Président,

Les
Forces nouvelles viennent par la présente, porter à votre
connaissance, le refoulement systématique des ressortissants
étrangers, en majorité des Burkinabè, par les Forces de
défense et de sécurité ivoiriennes depuis le 09 juin 2004 au
niveau de la ville de Tiébissou. Nous vous signalons par
ailleurs, que déjà le 29 mai 2004, les passagers de sept (07)
bus en provenance du Burkina Faso, pour la région forestière
Ouest de la Côte d’Ivoire, avaient connus le même sort à
Duékoué.

Ces voyageurs sont systématiquement débarqués
des véhicules, fouillés de la façon la plus humiliante, délestés
de leurs biens et quelquefois même torturés. Ce sont des
hommes et femmes totalement démunis et meurtris qui
remontent désormais en direction de la ville de Bouaké dans
une situation de précarité extrême ; faisant fi des conditions
élémentaires humanitaires.

Excellence Monsieur le Président,

Nos services et les ONG dénombrent à ce jour, 1907 Burkinabés
et 139 Maliens qui sont refoulés par les autorités ivoiriennes
depuis neuf (09) jours ; cela en violation de la Charte Africaine
sur la liberté de circulation des personnes et des biens et des
accords adoptés dans ce sens par les Etats de la CEDEAO.

Il
est à noter que ces personnes, pour la plupart, rejoignaient
leurs lieux de résidence habituelle. Les victimes de cette
politique xénophobe sont à 70% des femmes et des enfants,
démunis et malades à cause des conditions de vie et de santé
très précaires dans la zone de débarquement de N’gattadolikro
à une vingtaine de kilomètres au sud de Bouaké.

Face au
nombre grandissant de façon inquiétante des personnes
refoulées, à la précarité des conditions de vie dans le village de
N’gattadolikro et au manque de structures d’accueil dans ledit
village, les Forces Nouvelles, soutenues par l’UNICEF, le CICR
et le PAM, qui apportent aides et assistance aux victimes,
craignent d’être débordées.

Nos services déplorent à ce jour
trois (03) morts dont deux (02) Burkinabés et un (01) Malien, le
pire est à craindre. Aussi, les Forces Nouvelles ont saisi depuis
le 14 juin, l’ONUCI, les Forces Françaises afin de trouver une
solution à cette situation inacceptable et de permettre aux
voyageurs de se rendre chez eux.

Dans l’attente de votre appui
diligent, pour qu’une issue heureuse soit trouvée à cette
violation flagrante des accords suscités, et tout en vous
renouvelant nos remerciements pour votre implication dans la
résolution de la crise qui secoue notre pays, veuillez croire, Excellence Monsieur le Président, à l’expression de nos sentiments distingués.

Source : L’Inter