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David Weld, responsable du MCC pour le Burkina Faso : "Le Burkina est un pays pauvre qui monte"

Publié le jeudi 10 juillet 2008 à 09h25min

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David Weld

Le Millenium Challenge Corporation (MCC) est un programme initié depuis quatre ans par le président américain pour aider les pays pauvres à connaître un essor économique. Dans cette interview, le responsable du MCC pour le Burkina, David Weld fait le bilan de l’un des plus importants programmes d’aide des Etats-Unis d’Amérique grâce auquel l’aide de Washington à l’Afrique a quadruplé en un temps record.

Qu’est-ce que le Millenium Challenge Corporation (MCC ) ?

David Weld (D.W.) : Le MCC est la réduction de la pauvreté à travers la croissance économique. C’est un programme de coopération du gouvernement américain au profit des pays pauvres. Il a été mis en place en 2004 par le président George Bush. De 2004 à ce jour, le MCC a signé seize accords avec des pays à travers le monde dont neuf pays africains. Le MCC a des principes de base : encourager la bonne gouvernance à travers une compétition qui permet de déclarer éligibles ou non les différents pays postulants, (une gamme d’indicateurs intervient dans le classement des pays). Le deuxième principe de base est l’appropriation par chaque pays du processus d’identification des problèmes et des solutions. Le MCC, c’est une nouvelle approche pour le développement. Fini le temps où des étrangers venaient imposer des modèles de développement en Afrique. Dans le cadre du MCC, le pays concerné, à travers un processus consultatif identifie lui-même ses problèmes, ses besoins et propose ses solutions. Nous sommes convaincu que cette approche répond plus au préoccupations des populations. Le troisième principe de base du MCC c’est l’impact, le résultat. Le MCC n’est pas là seulement pour investir mais pour constater les changements positifs réels dans la vie des populations.
Pour cela, nous procédons régulièrement à des analyses de rentabilité et de suivi-évaluation pour mesurer l’impact du programme depuis son lancement. Le MCC veut réduire la pauvreté à travers la croissance économique.

La liberté économique est une vision typiquement américaine. Cette vision est-elle applicable dans un contexte comme le Burkina Faso ?

D.W. : Tout à fait. La liberté économique est quelque chose de typiquement américain. Mais avec la mondialisation, elle est devenue une préoccupation mondiale. De plus en plus, on a conscience que les économies des pays doivent être ouvertes à l’économie mondiale. Au Burkina Faso, on a constaté depuis un certain temps que des efforts sont faits pour améliorer le climat des affaires. Il s’agit de soutenir le secteur privé pour en faire le moteur de l’économie.

Derrière cette idée de soutenir des pays pauvres, le MCC n’est-il pas seulement en train de chercher des marchés pour des entreprises américaines ?

D.W. : Non. Cela n’est pas exact. Peut-être que dans la mise en œuvre des projets du MCC au Burkina Faso, des entreprises américaines interviendront au Burkina Faso. Si cela s’avérait, c’est tant mieux. Mais, il faut noter que les projets seront dans leur majorité exécutés par des entreprises burkinabè. Elles devront pour cela, bénéficier du soutien de l’Etat qui devra se traduire par la création de conditions favorables aux affaires.

Quels sont les domaines d’intervention du MCC au Burkina Faso ?

D.W. : Selon le mode opératoire du MCC, avant tout financement d’un programme, il y a une phase transitoire appelée "Threshold". C’est un programme de petite ampleur dont le but est d’aider un pays à devenir éligible au MCC. En juillet 2005, le Burkina Faso a signé avec le MCC un accord de Threshold sur la scolarisation des jeunes filles. Dans le cadre de ce programme, on a déjà construit 132 écoles avec des mesures d’accompagnement telles que les cantines, les logements d’enseignants, les latrines, les centres d’alphabétisation pour les mères, etc.

Qu’est-ce que le Burkina Faso a fait spécifiquement pour mériter la confiance de Washington ?

D.W. : Comme tous les autres pays éligibles, le Burkina Faso a fait des progrès dans divers domaines : la liberté économique, la bonne gouvernance, des investissements dans des secteurs sociaux au profit des populations et cela depuis ces dix dernières années.

Initié en 2004, le MCC a aujourd’hui quatre années d’existence. Quel bilan faites-vous de votre parcours ?

D.W. : Depuis quatre ans, le MCC a signé seize accords avec des pays dans le monde parmi lesquels neuf pays africains pour un montant global de 3,8 milliards de dollars. Pour le Threshold programme, le MCC a signé quinze accords dans le monde dont sept se trouvent en Afrique. Bien que ce qui a déjà été fait puisse constituer un motif de satisfaction, nous sommes conscients que beaucoup de choses restent à faire.
Mais pour le Burkina Faso, j’avoue que c’est un plaisir de travailler avec ce pays. Le Burkina Faso est un pays pauvre certes, mais c’est un pays qui marche. Le pays suit une trajectoire ascendante.

L’un des acteurs de l’intervention du MCC au Burkina est Tertius Zongo, ex-ambassadeur du Burkina Faso aux Etats-Unis. Le fait qu’il soit actuellement Premier ministre constitue-t-il un handicap dans les rapports entre le MCC et le Burkina Faso ?

D.W. : Non. Le fait que M. Tertius Zongo soit aujourd’hui Premier ministre du Burkina Faso est une bonne chose. Il nous connaît très bien. Il connaît la vision, l’esprit américain. En plus de cela, Tertius Zongo a une vision pour son pays. Il sait ce qu’il faut faire pour lutter contre la pauvreté et assurer au pays une bonne croissance économique.

Un changement à la Maison blanche ne va-t-il pas mettre fin au MCC, une initiative du président Bush ?

D.W. : Le MCC est comme vous le dites, une initiative du président Bush. Pendant les années Bush, notre contribution en Afrique a été multipliée par 4. C’est pour vous dire que la population américaine reste toujours aux côtés des peuples africains : le MCC n’est pas lié à une personne ou à un parti politique.

Interview réalisée à Washington par Ouézen Louis Oulon

Sidwaya

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