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Affaire Guy-André Kieffer : Simone Gbagbo se rendra-t-elle devant le juge ?

Publié le mercredi 9 juillet 2008 à 10h57min

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Depuis le début, son nom est revenu de façon récurrente dans l’affaire Guy-André Kieffer. L’épouse du président ivoirien, Simone Gbagbo, est cette fois-ci officiellement interpellée dans le dossier, avec sa convocation à comparaître comme témoin le 10 juillet devant le juge Patrick Ramael, à Paris. Le ministre du Plan et du Développement, Paul Bohoun Bouabré, un autre proche du président Gbagbo, est aussi concerné par cette convocation.

Mais à l’évidence, le gros morceau demeure la première Dame de Côte d’Ivoire, en raison du rôle de premier plan qu’elle joue sur la scène politique ivoirienne. Sa convocation est donc un développement important dans la procédure judiciaire qui tourne en rond depuis le 16 avril 2004, date à laquelle le journaliste franco-canadien est porté disparu.

Parce que très souvent, les autorités ivoiriennes sur la gestion desquelles enquêtait le disparu, n’ont pas facilité l’avancée du dossier. Aujourd’hui, la nouvelle disposition d’esprit qui anime les dirigeants ivoiriens peut-elle conduire Simone Gbagbo à répondre à la convocation d’un juge français ? Il souffle, en effet, un vent de transparence dans la filière café-cacao, celle-là même sur laquelle enquêtait Guy-André Kieffer. De hauts responsables de cette filière ont été jetés en prison pour malversations. C’est dire que d’une certaine façon, justice est rendue, peut-être à titre posthume, au travail pionnier de Kieffer. Pendant ce temps, à Paris, l’arrivée de Nicolas Sarkozy a sonné comme la fin de la position ambiguë de la France dans certains dossiers politico-judiciaires.

Le président français semble avoir décidé de solder les comptes des affaires troubles, mettant en cause certains, régimes comme ceux de Djibouti, du Rwanda et de la Côte d’Ivoire. Il va sans dire que ce contexte favorable donne des ailes à la justice, d’où, sans doute, les nouveaux développements dans l’affaire Guy-André Kieffer, avec notamment ces séjours croisés de juges en Côte d’Ivoire et en France. Il reste que la justice française s’attaque à une personnalité de poids, intimement liée au pouvoir ivoirien. Le juge Ramael peut-il s’attendre pour autant à voir Simone Gbagbo dans ses bureaux jeudi matin ? Avec le réchauffement des relations franco-ivoiriennes, il n’est pas sûr que Simone Gbagbo fasse le déplacement, autant par orgueil que par précaution. La passionaria de la politique ivoirienne n’a jamais caché son aversion pour la France dont elle dénonce les velléités néo-colonialistes.

En outre, en tant que parlementaire, elle jouit d’une immunité et peut l’invoquer pour se soustraire à la demande du juge Ramael. Elle sait aussi que lorsque la machine judiciaire française se met en marche, elle peut vous créer des ennuis. Certes, on est loin d’une procédure du type de celle de la CPI dont Jean-Pierre Bemba est la dernière victime en date, mais la prudence est mère de sûreté. Il serait donc étonnant, à moins d’un revirement spectaculaire, que Simone Gbagbo accède à la requête d’un juge français, de surcroît à Paris. Il restera, dans ce cas, un parfum de doute sur son rôle, dans une affaire qui continuera d’empoisonner la vie du régime Gbagbo, tant qu’elle ne sera pas élucidée.

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays

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