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Sommet du G8 : Le coup de pub de Sarkozy

Publié le lundi 7 juillet 2008 à 12h27min

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"Je n’accepte pas qu’un continent d’un milliard d’habitants comme l’Afrique n’ait pas un pays pour le représenter à la table des grands de ce monde". On croirait entendre Jacques Chirac et non Nicolas Sarkozy, tant l’ancien président français fut un grand défenseur de la cause du continent noir. Son successeur par contre n’a jamais montré une passion particulière pour l’Afrique. Il s’est plutôt illustré par une politique sujette à caution comme son discours de Dakar ou son concept d’immigration choisie. Car Sarkozy est loin d’être, aux yeux des Africains, un champion de l’intégration.

Comment peut-il prétendre aimer des pays quand leurs ressortissants sont maltraités en France ? C’est un Sarkozy conquérant et ardent défenseur des continents exclus du club très fermé du G8 qui se présente donc à ce sommet. On peut toutefois douter de la capacité du président français seul à faire ouvrir le club des Huit à l’Afrique, à l’Amérique Latine, à l’Inde, à la Chine et au monde arabe. Il pourrait donc s’agir plus d’un effet d’annonce pour faire la différence et se rendre visible, que d’une volonté politique soutenue. Une sorte de coup de pub. L’Afrique pourrait cependant être invitée à la table des grands, de par la volonté des Etats-Unis. La crise zimbabwéenne, on le sait, est suivie de près par Washington dont le souhait est de voir toutes les grandes puissances s’associer pour tomber à bras raccourcis sur Robert Mugabe. A la demande des Etats-Unis, de nouvelles sanctions contre le régime de Harare ne sont donc pas à exclure même si la Russie, seul soutien de Mugabe au sein de ce club, veille. L’Afrique sera donc bel et bien au sommet du G8, mais pas comme Sarkozy le souhaite. Peut-être invitera-t-on un ou deux chefs d’Etat du continent, comme par le passé, juste pour faire de la figuration.

Les altermondialistes eux, n’ont cure de ce débat sur la "démocratisatisation" du G8. Ils ont d’autres préoccupations, dont la principale est de voir les relations entre pays pauvres et pays riches revenir à des dimensions humaines et que la volonté de domination ne soit plus la règle. Ils sont donc encore à manifester dans les rues du Japon, à dénoncer les méfaits de l’économie néolibérale. A défaut de pouvoir se rendre au Japon, les altermondialistes africains se sont donné rendez-vous à Koulikoro, au Mali, pour un contre-sommet. Au Mali comme au Japon, les altermondialistes s’opposent à un système, celui du capitalisme, qui broie tout sur son passage. Voilà pourquoi les déclarations de Nicolas Sarkozy, lui-même grand ami des patrons de multinationales, aura peu d’effet sur les altermondialistes. Si encore le président français se mobilisait pour un siège africain au Conseil de sécurité de l’ONU, on pouvait l’applaudir. Seule la classe dirigeante africaine peut tendre une oreille intéressée à une telle proposition. En Afrique, les dirigeants aiment bien s’asseoir à côté des puissants de ce monde, juste pour satisfaire leur ego et se donner l’illusion d’être eux aussi grands.

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays

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