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Médiation au Darfour : Quelles chances de réussite pour Djibrill Bassolé ?

Publié le mercredi 2 juillet 2008 à 11h24min

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Le ministre burkinabè des Affaires étrangères et de la Coopération régionale dans son nouveau costume de médiateur conjoint de l’UA et de l’ONU au Darfour. Encore un point pour la diplomatie burkinabè. Le retour de la paix au Togo et les acquis enregistrés en Côte d’Ivoire depuis l’engagement du Burkina dans la résolution de la crise ivoirienne sont autant de signes de vitalité et d’efficacité de cette diplomatie.

Et l’élection récente du Pays des hommes intègres en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU achève de convaincre sur son rayonnement au-delà des frontières africaines. Encore une fois, un nouveau défi se présente au Burkina. Il tentera d’apporter sa bassine d’eau à l’incendie du Darfour qui a éclaté voilà cinq années. Quelles chances de réussite dispose-t-il ? Quelles chances de succès pour le ministre burkinabè des Affaires étrangères Djibrill Bassolé ?

Ce ne sont pas les atouts qui manquent. Le pays dispose de troupes sur place. Ce qui, pour le médiateur burkinabè, peut être d’un apport considérable à sa connaissance du terrain. Autre avantage : le Burkina entretient de bons rapports avec le Soudan et le Tchad, toute chose qui met déjà ces deux pays dans de bonnes dispositions d’écoute. Quant au médiateur burkinabè lui-même, fort de l’expérience qu’il a acquise dans les précédents dossiers togolais et ivoirien, il a certainement suffisamment appris pour ne pas se laisser prendre au premier piège. Et puis, sous son air discret, et peu bavard, Djibrill Bassolé ne passe pas moins pour un homme méthodique doublé de fin stratège, autant de qualités qui peuvent compter dans la réussite de sa mission.

Toutefois, il faut se rendre à l’évidence que la tâche ne sera pas aisée. Le Burkina ainsi que son ministre partent avec des atouts certes, mais sur le chemin, ne manqueront pas de se dresser des obstacles. Si jusque-là le Darfour peine à s’inscrire dans la logique de la paix malgré de nombreuses tentatives de médiations, c’est que la situation reste d’une extrême complexité dans cette région écumée par les groupes rebelles. Une situation rendue plus difficile par l’attitude de Khartoum qui a privilégié le langage de la force. Sans oublier les connexions extérieures qui en rajoutent à la complexification de la crise. Et que dire du déploiement des forces hybrides ONU-UA, toujours en nombre insuffisant, et de la Chine dont le soutien à Khartoum est devenu notoire ! La Chine, comme on le sait, a rompu ses relations diplomatiques avec le Burkina. Une rupture qui peut constituer un grain de sable dans la machine de la diplomatie burkinabè qui va bientôt se déployer en direction de Khartoum. Avec son statut de représentant du SG de l’ONU, Djibrill Bassolé n’appartient en principe plus au Burkina seul. Il est devenu une personnalité onusienne.

La Chine le comprendra-t-il ainsi ? Bref, c’est dire combien il faudra engager un travail de fond si l’on veut s’attendre à des résultats probants. Pour une thérapie appropriée, un bon diagnostic s’avère nécessaire, ce qui multipliera les chances de succès de la médiation. A coeur vaillant, rien d’impossible. Espérons que cette autre page de la diplomatie burkinabè qui s’ouvre se refermera sur une brillante note de satisfaction. Le dialogue direct qui apparaît comme la marque déposée de la méthode burkinabè sera-t-il une fois de plus utilisé ? Quoi qu’il en soit, ce sont les résultats qui comptent.

Cheick Beldh’or SIGUE

Le Pays

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