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Soutien à l’ANEB : Les poupées russes sont de sortie

Publié le lundi 30 juin 2008 à 13h14min

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L’ANEB après sa manifestation à violence de la semaine dernière a besoin de soutiens. Elle n’en a pas manqué vu le renfort à elle apporté par le MBDHP et la section SYNTER de l’Université de Ouagadougou. Dans le style répétitif qu’on connaît à ces associations, ils ont dit que l’ANEB était dans son plein droit et que l’Etat de droit dérivait.

On connaît l’ANEB comme le bras armé d’un certain Collectif, qui a fait feu de tout bois entre 1999 et 2004. Pour qui connaît les associations membres de ce Collectif, la savane du Burkina n’étant pas assez étanche pour qu’on ne sache pas qui est qui, il n’est pas étonnant que le MBDHP et le SYNTER viennent au secours des étudiants mobilisés au sein de leur « syndicat authentique ». Les étudiants, c’est connu, viennent toujours avec deux constantes. D’un, les études. On peut penser que c’est la logique puis que leur raison d’habiter en ces lieux est la quête du savoir.

De deux, la fronde par revendications interposées. Ce second aspect, quoi que faisant partie de la vie humaine, aurait cependant tendance à prendre le pas. La plate-forme récente des deux UFR telle que brandie se justifie sans doute. Du reste, il ne s’agit pas de remettre en cause son bien-fondé, mais de savoir si derrière les revendications ne se cache pas l’envie de créer une situation de blocage artificiel à l’orée des examens de fin d’année ? La question est d’autant pertinente, lorsque l’analyse se porte sur tous ces soutiens venus comme par enchantement. Et pourtant, cela dure depuis que l’ANEB est ANEB. Pourquoi ?

Dessein éventé

Parce que le but avoué était d’arriver à cette situation de blocage et à leur logique simpliste, voulant que toute opposition des forces de l’ordre à une horde de casseurs, s’apparente à des « dérives autoritaires » qui nécessite en conséquence, « une mobilisation sans faille pour défendre les libertés ». Le projet de tous ces groupuscules se ressemblant telles des poupées russes a toujours été de susciter la confrontation, du moins de penser, de l’organiser et de la mettre en œuvre. Ils seraient tous, des chapelles d’un Parti communiste clandestin nommé PCRV, qui du reste ne fait aucun mystère à travers ses écrits que son heure est proche à cause de la crise généralisée. Parce qu’un parti qui ne vise pas le pouvoir d’Etat n’est pas un parti.

Mais, c’est la méthode du PCRV, dans un contexte de démocratie qui est très contestable. Ce serait verser dans un idyllisme simpliste que de croire qu’il suffit de revendiquer pour être satisfait. Encore que nul ne peut remettre en cause la bonne foi de l’exécutif, au regard de tous ses efforts pour améliorer le sort de l’Université. La hauteur des investissements annuels permet d’espérer d’année en année des changements. Ce changement progressif s’accommode mal du jusqu’au-boutisme de l’ANEB, s’arcboutant à sa logique du tout et tout de suite. Avec la révendication principale qui concerne l’acquisition des infrastructures d’accueil, on voit mal comment un amphi peut se monter en un temps deux mouvements. Le clash était alors inévitable, les projets d’extension de l’UO étant en chantier.

La fête des « cartouchards »

A l’Université de Ouagadougou pullulent des « cartouchards ». Ce n’est pas un secret, et le président en a donné des cas éloquents. Des étudiants qui plafonnent en deuxième année depuis 2001, on ne peut que s’interroger sur la revendication qui veuille que l’étudiant puisse dire à la « hauteur de la tête » de ses professeurs qui a droit à la dérogation. Vous avez dit autre temps, autres mœurs. On doit rêver, mais c’est là, la génération actuelle, qui pense avoir droit à tout et à n’importe quoi. Et ces fameux cartouchards se délectent de telles situations où le flou l’emporte et qui leur permet par après de soutenir que l’année ratée ne leur est pas opposable, eux qui se traînent tels des tortues dans leur quête du savoir.

C’est pourquoi, la période choisie par l’ANEB pour forcer le blocage ne rend pas sa lutte crédible, à tout le moins compréhensible. Une réalité qui se confirme, pour ceux qui le pensent ainsi et ils sont nombreux, qu’elle n’est pas libre en tant qu’association. La manipulation qui lui chenille au corps, n’en prend que toute sa signification pour deux raisons. La première, c’est que la manifestation pouvait avoir lieu sans casse. Les étudiants en Sciences de la santé ont fait leur sit-in face au ministère sans qu’il ne se passe le moindre éclat de voix. Les deux UFR auraient pu aussi bien s’asseoir tranquillement en face des forces de l’ordre ceinturant la présidence de l’université au lieu d’aller à l’affrontement.

La deuxième est que la revendication pouvait se faire en début d’année, en refusant par exemple de rejoindre les amphis pour débuter les cours, si la preuve n’est pas faite que les solutions seront trouvées. La lutte, selon leur vision, est permanente. En espérant de mettre l’année en péril, l’ANEB est dans l’analyse PCRViste voulant que tout soit crise au Burkina. Et lorsqu’il n’y en a pas, il faut en créer. Son bras armé est là pour cela. Il ne faut donc pas s’étonner de ce qui arrive, c’est le contraire qui le serait. De loin en loin, on verra cette répétition.

Souleymane KONE

L’Hebdo

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