Commission électorale du Zimbabwe : Dépouillement à Grande Vitesse
C’est un Robert Mugabe fraîchement "élu" qui devrait donc participer aujourd’hui et demain au 11e Sommet de l’Union Africaine (U.A) à la station balnéaire égyptienne de Charm-el-Cheikh sur la mer Rouge. Autant dire des vacances de rêve pour quelqu’un qui vient de perpétrer un coup d’Etat électoral en règle. A une vitesse supersonique. Et comment donc !
En l’espace de 48 heures, le vieux Bob a réussi le tour de force d’organiser le second tour de la présidentielle le vendredi 27 juin, d’en faire le dépouillement des résultats, de les proclamer et de se faire investir hier dimanche pour un nouveau bail à la présidence avant de s’envoler pour l’Egypte. Vertigineux n’est-ce pas ?
Il est vrai qu’après avoir contraint son challenger à jeter l’éponge à coups de bâtons de ses militants, d’interpellations, de saccages de domicile, même de meurtres d’opposants ou supposés tels, après avoir érigé la terreur en mode de scrutin, le Mugab’s était l’unique candidat à cette parodie d’élection.
Et seul comme il l’était sur la ligne de départ, avait-il encore besoin de mettre les formes à l’arrivée, puisque, de toutes les façons, il ne pouvait qu’être "élu" au pourcentage qu’il souhaite ? Mais tout de même, s’il y avait un record du monde en la matière, on le lui aurait sans doute décerné.
L’exploit est d’autant plus méritoire qu’excepté les pays développés, où les urnes parlent deux heures à peine après leur fermeture, dans nos pays, généralement pauvres, très endettés et sous-développés, où les moyens de communication sont à l’image des Etats, les bulletins mettent souvent 72 heures au moins à parvenir du dernier hameau de culture au lieu où les votes sont centralisés.
Pour mémoire, rappelons que pour le premier tour, qui s’est tenu le 29 mars 2008, il a fallu attendre cinq bonnes semaines pour que la Commission électorale du Zimbabwe (ZEC), après moult tergiversations, sorte enfin du bois pour annoncer que Morgan Tsvangirai était arrivé en tête avec 47,9% des suffrages exprimés contre 43,2% au dinosaure Bob.
Deux mois plus tard, après un scrutin "paisible" et une participation "massive" selon la ZEC, il n’aura fallu que 24 petites heures pour dégoupiller l’affaire, et 24 autres petites heures pour que Mugabe prête serment.
Comme quoi ce Bob, qui a violé tout ce qui était violable pour se maintenir au pouvoir, sait aussi faire vite, et même très vite, quand il le veut. C’est ce qu’on appelle être à la hauteur de ses péchés.
Rabi Mitbkiéta
L’Observateur