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Afrique : Si les sommets développaient ...

Publié le jeudi 26 juin 2008 à 13h33min

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Depuis le 24 juin, la ville balnéaire de Sharm El-Sheikh en Egypte, est la capitale de l’Union africaine. En effet, c’est ce site touristique situé à plus de 500 kilomètres au Sud-Est du Caire qui a été choisi pour abriter le 11e Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine prévu du 30 juin au 1er juillet prochain.

Pour cette grand-messe qui se profile, l’homélie est prévue pour se porter sur la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement en matière d’eau et d’assainissement. En attendant l’arrivée des prestigieux fidèles, des enfants de choeur vont tout apprêter pour le bon déroulement de la messe. C’est ainsi que des experts et des ministres ont pris d’assaut depuis le début de cette semaine, la ville balnéaire pour les traditionnelles réunions préparatoires.

L’Afrique est périodiquement dans l’air de ces sommets dont le continent est devenu champion. Il ne se passe pratiquement pas un jour sans qu’à un niveau national, régional, sous-régional ou continental, un sommet, un colloque, un congrès ou une conférence ne soit organisé. Rien que dans ce mois de juin, il y a eu les sommets de la CEN-SAD les 17 et 18 à Cotonou et ceux de la CEDEAO le 23 courant. A ces différentes occasions, le développement des pays membres de ces organisations voire celui du continent tout entier est évoqué. En tout cas, si les sommets développaient un continent, il y a bien longtemps que l’Afrique serait hyper développée, qu’elle se serait même constitué une bonne expertise en matière de développement. Malheureusement, c’est loin d’être le cas. Sans être contre les sommets, on ne peut tout de même rester sans réagir face à cette inflation de rencontres, à la base comme au sommet, qui caractérise le continent. Alors, qu’il nous soit donc permis d’émettre des réserves sur leur efficacité au regard de leur abondance, de leur fréquence. Le rythme est tel que bon nombre de cadres, de responsables africains n’ont plus d’autre occupation que de voler de sommet en sommet sans pour autant que l’on ne perçoive de leur part les avantages qu’ils pourraient faire profiter à leur pays au nom desquels ils y participent.

D’ailleurs, et en dehors des perdiems, ces habitués des fora en tirent-ils un profit pour eux-mêmes ? Les rideaux aussitôt tirés sur la réunion, il y en a qui sont incapables de dire de façon claire ce dont il a été question ou de ressortir une recommandation importante. C’est à se demander s’ils ont vraiment participé aux travaux. Il y a lieu de donner raison à Mouammar Khadafi qui, récemment, a vertement critiqué les organisations sous-régionales en les qualifiant même de "machin". On ne serait pas surpris que sa prochaine sortie soit contre la réunionite, contre ces rencontres tous azimuts sans retombées concrètes.

Dans ces conditions, on peut sérieusement se demander si ces sommets ne sont même pas à la base du retard du continent. L’expérience a montré que l’on passe le temps à parler lors de ces rencontres, à prendre des décisions, dont certaines sont bonnes, mais qui ne seront jamais appliquées. On gaspille du temps, d’énormes énergies, d’importantes ressources financières etc. Une telle situation est paradoxale pour un continent reconnu comme étant le plus pauvre de la terre, toujours dernier dans bien des domaines. Voilà un continent où l’on devrait sérieusement travailler sans relâche pour le sortir de l’ornière. L’exemple des pays asiatiques, devrait inspirer les Africains. Ce n’est un secret pour personne que c’est à force de travail que ces pays, dont certains étaient invisibles une décennie après nos indépendances, sont aujourd’hui des pays émergents.

Mais cela ne semble pas fouetter l’orgueil des Africains. Ils préfèrent se réunir tout le temps en sommets pour parlementer sur le développement, prendre de bonnes résolutions dont on n’entendra plus jamais parler à la prochaine rencontre. Pourtant, le bon sens commanderait que l’on fasse le point des décisions prises en terme de mise en oeuvre entre deux sommets. Cela permettrait de se faire une idée des retombées, de l’impact d’un tel sommet que l’on n’aura donc pas tenu pour rien. Malheureusement, la culture du résultat et du suivi n’est pas encore entrée dans les habitudes et l’on comprend tout le sens du combat pour l’instauration de cette culture menée par exemple au Burkina par le Premier ministre Tertius Zongo.

En attendant que la mayonnaise prenne un jour sur le continent, on tourne en rond, on fait et refait la même chose. En effet, il n’est pas rare que des rencontres soient organisées en grande pompe sur de vieux thèmes ou sur des problématiques inscrites en urgence dans l’agenda des chefs d’Etat. C’est le cas actuellement avec la crise alimentaire qui a été au menu des sommets de la CEN-SAD et de la CEDEAO et qui ne manquera pas de s’inviter à celui de l’Union africaine bien que le thème officiel n’y soit pas relatif. Où sont passées les résolutions prises sur cette problématique étant donné que ce n’est pas la première fois que le monde en général et l’Afrique en particulier est confrontée à une crise alimentaire ?

Dans le registre des thèmes récurrents, l’Union africaine est en passe de ravir la vedette à toutes les organisations. En effet, il n’y a pas une fois où un seul sommet des chefs d’Etat et de gouvernement ne s’est pas penché sur le thème des conflits et des tensions. Des résolutions sont prises chaque fois pour résoudre ceux en cours mais également prévenir les conflits de façon générale. Sans un vrai succès. Il y a vraiment lieu que les dirigeants travaillent enfin à éviter le surplace.

Le Pays

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