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Libye-Burkina : Sans frontières...

Publié le jeudi 26 juin 2008 à 13h49min

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Mais où est donc passé Blaise Compaoré ? Il était en terre sainte d’Israël au mois de mai dernier à l’invitation des autorités du pays à l’occasion de la commémoration des festivités du 60e anniversaire de l’Etat hébreu. Le président burkinabè a aujourd’hui une étoffe diplomatique trop envieuse qui fait de lui le plus célèbre médiateur panafricain des guerres civiles et des conflits politico-militaires en Afrique en ce début du XXIe siècle.

Blaise Compaoré est le chef d’Etat d’un pays politiquement libre et souverain. Il est le président en exercice de la CEDEAO, il est l’homme miracle de l’extinction à petit feu de la longue crise dévastatrice et contagieuse qui a secoué les fondements de l’économie et le socle moral, psychologique et sociopolitique, etc, de la Côte d’Ivoire hospitalière.

Le président du Faso n’appartient plus aux seuls Burkinabè : sa nouvelle mission de sapeur-pompier fait de lui un Africain de tous les pays de l’Afrique. Voilà pourquoi, là où il y a des conseils à prendre, là où il y a les clés de la vertu du dialogue, du pardon, du repentir sincère pour panser les cœurs à grandes saignées..., il peut et doit répondre présent. Un médiateur ne s’enferme pas : on n’apprend rien tout seul. La confiance panafricaine de Blaise Compaoré ne l’autorise pas à vivre reclus. A contrario, toute la vie politique de Mouammar Kaddafi a été un combat à gagner.

Dans chaque geste contrôlé et mûri, dans chaque parole prononcée sous une tente mystificatrice ou à une tribune officielle réfractaire... transparaît toujours une ligne politique et idéologique du "Guide" libyen. Ses empruntes politiques qui laissent toujours des empreintes économiques sont un choix, une ligne de vie de conquête et de partage d’un peu de souveraineté exigée du voisin. Kaddafi sait très bien et se le dit à lui-même que sa personnalité précède son rêve d’unification et de fusion des Etats-nations d’ailleurs à la limite de l’obsession.

Lui qui pousse frénétiquement à l’effondrement des frontières nationales au profit des grands ensembles,l reste pourtant et curieusement convaincu que l’on ne peut faire l’unanimité autour d’un médiateur, réussir harmonieusement une fédération quelle qu’elle soit en s’enfermant sur soi et en se choisissant subjectivement certains voisins et certains partenaires. La périlleuse entreprise de la Communauté des Etats sahélo-sahéliens (CEN-SAD) est aujourd’hui une certitude heureuse grâce particulièrement à la détermination et à la disponibilité déclarées et franches du Burkina Faso qui en est la locomotive et qui en tire aussi une légitime fierté. Où est l’os si Blaise Compaoré s’est rendu en visite officielle en Israël ?

Un médiateur exigeant et méthodique ne devra concevoir aucune gène à parcourir le monde déshumanisé pour recoller les carcasses de la République et ramener la paix recherchée dans les cœurs blessés. Les espaces s’ouvrent et de plus en plus, les lointains pays se jettent dans l’inconnu pour un éventuel positionnement économique sur les marchés africains : le médiateur Blaise Compaoré ne peut donc être ni contesté dans sa démarche ni contesté dans sa raison. D’ailleurs pour les sceptiques politiques très avisés, Mouammar Kaddafi prêche inutilement et inefficacement dans le désert du Sahara : "L’Afrique subsaharienne n’est pas une frontière à conquérir mais une source de troubles...". En politique comme dans la vie, l’amour prend souvent froid. Mais il ne finit jamais ?

Mis en confiance par l’exceptionnel capital de sympathie dont il jouit, le chef de l’Etat burkinabè a appris et compris qu’il n’y a pas de politique qui vaille en dehors des réalités. "L’inattendu, prévenait l’ancien Premier ministre britannique, Margaret Thatcher, peut survenir à tout moment ; nous avons intérêt à y être préparés".

Idrissa NOGO (idrissanogo@yahoo.fr)

Sidwaya

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