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Zimbabwé : Aidons Mugabe à partir

Publié le mercredi 25 juin 2008 à 10h44min

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A présent, il aura tout le temps d’apprécier les rapports de force qui ne pouvaient que pencher en sa défaveur. S’il n’est déjà pas aisé de se mettre à dos les suzerains d’hier, être l’objet d’un tir groupé de la part de l’Occident laisse toujours des traces. Et en cela, Mugabe apprend aujourd’hui à ses dépens qu’on sort généralement perdant d’un bras de fer engagé contre les grandes puissances, surtout quand on est pratiquement seul. Hier, il s’en est pris aux intérêts des Occidentaux.

Aujourd’hui, il reçoit la rançon de son radicalisme. Mais au-delà de ses inimitiés profondes contre les Britanniques surtout qu’il accuse d’être les responsables de tous les malheurs de son pays, Robert Mugabe a certainement une part de responsabilité dans la progressive descente aux enfers du Zimbabwe. Il aurait fait preuve d’intelligence politique qu’il se serait gardé de solliciter encore les suffrages des Zimbabwéens. Une candidature de trop. En visionnaire, le père de l’indépendance aurait dû se ménager une porte de sortie honorable, pour conserver le capital de sympathie dont il jouissait toujours de la part de ses pairs africains. Il aurait pu laisser en héritage à l’humanité, l’image du combattant de la liberté qu’il fut.

La retraite politique du Lider Maximo, Fidel Castro (même s’il a passé la main pour des raisons de santé) aurait pu servir de déclic à "Papy", d’autant que son parti venait d’être battu aux dernières législatives. Hélas, trois fois hélas, Mugabe préfère plutôt se cramponner, et de toutes ses dernières forces, au pouvoir. Rien à faire ! Mugabe est pénétré de l’idée qu’il tient son pouvoir de droit divin et que seul Dieu est en mesure de le lui reprendre. Une position partagée en secret par bien des chefs d’Etat du continent. Mais contrairement à ces derniers, Mugabe dit tout haut ce que les autres pensent tout bas. Un discours qui a de quoi choquer l’Occident, mais aussi embarrasser ses pairs de la SADC notamment, même si certains d’entre eux pensent qu’il y a un fond de vérité dans ce que dit "Papy". Assurément, Robert Mugabe n’a pas su se départir du langage de maquisard qu’il fut, pour adopter le discours du fin politicien. Au total, il aura raté l’occasion de se montrer bon démocrate.

Autre erreur du président zimbabwéen : celle d’avoir perdu de vue qu’il mène un combat contre les néo-colons et non contre le leader de l’opposition, Morgan Tsvangirai, qu’il traite de tous les noms d’oiseaux. "Papy" a voulu tendre un piège à l’opposant qui semble avoir retourné la situation en sa faveur. Le refus du patron du MDC d’aller au second tour pour ne pas légitimer une mascarade électorale est un scénario que le président de la Zanu/PF n’avait certainement pas prévu, lui qui aurait, du reste, demandé à Tsvangirai de revenir sur sa décision. Que son proche entourage encourage Robert Mugabe à rester aux affaires, ne fait aucun doute. Mais nul n’est éternel et tôt ou tard, il faudra bien que l’homme fort du Zimbabwe cède son fauteuil, d’une façon ou d’une autre. Comment partir ? Telle est la question qui trouble le sommeil de bien des dirigeants africains dont certains mesurent le danger de l’épée de Damoclès de la CPI (Cour pénale internationale) qui plane sur leur tête. De fait, certains dirigeants ont des placards débordant de cadavres. Comment aider Robert Mugabe à partir, lui qui n’a pas non plus les mains propres ? Comment conjurer le mauvais sort qui se profile à l’horizon au Zimbabwe ? C

ertains préconisent le report des élections, le temps que les passions retombent. Reste que la solution doit venir du président Mugabe lui-même qui, courageusement, doit renoncer au pouvoir qui lui sourit une fois de plus du fait du désistement de Tsvanguirai. Encore faut-il qu’il ait la conviction qu’il coulera des jours tranquilles une fois qu’il aura tourné le dos à la Présidence. Et c’est là toute la question. La communauté internationale, notamment l’Angleterre et les USA, dans le cadre de négociations, débarrassés de toutes passions et de tout esprit de revanche, devrait pouvoir donner des garanties de sécurité et de paix au président en échange de son renoncement au pouvoir.

Cheick Beldh’or SIGUE

Le Pays

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