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Intégration africaine : L’heure des grands-messes annuelles

Publié le lundi 23 juin 2008 à 13h36min

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Beaucoup d’encre et de salive ont coulé et continueront de couler sur la problématique de l’intégration africaine. Après la Xe session ordinaire des leaders et chefs d’Etat de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (CEN-SAD) tenue les 17 et 18 juin derniers à Cotonou au Bénin, autour du thème « Développement rural et sécurité alimentaire… », deux autres Sommets africains d’envergure vont se dérouler tout au long de cette semaine qui commence et dans les jours à venir.

Ainsi, après la XXXIIIe session ordinaire qui a eu lieu en janvier dernier et qui a reconduit le président Blaise Compaoré pour un second mandat à sa tête, il se tient à partir de ce lundi 23 juin à Abuja au Nigéria, la XXXIVe Conférence des chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) autour des crises politiques et de la crise alimentaire dans la sous-région. Enfin du 30 juin au 1er juillet prochain, se réunira la XIe session ordinaire de la conférence de l’Union africaine à Sharm El-Sheikh en Egypte. Le thème de cette grand-messe africaine est « La réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement pour l’eau et l’assainissement ».

Outre la question du développement économique et social, l’intégration politique est sans doute aujourd’hui un des grands défis que doit relever l’Afrique. A la suite des pères de l’indépendance, en particulier le Docteur Kwamé Nkrumah du Ghana qui en ont posé les premiers jalons, les chefs d’Etat de l’Afrique contemporaine, avec des convictions plus ou moins avérées, s’attellent à construire cette immense utopie à même de galvaniser les énergies africaines. Ainsi, sur les cendres de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) créée en 1963 à Addis-Abéba aux lendemains des indépendances, est née en 2002 l’Union africaine, sous l’impulsion du guide libyen Mouammar Kadhafi. Comme lors de la création de l’OUA, les conceptions fédéralistes et souverainistes continuent cependant de s’affronter, créant souvent des mésententes, voire des blocages.

Ainsi, si en dépit des évidences caractérisées par la xénophobie, les expulsions de populations africaines, les conflits inter et intra étatiques, les réfugiés, les entraves à la libre circulation des biens et des personnes, certains veulent ici et maintenant, la mise en place d’un exécutif continental, d’autres par contre, plus circonspects et réalistes, pensent que l’intégration, loin d’être un long fleuve tranquille, est un long chemin à parcourir. En œuvrant d’abord au niveau des populations des différentes régions pour parvenir peu à peu à l’union continentale.

Au-delà de cette guéguerre de conception et de procédure, les peuples africains et leurs leaders, en fait, ne devraient avoir qu’un seul idéal, à savoir l’unité politique du continent qui fera faire à l’Afrique un pas de géant dans un monde impitoyable pour les micro Etats qui ne peuvent affronter isolément la mondialisation et ses exigences.
Le phénomène de la vie chère est là pour nous le rappeler. Sur ce point heureusement, les thèmes des différents sommets ces derniers jours invitent à l’optimisme.

Alors que la CEN-SAD s’est penchée sur la question combien actuelle du développement rural et de la sécurité alimentaire, en reconnaissant la nécessité de revoir les stratégies dans le domaine agricole pour ne plus dépendre de l’extérieur, les sommets de la CEDEAO et de l’Union africaine ont également pour objet le développement du continent. « La politique agricole commune de la CEDEAO » (ECOWAP) et les recommandations issues de la session extraordinaire des ministres réunis à Abuja le 19 mai dernier seront certainement au centre des préoccupations des chefs d’Etat. L’Union africaine, au-delà des Objectifs du millénaire pour le développement qui seront passés en revue, ne saurait non plus passer sous silence la problématique de la crise alimentaire qui fait l’actualité sur le continent. La question de l’eau, inscrite à l’ordre du jour, est en effet déterminante dans la production agricole.

Les stratégies et les mécanismes de lutte pour la sécurité alimentaire et le développement du continent ayant été ainsi identifiés, il reste à trouver les moyens pour leur mise en œuvre. Sur ce point, il est indécent de toujours tendre la sébile vers les bailleurs de fonds extérieurs, alors que des pays africains, suffisamment nantis et croulant sous le poids des pétrodollars, pourraient assurer l’intégralité des financements.

Aussi faut-il faire appel à la solidarité inter africaine en priorité, et extra africaine ensuite ? A l’heure des grands-messes annuelles de l’intégration africaine, il importe de mettre le cap sur l’essentiel, en évitant de se laisser distraire par des questions d’ordre secondaire, et de mettre également l’accent sur l’implication des populations par des actions de communication appropriées, afin d’assurer au continent son autodéveloppement, et surtout son autosuffisance alimentaire.
Par cercles concentriques ou par un vaste mouvement d’ensemble, l’Afrique a besoin de rassembler ses forces et ses potentialités pour se développer et peser davantage sur la scène mondiale. Le grand peuple africain doit, pour ce faire, se mobiliser pour lui donner toutes ses chances de réussite.

Par Jean-Paul KONSEIBO

Sidwaya

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