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Assainissement de la filière café-cacao en Côte d’Ivoire : Pourquoi maintenant ?

Publié le lundi 23 juin 2008 à 13h25min

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Le président Gbagbo a entrepris d’assainir la filière café-cacao en envoyant ses principaux dirigeants devant les tribunaux. Sans aller jusqu’à mettre en doute la sincérité du chef de l’Etat ivoirien, on peut tout de même se demander pourquoi avoir attendu maintenant pour finalement se décider à sacrifier quelques fidèles de haute facture. Jusqu’où pourra aller cette oeuvre de salubrité publique ?

Il y a belle lurette que se plaignent les planteurs et tous ceux qui se situent dans la chaîne de production du café et du cacao. La plupart estiment être les laissés-pour-compte d’une filière dont on a toujours su pourtant qu’elle "rapporte gros", pour en emprunter aux termes de la loterie nationale.

Des superprofits, la production et l’exportation du café et du cacao en engendreront encore pendant longtemps. Les Occidentaux, on le sait, sont friands de ces produits dont l’odeur et surtout la saveur sur les papilles gustatives ne peuvent laisser indifférent. L’industrie de transformation n’a d’ailleurs de cesse de lancer sur le marché des produits dérivés, lesquels confirment que le café sous toutes ses variantes, et le chocolat tiré du cacao, demeureront encore pour un certain temps des produits fort prisés de tous. Aussi admet-on difficilement que la filière souffre de certains manquements, et c’est peu dire.

La filière café-cacao demeure un secteur des plus sensibles de l’économie ivoirienne. Des décennies durant, feu le président Houphouët-Boigny, à l’origine du développement de la filière, avait lutté pour qu’elle serve autant de vache à lait que de locomotive pour les autres secteurs d’activité. Sous son long règne, la filière a donc connu une prospérité en dépit des caprices du marché international.

Mais on le sait, la succession est pénible à gérer, particulièrement en Afrique. En la matière, nos hommes politiques sont passés maîtres dans l’art de dilapider les moindres ressources léguées par le prédécesseur. Cela, sans que des dispositions aient été prises pour pallier les inconvénients d’une gestion hasardeuse, encore moins épargner et réinvestir de manière à garantir la survie des générations futures. Il est donc compréhensible que le président Gbagbo en fasse une vive préoccupation. Même si cela vient sur le tard.

Par ailleurs, la Côte d’Ivoire a les missions d’évaluation du Fonds monétaire international (FMI) aux trousses. Le président Gbagbo pourrait alors faire d’une pierre deux coups : écarter les brebis galeuses qui ternissent l’image de son régime au sein de l’électorat, et faire preuve de sérieux devant les institutions de Bretton Woods dont les dollars ne seront jamais de trop à la veille d’une présidentielle fort attendue.

Durant ces élections qui s’annoncent, pour une des rares fois, le dernier mot devra revenir réellement à l’électeur ivoirien. Celui-ci, après les épisodes tumultueux de la guerre fratricide ayant coupé le pays en deux, se fait courtiser à qui mieux mieux par la classe politique. Quels qu’ils soient, les candidats, toutes tendances confondues, semblent avoir enfin compris que c’est de l’urne que viendra la solution car seul le peuple détient la vérité.

En cherchant à mettre de l’ordre dans la filière, le président Gbagbo voudrait peut-être s’attirer les faveurs d’un électorat acquis à la cause du café et du cacao. On le devine, cet électorat constitue une base-arrière pour le PDCI-RDA autant que pour le RDR, partis qui se réclament des idéaux du "Vieux".

Mais, que son souci d’assainir la filière café-cacao trahisse des relents électoralistes ou pas, il faut reconnaître au président Gbagbo le mérite d’avoir opté pour la bonne cause. Trop longtemps, la filière café-cacao a alimenté de manière suspecte les comptes en banque de certains individus. En choisissant de s’attaquer au monstre, le chef de l’Etat ivoirien ne doit donc pas oublier que l’hydre a plusieurs têtes. Il lui faudra aller encore plus en profondeur, surtout à la veille de la mise en place de nouvelles institutions républicaines.

Ceux qui ont le plus profité de cette filière "nourricière", sont a priori des proches du régime, celui-ci en ayant fait rapidement sa "chose" dès son avènement. Autant dire que le régime du FPI n’agit pas de gaieté de coeur. Toutefois, il faut savoir faire place nette. Laurent Koudou Gbagbo n’a pas hésité à s’y atteler. Il faut espérer que la mesure ne sera ni ponctuelle, ni limitée à la filière café-cacao. Pourquoi ne pas souhaiter que des développements ultérieurs conduisent jusqu’aux assassins de Guy André Kiefer et des commanditaires de cet acte ignoble ?

En attendant, cette affaire de la filière permet au président Gbagbo d’engranger des points à quelques mois des échéances électorales. De plus en plus, ses conseillers le font apparaître comme le messie que la Côte d’Ivoire attendait suite à la disparition du "Vieux". Mais qu’on ne s’y trompe point : tout le monde a profité de la filière café-cacao. Surtout durant la guerre. Personne n’a donc réellement intérêt à faire pression pour que les enquêtes aillent très loin. C’est dire que pour les conjurés, le silence vaut son pesant d’or.

En fait, avec ces dernières prises de décisions, ces tentatives de mises en ordre, on peut dire que la campagne a véritablement commencé pour le chef de l’Etat ivoirien. Gbagbo voudrait peut-être se conformer aux normes européennes. L’occasion est donc belle pour entreprendre la moralisation des autres filières, de même que la haute fonction publique qui est pourrie. Les autorités ivoiriennes actuelles le pourront-elles vraiment ? L’avenir nous le dira.

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 25 mai 2009 à 01:42, par JONY En réponse à : Assainissement de la filière café-cacao en Côte d’Ivoire : Pourquoi maintenant ?

    BONJOUR JE ME DEMANDE D OU VIENT VOTRE SOURCE INFORMATION JE SUIOS UN J EUNE IVOIRIEN RESIDANT EN COTE D IVOIRE PARLANT DE LA SITUATION CAFE CACAO VOUSZ ETES CAREMENT EGARER .D ABORD IL FAUT COMPREND QUE SE NER SONT PAS LES FIDEL DU PRESIDENT ILS ONT ETE CHOSIR PAR LES PRODUCTEUR EUX MEME ET LORSQUE IL PARLAIT DE REFORME IL S ADRESSAIT PARTUCULERE REMENT A CETTE FILIERE C EST A DIRE CAFE CACAO.VOUS ETES DES JOURNALISTES VOUS AVEZ LKE FEUX ET L EAU ENTRE LES MAIN SVP NE FAITE PAS DU JOURNALISTE COMME LA VENDEUSE QUI SE TROUVE AU MARCHE . MERCI JONY.

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