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Côte d’Ivoire : Evitez à tout prix de prêter le flanc aux rebelles

Publié le vendredi 20 juin 2008 à 13h19min

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Feu Félix Houphouèt-Boigny, le père de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, disait qu’"il est plus facile de faire la guerre que de faire la Paix". Cette sagesse, une lapalissade, son peuple l’a apprise après lui à ses dépens. Car, depuis septembre 1999, le pays est plongé dans une crise profonde, et cela fait presque une décennie qu’il cherche à en sortir, mais difficilement. Que d’obstacles au processus de paix entamé à cet effet !

Mais il faut se féliciter que l’accord de paix de Ouagadougou, signé le 4 mars 2007, suscite un réel espoir chez les Ivoiriens. Le chemin qui mène à la paix demeure toutefois parsemé d’embûches. La preuve, les soldats de l’ex-rébellion ivoirienne des Forces nouvelles (FN) ont encore fait parler d’eux, le 18 juin 2008.

En effet, après une première sortie le lundi, ils sont descendus dans les rues de Bouaké, leur fief, mercredi dernier. Armés de machettes, de fusils ou de gourdins, les frondeurs se sont négativement illustrés, selon plusieurs sources, en s’en prenant violemment à des civils. Ils se sont livrés au pillage de magasins et ont retiré des véhicules à leurs conducteurs.

C’était là leur façon à eux de réclamer le versement de la prime forfaitaire de 90 000 francs CFA, allouée mensuellement à chaque soldat démobilisé. Car, explique-t-on, le paiement de ladite allocation avait accusé un "léger retard d’une semaine". Rappelons que cela entre dans le cadre du processus de désarmement et de réinsertion (DDR), dont la première phase consiste au regroupement des ex-combattants, et a déjà concerné 4 200 éléments sur un effectif officiel de 36 000.

Cette manif, rappelons-le, est intervenue quelque deux semaines seulement après le passage d’une mission du Conseil de sécurité de l’ONU, le 9 juin dernier. Celle-ci était allée "encourager davantage les parties à appliquer intégralement et de bonne foi toutes les dispositions de l’Accord politique de Ouagadougou (APO) et ses accords complémentaires, souligner la nécessité de respecter le calendrier qui y est établi et les assurer de l’appui du Conseil à cet égard".

On ne le dira jamais assez, beaucoup au sein de la soldatesque de l’ex-rébellion en Côte d’Ivoire ont peur du retour du climat social à la normale. En d’autres termes, ils trouvent leur compte dans cette situation de ni paix ni guerre.

Le cas le plus illustratif est celui du commandant des Forces Nouvelles Issiaka Ouattara alias Wattao. S’il n’était pas admis à la réintégration, comme lui-même le reconnaît d’ailleurs, il n’aurait pu exercer que dans le commerce. Il faut en outre retenir que cette manifestation repose le problème des processus de sortie de crise en général. Ils exigent des responsables des différentes instances qui y sont impliquées de ne pas prêter le flanc.

C’est dire que chacune d’elle est appelée à jouer sa partition avec rigueur, par le respect des engagements signés. Le retard accusé dans le paiement de l’allocation de 90 000 FCFA attribuée à chacun des soldats démobilisés en Côte d’Ivoire en est un exemple patent. Il y a lieu donc que les parties prenantes œuvrent à ne pas donner des prétextes de débrayage à ces ex-combattants des Forces Nouvelles.

Il suffit que des erreurs du genre se répètent pour mettre en péril le processus de sortie de crise, qui, tant bien que mal, a connu, depuis la signature de l’APO, une avancée significative. Mais, si la révolte des soldats démobilisés est quelque peu légitime, ils ont, eux aussi, intérêt à ne pas en faire trop sous peine de perdre la sympathie des populations.

La preuve : deux d’entre eux, qui ont voulu profiter des troubles pour commettre des vols, en ont eu pour leur compte, ayant été lynchés par les populations. En tous les cas, il n’est pas permis aux acteurs de ce processus de dormir sur leurs lauriers. Car, pour des observateurs bien avertis, le mouvement des ex-rebelles du 18 juin 2008 n’est peut-être qu’un épisode des turbulences jusqu’à ce qu’on sorte du tunnel de la crise ivoirienne.

Hamidou Ouédraogo

L’Observateur

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