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Soutenance de Mémoire : Sidwaya dans le contexte du système démocratique”

Publié le vendredi 20 juin 2008 à 12h56min

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Au terme de trois ans de formation assidue au Centre de formation professionnelle de l’information (CFPI), aujourd’hui Institut des sciences et techniques de l’information et de la communication (ISTIC), Marceline Ilboudo a été déclarée lundi 16 juin 2008, conseiller de presse et techniques de l’information. Ce sacre lui a été décerné à l’issue de la soutenance de son mémoire de fin de cycle devant un jury présidé par Dr Poussi Sawadogo.

Le mémoire que l’étudiante Marceline Ilboudo a défendu, lundi 16 juin 2008, devant un jury composé de trois membres, avait pour thème : "Les médias d’Etat dans le contexte du système démocratique au Burkina Faso" : le cas du quotidien Sidwaya". Sous la direction de Baba Hama, directeur de cabinet du ministre d’Etat, ministre de la Santé, B. Alain Yoda, Mme Ilboudo a choisi de travailler sur ce thème parce qu’il est d’actualité. En effet, selon le constat de l’étudiante, "les médias d’Etat rencontrent des difficultés dans leurs missions face aux exigences de la démocratie en marche au Burkina". Le cas de Sidwaya a intéressé Mme Ilboudo pour la bonne raison qu’elle est attachée à ce quotidien que "modestement elle a contribué à façonner". Les exigences de la démocratie au Burkina commandent du "journal de tous les Burkinabè" de nouvelles missions en termes de défis à relever.

Le travail de Mme Ilboudo, basé sur la recherche documentaire et celle de terrain, s’articule autour de deux grandes parties : "le cadre théorique" qui campe le décor et "Sidwaya, un organe d’Etat soumis aux règles et aux exigences de la démocratie libérale". La première partie fait "un tour d’horizon des fondements politiques et juridiques qui ont prévalu à l’instauration de la démocratie et de la liberté de presse dans le monde et au Burkina".

Dans cette partie, l’avènement de la Constitution du 2 juin 1991 est mis en exergue en ce qu’elle définit le Burkina Faso comme un "Etat démocratique, unitaire et laïc" et consacre "le retour au multipartisme intégral". Ce contexte est favorable à l’expression de la presse qui, depuis, "bénéficie de conditions d’ordre politique, juridique et financier". En témoigne la multiplication des moyens d’information et de communication : "une multitude de titres de journaux, de radios et de télévisions avec une participation importante du secteur privé".
C’est dans cet environnement d’expression démocratique que doit évoluer le quotidien Sidwaya, "jadis journal gouvernemental, aujourd’hui média d’Etat avec une mission de service public".

La deuxième partie du travail de Mme Ilboudo est, tout naturellement, consacrée à Sidwaya, un organe d’Etat soumis à diverses mutations.
Pour mieux aborder la problématique, elle a recueilli des données auprès de ceux qui écrivent, de ceux qui lisent et de ceux qui régulent sur la base d’un questionnaire et d’un guide d’entretien.
Le traitement des données a produit les résultats suivants :
- 85% des journalistes enquêtés à la rédaction du journal adhèrent à la ligne éditoriale de Sidwaya, "celle d’un média de service public".
- 86% des enquêtés sur le tas trouvent Sidwaya accessible. 14% approuvent son contenu. Comme atouts, "le journal est disponible dans tous les services de l’administration publique abonnés, Sidwaya diffuse les informations des régions…"
- 77% des enquêtés estiment que le journal est ouvert à toutes les sensibilités et 23% soutiennent le contraire.
- 82% des enquêtés trouvent que Sidwaya est ouvert aux partis d’opposition contre 18%. Sur ce point, le constat qui s’impose est que "Pour certains enquêtés, les partis d’opposition n’utilisent pas suffisamment l’espace à eux réservé dans les médias". Les raisons, rares sont les partis d’opposition qui ont un projet de société, un programme d’activités continu, des moyens financiers conséquents, qui sont implantés sérieusement.
- 88% des enquêtés affirment que Sidwaya est ouvert à la société civile contre 11% qui soutiennent le contraire et 1% de sans opinion.
- 55% d’enquêtés attribuent à Sidwaya un contenu pluriel, 42% affirment le contraire et 3% n’ont pas donné leur opinion.

Au regard de ces données, Mme Ilboudo appelle à "une meilleure prise en compte de toutes les composantes de la vie sociale". Toutefois reconnaît-elle, à travers des rubriques comme l’Invité de la rédaction, des thématiques sur la politique, le social, l’économie, la culture, le sport… "Le journal a ouvert ses colonnes à toutes les sensibilités du pays et aborde des sujets de préoccupations majeures". En témoignent les sous-rubriques comme "Carnet santé", "Femme et société" qui sont d’intérêt pour le lectorat.

Peut mieux faire

Si le journal Sidwaya, donne satisfaction aujourd’hui, il n’en demeure pas moins qu’il peut mieux faire. Surtout que (50%) des journalistes de la rédaction trouvent leur marge de manœuvre réduite, à cause de la facturation des reportages. Cette pratique de leurs avis, fait que la communication prime sur l’information. 50% des rédacteurs adhèrent au principe de la facturation et 28% disent comprendre les raisons qui la sous-tendent. Une chose est certaine, à Sidwaya, "il y a une prépondérance de l’information institutionnelle".

Pour combler les lacunes inhérentes à Sidwaya, ce journal se doit "d’améliorer son contenu en diversifiant ses sources de revenus". La société civile est interpellée à animer les débats contradictoires dans le journal. Mais la tutelle technique, administrative et financière autorise-t-elle Sidwaya à épouser véritablement un statut d’entreprise de presse ? La réponse n’est pas aisée.

Une chose est certaine, Mme Ilboudo apporte quelques propositions à même de solutionner les problèmes de Sidwaya et lui donner une assise beaucoup plus solide :
- la diversification des sources de financement par la multiplication des relations de partenariat ;
- la rentabilité ne doit pas être la seule logique qui prime à Sidwaya ;
- la garantie de l’expression de tous les courants d’idée et d’opinion dans les colonnes du journal ;
- la diversification des genres rédactionnels dans le journal.
C’est ce travail de recherche "utile pour la promotion du journal de tous les Burkinabè" qui a valu à son auteur, le grade de conseiller de presse et techniques de l’information avec la mention "Bien", soit la note de 15/20. Pour mémoire, Marceline Ilboudo, avant son admission au Centre de formation professionnelle de l’information, niveau III, était la rédactrice en chef du quotidien Sidwaya. Félicitations collègue !

Sita TARBAGDO

Sidwaya

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