LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

France : La défense en ligne

Publié le jeudi 19 juin 2008 à 16h11min

PARTAGER :                          

"Moins d’actions, plus de réflexion". Ainsi pourrait-on résumer la nouvelle politique de défense de la France, définie par Nicolas Sarkozy mardi dernier. Moins d’actions avec une réduction drastique des personnels militaires, la fermeture programmée d’un ou deux bases françaises en Afrique et la flotte navale ramenée à sa plus simple expression avec un seul porte-avions (le Charles De Gaulle) et quelques corvettes.

Plus de réflexion avec le doublement du budget accordé aux services de renseignements, la menace étant selon Sarkozy, devenue "terroriste" et exigeant de ce fait l’accroissement des moyens militaires pour la contrer. Dans le même temps, Sarkozy a annoncé le retour prochain de la France au sein de l’OTAN, reniant du coup la politique de défense "souveraine" adoptée jusque-là par ses devanciers.

Du reste, toute la gymnastique intellectuelle à laquelle il s’est livré pour convaincre les militaires avait cette finalité à savoir l’alignement de la France derrière les USA en matière de défense. Le chef d’Etat-major des armées françaises, le général Georgelin avait manifesté bruyamment sa désapprobation vis-à-vis de cette politique, en laissant entendre qu’il "ne servait à rien" d’avoir des renseignements si on n’avait pas les moyens de riposter à la menace. Cocardier donc Georgelin, mais "ringard" dans l’acception de Sarkozy, qui n’a jamais fait mystère de son "américanophilie" très poussée. N’est-ce pas à New York en novembre 2006 qu’il avait véritablement lancé sa campagne présidentielle, après avoir été adoubé par George Walker Bush et l’establishment américain de l’époque ?

Devenu président, il s’était dépêché d’envoyer des soldats en Afghanistan pour soutenir l’ami américain embourbé dans ce pays. Des renforts appelés à s’accroître selon Sarkozy, pour peu que le successeur de Bush en fasse la demande. Et, même si De Gaulle doit se retourner dans sa tombe devant cette pantalonnade, il faut dire que "Sarko" fait preuve d’un réel pragmatisme en s’alignant derrière la superpuissance du moment. En retour, l’Amérique a levé la quasi-totalité des mesures de rétorsion prise en 2003 contre les produits français, quand Chirac, au nom de "l’antimondialisme" avait refusé d’engager des troupes en Irak.

Les Californiens peuvent à nouveau boire le vin "made in France," cependant que les produits haut de gamme français ont pignon sur rue à New York. Mieux, à l’instigation de l’oncle Sam, certains pays du Golfe seraient prêts à acheter le Rafale français, fleuron de l’industrie aéronautique militaire qui n’a jamais trouvé preneur en dehors de l’Hexagone. De l’argent frais qui "doperait" une économie française au bord de la rupture avec un déficit budgétaire abyssal. Mais, il y a mieux, avec ce tour de "passe-passe" orchestré au Nigeria et qui a bouté Shell hors du secteur pétrolier au profit certainement de Total-fina Elf.

Umaru Yara Dua était à Paris récemment pour mettre la dernière main sur le dossier. Sarko a donc "tué le spirituel au profit du matériel". Mais, la politique s’accommode-t-elle de bons sentiments ? Question à un puits de pétrole nigérian.

Boubakar SY

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique