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Raymond Edouard Ouédraogo : Le retour d’un réserviste de la République

Publié le mercredi 18 juin 2008 à 14h52min

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Ça n’arrive pas qu’aux autres. La grande valse des gouverneurs de région a eu finalement lieu. Après les premiers départs de Jacob Ouédraogo (Centre-Est), qui avait cédé la place à Siméon Sawadogo, et de Bila Dipama (Sahel), dont le remplaçant n’est autre qu’Eloi Bambara, voici venue l’heure du grand ménage avec ces changements de lieu d’affectation et l’arrivée de nouveaux convives au repas du seigneur de Ziniaré. Ils ont pour noms : Siaka Prosper Traoré, le colonel Komyaba Sawadogo, Viviane Yolande Compaoré et Raymond Edouard Ouédraogo.

D’abord un flash-back : courant 2006, l’auteur de ces lignes posa la petite question suivante à un ancien ministre débarqué avec d’autres membres du gouvernement en janvier 2004 : « Après avoir quitté le gouvernement en 2004, que faites-vous depuis ? ». Et il répondit, l’air sibyllin mais avec le sens de la répartie, qu’on lui connaît : « Je suis en réserve de la République ». Comme pour dire qu’en grand commis de l’Etat, il était prêt à déposer son baluchon là où les premiers responsables du pays jugeraient bon de l’envoyer.

C’était à Korsimoro, à l’issue d’une cérémonie qui marquait la fin de l’année scolaire de l’école primaire publique du village. L’interviewé n’était autre que Raymond Edouard Ouédraogo, qui vient justement d’être nommé gouverneur de la région du Centre-Sud (Manga) le lundi 16 juin 2008.

Après quatre bonnes années d’une patience toute asiatique, voilà Raymond Edouard Ouédraogo ou REO, comme on l’appelle dans le milieu de la presse, dont il est un pur produit, qui nous revient. Certainement une qualité qu’il a su cultiver pendant ses dix ans passés comme ambassadeur du Burkina au Japon, avant d’être nommé ministre de l’Information.

Il est de retour cette fois-ci avec une autre casquette, qui est tout aussi prestigieuse : celle de gouverneur. Même si à la nomination des tout premiers responsables de ces régions coiffant plusieurs provinces, l’Observateur paalga, qui s’attendait, comme une bonne partie de l’opinion, à de grosses pointures pour étrenner ces nouvelles toges de la république, avait titré « la montagne a accouché de 13 souris », aujourd’hui, l’on est bien obligé de revoir cette copie, car depuis, les petites souris ont pris de l’épaisseur pour devenir de gros rats, au détriment notamment des Hauts-commissaires, qui ont vu leur pouvoir, et les moyens qui vont avec, se réduire comme peau de chagrin.

Ils n’ont donc pas été nommés pour seulement inaugurer les chrysanthèmes, puisqu’ils se sont vite révélés être des personnalités importantes de par leur pouvoir de décision et leur rang dans la hiérarchie administrative.

Qui donc mieux que le fraîchement nommé, représentant suprême de l’autorité centrale de l’Administration dans toute la région du Centre-Sud, pour affirmer que la patience est un chemin d’or. Lui qui a sagement attendu dans son coin et n’a pas eu besoin de parler refondation ou de s’ériger en refondateur - suivez notre regard – pour réintégrer le circuit à la faveur d’un Conseil des ministres.

Espérons maintenant que REO, nouvel élu de l’Administration territoriale, saura capitaliser la somme de ses expériences et surtout des difficultés traversées pendant sa longue carrière pour réussir sa nouvelle mission. Vivement aussi qu’il abandonne cet air compassé, cette propension marquée aux courbettes et aux obséquiosités.

A sa décharge, l’on peut dire qu’il a tellement duré au Japon, où il fut ambassadeur une décennie durant, qu’en rentrant au bercail, il a ramené une part des habitudes nippones, mais ce qui est un trait culturel là-bas peut faire bizarre ailleurs. Et de fait, ces attitudes de fayot gênent aux entournures, même ceux qui en sont souvent bénéficiaires. La preuve, cela n’avait pas empêché que notre REO national soit éjecté du navire gouvernemental un beau jour de janvier 2004.

Issa K. Barry

L’Observateur

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