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Guinée Conakry : Quand les poulets s’en mêlent

Publié le mercredi 18 juin 2008 à 14h30min

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Ce pays ne cessera pas d’être sous le feu des projecteurs : décidément, il ne changera pas. La Guinée de Sékou Touré, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, semble avoir lié un pacte avec le désordre. En effet, après les militaires, dont le mouvement s’était transformé en mutinerie, les policiers sont, eux aussi, entrés dans la danse le lundi 16 juin dernier, en tirant des coups de feu tous azimuts. Pire, ils se sont attaqués aux véhicules des civils pour les dépouiller de tout ce qu’ils ont, comme faisaient récemment les soldats.

Au moment où nous tracions ces lignes, il semblait que les douaniers s’étaient joints au mouvement pour faire entendre aussi leur voix. Plusieurs officiers de la douane, y compris la directrice générale, Siradin Olga, seraient pris en otage par les douaniers, en colère.

Ces deux corporations exigent, elles aussi, une amélioration de leurs conditions de vie. Les militaires ayant eu gain de cause il y a quelques semaines, il fallait bien tenter quelque chose. A ce qu’on dit, la plate-forme revendicative des policiers s’articule autour de ces points :

le paiement de 6 mois d’arriérés de salaire de la promotion 2003 de la police, la rentrée au camp des nouvelles recrues et leur prise en charge (les admis au concours de recrutement dont le résultat a été publié en 2006), leur ravitaillement en riz, l’avancement en grade de douze policiers détenus à la prison civile de Conakry, essentiellement des brigadiers.

Selon des grévistes, ils ont déclenché cette grève pour que les autorités les prennent au sérieux. A chaque fois qu’ils demandent quelque chose, ce sont des promesses qui sont faites, mais jamais réalisées. Ils sont fatigués et ils demandent justice, car les militaires ne sont pas mieux qu’eux. Dès qu’il y a un problème, ce sont eux qu’on envoie dans les rues pour éteindre des incendies, pour arrêter les malfrats. Maintenant, ils comptent aller jusqu’au bout. Quant aux douaniers, quatre points sont inscrits dans leurs plates-formes revendicatives, à savoir la régularisation de leur statut, l’avancement en grade et l’éternel dotation en riz et en tenues.

Avec toutes ces revendications, il ne fait l’ombre d’aucun doute que le général-président Lansana Conté commence à avoir la migraine. A peine a-t-il réglé le problème des militaires qu’il doit encore passer des nuits blanches pour voir comment résoudre cette question-ci. A dire vrai, l’homme fait vraiment pitié, puisqu’il continue de supporter les coups du sort.

Avec tout ce qui lui arrive, où ira-t-il chercher l’argent pour calmer la colère des jeunes gens ? Pendant que ses pairs sont à Cotonou au Bénin pour le 10e sommet de la CEN-SAD, qui s’achève ce mercredi 18 juin 2008, Conté ne sait plus où donner de la tête. En tout cas, c’est lui qui a mis le bordel dans ce pays depuis qu’il gère le pouvoir. Personne n’a le droit de dire le contraire de ce qu’il fait.

Après le limogeage de son Premier ministre Lansana Kouyaté, il a remplacé ce dernier par le docteur Ahmed Tidiane Souaré, nommé le 20 mai dernier et qui a du mal à composer son gouvernement. Le maître du pays voulant tout concentrer sur lui, il ne peut qu’y avoir blocage. Maintenant que les poulets et les gabelous s’en sont mêlés, il faut craindre que d’autres corporations ne leur emboîtent le pas.

La porte est désormais ouverte aux dérives de toutes sortes et dans un tel bordel, les Guinéens en auront marre de garder leur sérénité dans les vicissitudes de leur existence mouvementée.

Justin Daboné

L’Observateur

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