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Sanctions au CDP : Pourvu que la sagesse l’emporte

Publié le mercredi 18 juin 2008 à 14h57min

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Ce qui n’était qu’une éventualité est devenue une certitude depuis le 14 juin 2008 avec la suspension de Moussa Boly, Réné Emile Kaboré, Amadé Taho, Pierre Joseph Emmanuel Tapsoba et Oubkiri Marc Yao " des organes, instances et structures" du CDP. Rendue publique hier, la sanction qui frappe les frondeurs vient comme la résultante d’un bras de fer à l’intérieur du parti majoritaire, engagé depuis les dernières législatives.

A ce qu’on dit, les sanctionnés en politiques aguerris, n’entendent pas en rester là. Certains affirment qu’ils s’en iront créer un autre parti tandis que d’autres les voient toujours en train de guerroyer au sein de leur parti. En attendant que tout ceci se précise, la direction du CDP est passée visiblement à l’offensive tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Ainsi, Roch Marc Christian Kaboré, président du parti devait, en principe, tenir une réunion hier soir avec le personnel du siège de ce parti afin de renouveler sa confiance au directeur que les refondateurs accusent de comportement délictueux dans leur mémorandum. Indépendamment de cette rencontre, une session du bureau politique est programmée pour le samedi et une conférence de presse sera donnée le dimanche aux fins d’éclairer l’opinion.

C’est tant mieux car il a été souvent reproché au CDP de ne pas communiquer ou de ne pas communiquer assez. Certes, il faut attendre d’avoir le son de cloche des suspendus pour avoir l’idée la plus juste sur ce remue-ménage ; et il faut espérer qu’ils aient le courage et l’ingéniosité politiques de le faire. Mais cela n’empèche pas qu’à la lumière de ce qui se passe, chacun se fasse une opinion.

Ainsi on a beau reconnaître la pugnacité, la détermination et l’expérience politiques des suspendus, cela ne doit pas biaiser notre jugement au point de nous faire oublier que les bravades à l’endroit de la direction du CDP, les accusations (dont la véracité reste à être prouvée) à l’adresse de certains responsables du parti et les sorties intempestives dans la presse ne sont pas pour arranger ni le parti dont ils se réclament, ni Blaise Compaoré à qui ils disent vouer du respect et de la considération. Autant les militants des partis doivent oeuvrer à l’émanciper des velléités dirigistes voire liberticides de leurs leaders, autant ces militants ont le devoir d’observer un minimum de discipline organisationnelle, chose qui constitue une des forces de toute formation politique. Ce qui est arrivé aux suspendus est malheureusement la conséquence logique d’un comportement qui frise la défiance de la direction du CDP et le refus du respect des règles qu’ils ont contribué à édicter.

Pour regrettable et déplorable que soit cette situation, elle vient nous rappeler que la liberté n’est pas ce que notre libre arbitre nous permet de faire C’est ce que les normes que nous avons contribuées à édicter nous autorisent à avoir comme comportement.
Cela dit, c’est la première véritable secousse que le Congrès pour la démocratie et le progrès subit depuis sa naissance en 1996 Ce n’est pas une crise (pour l’instant au moins) mais il n’est pas exclu qu’elle le devienne. Tout dépendra de la dextérité avec laquelle cette affaire sera gérée.

Autrement dit :
- Roch Marc Christian Kaboré et son entourage ne doivent pas chercher coûte que coûte à casser du Pierre Tapsoba ou du Marc Yao. En d’autres termes, il ne serait pas humainement et politiquement recommandé d’envisager systématiquement leur exclusion car cela est contraire au rassemblement dont Blaise Compaoré fait son cheval de bataille ;
- la direction du CDP gagnerait à être constante dans son souci de communiquer à l’endroit de ses militants, de ses électeurs et de l’ensemble du peuple dont la destinée est entre ses mains ;
- il faut trouver le juste milieu entre les positions des faucons et celles des colombes dans le parti. Apparemment, avec le tempérament de Roch Marc Christian Kaboré, il est permis de penser qu’une solution sage peut encore être trouvée. Mais encore faut-il que ceux qui ont été sanctionnés veuillent mettre un peu de holà à leur fronde. En tout cas, ils portent suffisamment d’années sur leurs épaules pour tirer sagement les leçons nécessaires ; espérons-le.

Panédo SAWADOGO

Sidwaya

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