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Militaires guinéens : Les enfants gâtés de la république

Publié le mardi 17 juin 2008 à 10h40min

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La nouvelle a été saluée à Conakry comme il fallait s’y attendre par des coups de feu. La dernière revendication des militaires a été satisfaite par le président Lansana Conté. Tous les mutins qui avaient un grade compris entre caporal et adjudant ont été promus. On croyait que cette revendication, pour le moins provocante et qui consacrerait l’impunité aux mutins, n’allait jamais avoir de suite favorable.

C’était oublier que l’on est en Guinée et que dans l’Etat de déliquescence actuel des normes républicaines tout était possible. L’Etat, s’il existe encore en Guinée, n’a d’yeux que pour les militaires. Pour eux, c’est bel et bien l’Etat-providence qui donne tout dès le moindre coup de feu. Il est vrai qu’en bon général, Lansana Conté est bien placé pour faire la différence entre des hommes qui négocient armes au poing et la société civile qui n’a que ses souliers pour marcher et ses cordes vocales pour se faire entendre.

La Guinée une fois de plus vient de créer un précédent dangereux dans la gestion des conflits sociaux. Il n’est plus exclu que les militaires forts de ce succès, "rebelotent" à chaque fois que cela les arrange. On savait que le général Conté s’appuyait sur son armée pour préserver son pouvoir ; cette même armée se révèle aujourd’hui son point faible et à ce petit jeu, le régime fonce tout droit dans le mur des mutineries à répétition, et peut-être vers sa perte. Le peuple lui, en spectateur brimé, attendra tranquillement son heure. Le patron de la Guinée n’a d’yeux que pour ses militaires, ces enfants gâtés de la république qui sont les seuls à l’empêcher de dormir.

Par Abdoulaye TAO

Le Pays

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