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Présidentielle de 2005 : Laissez Blaise décider en toute sérénité

Publié le vendredi 18 juin 2004 à 08h30min

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Blaise Compaoré fait actuellement la fine bouche, estimant à
tort ou à raison, que l’annonce prématurée de sa candidature à
l’élection présidentielle de 2005 perturberait le bon
fonctionnement des rouages de l’Etat aussi bien à l’intérieur
des différents courants de son propre système qui vont se livrer
une guerre de positionnement et de clans, qu’à l’extérieur de
son propre camp.

Cependant, ce souci n’occulte pas le fait que
la campagne est bel et bien lancée, tant par ses opposants,
pourfendeurs et contradicteurs de son régime, que par ses
thuriféraires qui rivalisent actuellement de talents oratoires. Ces
derniers pour voir en Blaise Compaoré, le messie, l’homme
providentiel et irremplaçable sans lequel le Burkina serait
emporté par un déluge .

Les premiers , pour le dépeindre sous
les traits d’un homme par qui tous les malheurs du Burkina
seraient arrivés. Pour ceux qui idolâtrent le magistère du
président, sans lui, point de salut. Certains vont même jusqu’à
dire que Blaise Compaoré fait partie de ces grands hommes
que l’histoire, de temps en temps, donnent aux nations. Il faut
donc profiter de son génie.

Pour eux, dans ces conditions, une
alternance politique rimerait avec chaos et aventure sans
lendemain. Ce que contestent certains opposants car pour eux,
la prolongation du mandant de l’actuel président signifierait une
déchéance programmée de l’Etat. Aussi, d’un côté comme de
l’autre, voit-on pousser comme une génération spontanée, des
associations qui poussent le chef de l’Etat à déclarer sa
candidature et des associations aussi déterminées à lui barrer
l’accès au nouveau fauteuil présidentiel.

Certains sympathisants
de Blaise, quitte à "vendre du sable" pour le soutenir, poussent
l’audace au point de parler de soutien de toute la jeunesse ou
de toutes les femmes du Burkina. A l’opposé , leurs adversaires
ne craignent pas d’emprunter les mêmes termes génériques
pour défendre leurs chapelles. Mais, Blaise Compaoré a-t-il
réellement besoin de toutes ces hystéries pour déterminer sa
décision de se présenter ou non ?

Certes, toutes ces agitations
fébriles participent du débat démocratique et de
l’approfondissement de la démocratie, toutes choses face
auxquelles la classe politique dans son ensemble (opposants
et partisans du pouvoir) semble se dérober. On peut reprocher
aux groupuscules qui s’opposent à la candidature de Blaise
Compaoré, leur impatience à voir l’avènement d’une alternance.
Mais comme nous l’avons toujours affirmé , une alternance
sans alternative serait une coquille vide.

En effet, ce n’est pas
avec une opposition qui se déchire chaque jour à l’approche de
l’élection présidentielle , qu’on pourrait espérer une alternance
crédible. On l’ a vu en RDC. Tout le monde était d’accord pour
chasser Mobutu. Mais aujourd’hui, on voit le sort peu enviable
réservé à l’alternance au maréchal.

L’alternance ne saurait se
ramener à cette symphonie des chaises musicales du ôte-toi
que je m’y mette. L’on pourrait objecter qu’au Congo, le
changement de régime ne s’est pas opéré selon les règles de
l’art. Le régime de Mobutu non plus. Certes, le système du
maréchal était abject. Il a cependant eu le mérite d’avoir au
moins préservé l’intégrité territoriale du pays. Ce que ses
successeurs sont incapables de faire aujourd’hui .

Mais, on peut
tout aussi regretter le comportement de ces groupes informels
parfois non reconnus officiellement, et ces adhésions
"spontanées" qui sont le fait d’hommes supposés être en
dehors des querelles politiciennes. Ils prennent des accents de
culte de la personnalité dont l’Afrique n’a plus besoin. Elles nous
rappellent les printemps des régimes des partis uniques et de
la pensée unique où les populations devaient se contenter de la
seule chose autorisée, la pensée du jour du père de la nation
ou les régimes d’exception où l’usurpateur du pouvoir était hissé
au rang de héros national.

Tous les fanatismes, qu’ils viennent
des partis du pouvoir ou de l’opposition, sont condamnables. Ils
font fi de l’existence d’institutions chargées de se prononcer et
de prendre en toute responsabilité toute décision jugée
adéquate pour ce qui concerne les grands enjeux qui rythment
la vie de la Nation. On ne peut à la fois, contourner ces
institutions et les rendre crédibles. Que ces institutions fassent
leur travail , sans subjectivisme et parti-pris et respectent
froidement et consciencieusement les prescriptions des lois
édictées en la matière.

Il appartient à Blaise Compaoré et à lui
seul, de se déterminer selon sa conscience et de ne pas
subordonner sa décision aux appels des courtisans et des
braillards qui espèrent un salaire et des prébendes pour
service rendu. Cette stratégie de la politique du ventre qui a
toujours cours à l’occasion des échéances électorales est
devenue si récurrente et si néfaste qu’il est temps de s’en mefier
et de la conjurer.

D’autant plus qu’on peut s’interroger sur le
poids réel de ses "électoralo-profiteurs" en termes de
mobilisation des électeurs et de suffrages. Du reste, ce sont
des éléments, comme d’habitude, prêts à changer de fusil
d’épaule et à détaler lorsque la République, prend un coup.
Alors , il convient de méditer, qu’on soit dans l’opposition ou au
pouvoir, cette pertinente mise en garde de Platon selon laquelle,
"la démocratie se corrompt parfois, non par la seule faute des
tyrans , mais aussi par celle du peuple".

A la limite, Blaise
Compaoré aurait intérêt, à notre humble avis, à écouter ceux qui
critiquent, de façon desobligeante mais constructive, son
régime, parce qu’ils n’ont rien à perdre ou à gagner, plutôt
que de se laisser distraire par certains de son camp qui ne font
rien sans rien et qui pour leurs propres intérêts, sont prêts à
l’induire en erreur.

Le Fou
Le Pays

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