LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

An 1 de Tertius Zongo : Questions essentielles

Publié le jeudi 12 juin 2008 à 10h36min

PARTAGER :                          

Lors de sa conférence de presse-bilan d’un an à la tête de l’Exécutif, Tertius Zongo a laissé entendre qu’il œuvrerait à l’avènement "d’un Etat qui organise le développement". Belle résolution s’il en est, à l’heure où la flambée des prix et principalement celle des produits alimentaires n’est rien d’autre que la conséquence des politiques de développement inadaptées appliquées jusque-là en Afrique. L’option néo-libérale des politiques d’ajustement structurel imposée par les institutions de Bretton-Woods a montré ses limites au Burkina Faso.

Malgré un taux de croissance moyen de 5% sur la dernière décennie, le Burkina Faso piétine à l’indice du développement humain durable. C’est que, comme l’a indiqué Tertius Zongo dans sa déclaration de politique générale, "la structure de l’économie burkinabè n’a pas changé depuis un demi-siècle et la pluviométrie demeure la principale variable explicative de notre croissance".
C’est donc le secteur primaire "dominé par des produits non transformés et ayant donc peu de valeur ajoutée", qui "constitue toujours l’essentiel de nos exportations, de nos sources de devises et donc de notre capacité à payer nos importations et notre dette extérieure".

En d’autres termes, la richesse ou la pauvreté du Burkina Faso sur une année, dépendent des caprices de Dame nature, ce qui est proprement abérrant à l’heure où les Israéliens ont transformé le désert du Neguev en un oasis. Le décryptage de ces propos laisse aussi apparaître que le secteur primaire burkinabè à l’instar de bien d’autres (investissements, budgets, recherche...) est connecté à un marché mondial qui a réservé une place spécifique à l’agriculture africaine, l’incitant à privilégier les cultures de rente. C’est ainsi que la croissance du Burkina Faso est donc tributaire de l’embellie du secteur cotonnier, celle de la Côte d’Ivoire du café et du cacao, celle du Sénégal de l’arachide etc. La perpétuation du pacte colonial qui nous a maintenus dans une illusion de bien-être social et économique, que la récente crise alimentaire est venue transformer en réalité cauchemardesque.

Au-delà des bonnes intentions de Tertius Zongo à l’égard des agriculteurs (aide massive au secteur cotonnier, "dopage" de la filière riz avec 16 milliards de F CFA), il nous semble qu’une restructuration profonde de l’agriculture est nécessaire si l’on veut réaliser la souveraineté alimentaire. La crise qui s’installe est structurelle et il lui faut des solutions structurelles. D’autant que les mesures économiques adoptées pour y faire face et les déperditions budgétaires qu’elles entraînent, peuvent entraîner une déflation brutale de nos économies avec une dévaluation à la clé. Il y a donc urgence à produire ce que nous consommons et à consommer ce que nous produisons.

Un slogan vieux comme le monde que les Vietnamiens ont expérimenté aussitôt après leur guerre de libération nationale et qui leur vaut aujourd’hui d’être parmi les premiers producteurs de riz au monde.
Comme dirait l’autre, la souveraineté se manifeste d’abord dans la satisfaction des besoins primaires.

Boubakar SY
magnansy@yahoo.fr

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique